Il n'existait en ce monde que quelques rares matières qui parvenaient à attirer mon regard. L'une d'elles était sans l'once d'un doute la Défense contre les forces du Mal qui m'avait toujours intéressé au plus haut point, et l'autre était les cours de duel. Se battre pour sa propre cause, vivre des expériences palpitantes et hors du commun étaient mes centres d'intérêt majeur, et je rêvais de devenir une Auror, une fois mes études achevées. Je me devais donc d'être présente au cours de duels cette année, diriger par une nouvelle enseignante dont je ne connaissais que peu de choses étant donné qu'il n'était pas dans mes habitudes de me renseigner sur les professeurs qui me feraient cours du fait que j'allais déjà les voir assez de temps lors des cours pour leur consacré de mon temps libre. Néanmoins, j'avais entendu qu'il s'agissait d'une ancienne Auror qui avait vécue plus d'une aventure au cours de sa vie. Une personne à qui je ne pouvais porter qu'un grand intérêt. C'est donc avec une hâte non dissimulée que les cours de la matinée se déroulèrent. J'avais la mauvaise impression que les secondes s'écoulaient avec une lenteur exaspérante, si bien que je ne pouvais m’empêcher de pousser des soupirs toutes les minutes environ. Je me levais même de ma chaise, par moments lorsque le professeur ne me prêtait aucune attention pour me défouler sous les regards étonnés de mes condisciples. Mais, ce n'était pas de ma faute si la patiente et moi n'avions jamais fait bon ménage. Pour passer le temps si affreusement long, je m'imaginais donc le dit cours, sans pour autant m'attendre à des merveilles. Me bercer de faux espoirs ne m'aiderait pas. J’espérais tout de même qu'il y aurait un peu de pratique lors du cours de duel qui aurait lieu à 13h00. La théorique restait importante, mais rien de mieux que la pratique pour assimiler des sortilèges et des méthodes d'attaque. Du moins, à mes yeux. Mes amis ne partageaient pas tous mon enthousiasme. Certains se sentaient plutôt mal à l'idée de tomber sur un nouveau professeur timbré. Je restais tout de même confiante, sur ce fait. J'arrivais dans les premières devant la salle, tout sourire. Bien vite, je fus rejointe par une foule d'élèves. Et dès que 13h00 sonna, le professeur débarqua, muni d'un air sérieux. L'ayant déjà entraperçu dans la Grande salle, lors des banquets, je ne fus pas étonné de me retrouver face à une femme aux cheveux tout aussi blonds que les miens. Elle poussa la porte de la salle, et beaucoup d'élèves ne purent s'empêcher d'afficher une mine déçue face aux chaises et aux tables alignées qui se trouvaient dans la pièce. Pour ma part, je ne fis aucun commentaire. Je jugerais si son cours valait quelque chose ou non une fois qu'il serait achevé. Je l'entendis clairement maugréaient quelques paroles en une langue qui m'était inconnue. Après quelques instants de réflexion, je me souvins que cette langue n'était autre que du français. Je n'avais que quelques bases de Français, pour y être allé deux ou trois fois dans mon enfance en compagnie de mon père. Mais, je ne l'avais jamais grandement apprécié. Elle restait très compliquée à apprivoiser. Chaque élève alla s'installer à un bureau, et je fis de même, m'asseyant vers le milieu de la classe. Le professeur affichait un regard froid qui ne me plaisait guère. Avec rapidité, elle écrivit son nom au tableau comme avait coutume de le faire les nouveaux enseignants. J'en avais vu des noms écrits sur ce même tableau !

Elle prit la parole, parlant tout d'abord en français. Je devinais qu'elle se présentait, puis -enfin- elle parla une langue qui m'était familière : l'anglais. Elle proféra quelques menaces destinées au premier qui oserait l'appeler madame ou mademoiselle, et je ne pus retenir un sourire. Bien évidemment, il s'agissait d'une ancienne Serpentard. Au vu de son regard froid, il paraissait logique qu'elle ait appartenu à cette maison auparavant. À l'aide de sa baguette, elle inscrivit : les sortilèges impardonnables et leur utilisation. Je connaissais déjà tout sur ces sortilèges, pour cause de les avoir déjà étudiés les années précédentes. Mais, si elle choisissait ce sujet pour son premier cours, c'était bien pour une raison. Je m'abstiendrais donc de commentaire pour le moment, bien que l'idée d'un récapitulatif des cours de DFCM m'ait effleuré l'esprit. Elle parla de nouveau. De toute évidence, elle allait nous poser une série de questions. Nous ne pouvions répondre qu'en levant notre main. La question qu'elle posa en premier me surprit, et j'hésitais un moment. J'avais perdu un être cher, qui plus est faisait partie de ma famille. Mon visage demeurait impassible, mais au fond j'hésitais à lever ma main. Je détestais parler de ma mère, décédé. Je détestais y songer. Je préférais oublier, le dissimuler dans toute la joie de vivre que je dégageais. Mais, sans en connaître la raison même, ma main se leva, comme quelques autres dans la classe. À présent, je ne pouvais plus reculer. EJ nous observa quelques instants, puis posa une seconde question. Si je souffrais encore de cette perte ? Aucune idée. J'avais l'impression de n'en avoir jamais souffert. Je m'étais toujours persuadé depuis que l'on avait appris sa mort, qu'elle ne l'était pas réellement. Qu'elle reviendrait. Au fond de moi, je n'y croyais plus. Cela faisait tellement de temps, à présent. Des années... Mais, je ne pensais pas avoir encore accepté le fait qu'elle soit morte. En d'autre termes, j'en souffrais encore. Quelques autres mains s'élevèrent, et je décidais de faire de même, le visage impassible. Visage que j'abordais lorsque je songeais à ma mère. Le professeur nous lança un sourire de requin qui ne me plaisait guère, puis ajouta une troisième question. La vengeance. Apparemment, ses précédentes questions étaient bien censées nous mener vers le sujet de son cours, en d'autre termes les sortilèges Impardonnables et leur utilisation. Je n'avais encore jamais réfléchi à cela. Personne ne savait par qui ma mère avait été assassiné. On avait simplement retrouvé son corps mutilé, la police avait enquêté quelque temps puis avait abandonné les recherches. L'idée que la personne qui avait osé la tuer se trouvait en liberté, probablement en train de siroter une boisson dans son coin, plus heureux que jamais me révulser, tandis que moi, j'attendais toujours en vain le retour d'entre les morts de ma mère. Mon père ne faisait que me répéter qu'elle aurait été fière de moi, à l'heure qu'il est. Qu'il l'était. Mais, j'aurais aimé le savoir de sa bouche. Alors, si j'avais envie de me venger ? La question ne se posait même pas. Si j'avais en ce moment même l'opportunité de mettre fin aux jours de la pourriture qui l'avait assassiné, je le ferais. Ou étais ceux de simple parole en l'air sans la moindre valeur? De toute évidence, que je le veuille ou non, nous allions tous devoir nous prêter au jeu de EJ. Et, n'étant pas du genre à baisser lâchement les bras face à l'adversité, je levais ma main une nouvelle fois, le visage toujours aussi impassible.