Serais-ce la fièvre de la sagesse? [PV Lance]

La journée avait été courte, en effet aujourd'hui je n'avais eu qu'un cours de potion – en commun avec les Serpentards, ô joie, ô bonheur – durant lequel j'avais fait explosé le chaudron de l'un des vert et argent – accidentellement bien entendu – et ensuite un passionnant cours d'Histoire de la magie qui m'avait permis de récupérer de la nuit que j'avais passé. Ce n'était pas nouveau d'ailleurs, depuis mon retour les cauchemars étaient monnaies courantes et Pomfresh se refusait à me donner ne serais-ce qu'une goutte de potion de sommeil sans rêves, elle craignait qu'autrement je ne développe une forme d’addiction, que je ne sois plus capable de m'en passer par la suite.

En un sens, comme ça j'aurais la panoplie parfaite du type pas fréquentable. Alcoolique – enfin... je n'ai plus touché d'alcool depuis un moment maintenant, j'ai retenu la leçon – ennemis auto-proclamé des mangemorts et de Voldemort – avec toutes les options – et qui envoie ses proches soit au cimetière, soit en prison. Non franchement, j'étais le gendre idéal, il était surprenant que je sois encore seul, il faudrait sérieusement envisager d'ajouter le trait de caractère « junkie » à ma panoplie incomplète !

Derrière toute cette ironie qui n'était vraiment propre qu'à un dérangé comme moi, j'avais pourtant bien changé et je pensais encore à la veille au soir, quand j'avais décidé d'attraper ma plume pour prendre contact avec le professeur d'étude des Moldus. Je n'avais plus osé lui parlé depuis l'épisode qui m'avais sans doute couvert de ridicule pour les trois cent prochaines années. Maintenant pourtant, je sentais qu'il était temps pour plusieurs raisons, la première étant de m'excuser. J'avais toujours détester cela, reconnaître que j'avais mal agi, que j'avais eu tord, que peut-être j'aurai dû faire les choses autrement, de façon plus mature. La maturité n'était pas mon point fort jusque là, j'avais toujours voulu rester le gamin que j'étais en arrivant à Poudlard, en me voilant la face sur la gravité de la situation aussi bien dehors que dans les murs de notre collège. Qui à part un gamin aurait provoqué l'honneur de Voldemort – enfin... s'il en avait un – dans un bar où l'un de ses sbires pouvait se trouver ? Non franchement, il était grand temps d'étouffer ce Maewan Bretian, de ne faire de lui qu'un souvenir ou un rôle, et de laisser sortir celui qui semblait s'installer lentement mais sûrement, quelqu'un de plus raisonnable, mais assez sanguinaire sur les bords.

Enfin... qu'importe, l'après-midi avait débuté et j'avais profité du temps avant ma rencontre avec le professeur Jane – il valait mieux penser à lui en tant que 'professeur Jane' sinon j'allais l'appeler Lance – pour aller m'entraîner un temps soit peu au Quidditch. J'avais en plus un nouveau poste, batteur et il était hors de question que je sois en décalage par rapport à Abi pendant notre prochain match ou entraînement. Du coups armé d'une batte et d'un coffret contenant les cognards, je décollais et commençais cette session en solitaire. Le temps passait jusqu'à ce que le soleil soit assez présent pour que je ressentes la chaleur de ses rayons, et regard en contrebas, centré sur le parc, me fit voir que le professeur Jane venait de sortir et se rendait sans doute sur le lieu de rendez-vous. Après avoir attrapé le cognard – non sans le sentir passer – je me posais au sol et rangeais le matériel avant de me rafraîchir et marcher, balais sur l'épaule jusqu'à ma destination. Hasard ou pas, j'arrivais pratiquement en même temps que le professeur et esquissais un sourire, tendant ma main libre vers lui.

« Professeur, j'espère que je ne vous ai pas trop fait attendre. »

C'était en fait plus par politesse que je demandais cela, par contre ce n'était pas très poli de ma part d'être encore dans une tenue plus adaptée au sport et légèrement couvert de sueur. S'il avait encore eu un doute sur mes intentions jusque là, j'espérais que le message montrant que je ne voulais absolument pas le courtiser était clair, autrement j'aurai au moins prit la peine de me doucher au lieu de simplement me passer de l'eau sur le visage. Bien malgré moi, je détaillais bien entendu l'homme et constatait qu'il n'était pas bien différent de d'habitude. Comment est-ce qu'il faisait pour avoir toujours l'air impeccable ? Sincèrement ? Je suis certain que même s'il tombait dans une flaque de boue il trouverait encore le moyen de ne pas avoir l'air idiot, moi quand cela m'arrivait j'avais l'air... d'un monstre de boue.

Enfin là n'était pas la question, sachant que la discussion risquait d'être longue je me laissais glisser au sol pour m'adosser à l'arbre, mon balais posé à ma gauche et laissant une place – pas que l'on en manqua dans ce vaste parc – à l'enseignant qui déciderais de lui-même s'il voulait ou non s'asseoir. De toute façon, s'il le faisait je ne le verrais pas, je venais de fermer les yeux pour inspirer ensuite un grand coups, ne pas voir son visage m'aiderai sans doute à prendre la parole sans me rétracter aussitôt.

« Vous vous demandez sans doute pourquoi j'ai voulu vous voir... ? Enfin je suppose... » bafouillais-je d'abords, incertain. « En fait je... »

Ha... Même les yeux fermés j'avais du mal. La fierté est une chose pernicieuse et elle ne va pas se laisser mettre de côté aussi facilement. Imperceptiblement je sens mes mains arracher nerveusement quelques brins de la pelouse à côté de moi, en prendre plusieurs poignées qui s'échouaient au sol ensuite et quand j’eus une bonne quantité de terre sous les ongles, je parvenais enfin à prendre la parole, pour de bon cette fois mais incroyablement tendu, j'étais certain qu'à cet instant on pourrait faire de moi un arc, la flèche partirait sans problème.

« Je voulais m'excuser pour les derniers événements. Pré-Au-Lard, Bristol, la tension à Poudlard. Je suis désolé de n'avoir été qu'un gamin stupide et d'avoir provoqué la disparition de deux de vos collègues, surtout du Professeur Belacqua dont vous aviez l'air assez proche. J'espère vraiment que nous les retrouveront rapidement et en bonne santé. Je m'excuse aussi pour les moldus que vous avez vu perdre la vie, pour vous avoir mis en danger avec plusieurs autres sorciers. Je sais qu'en fait je ne mérite le pardon de personne mais je devais m'excuser, c'était la moindre des choses que je puisses faire, en attendant de pouvoir le montrer aussi par les actes. »

J'avais parlé plus que je ne le pensais en fait, plus que depuis mon retour ici. En tout cas sans que l'on m'ait adressé la parole avant. De fait je me murais de nouveau dans le silence, mon visage n'avait pas une fois montré la moindre expression mais une simple sincérité, ma voix était neutre quant à elle. Maintenant, la balle était dans le camp de ce professeur. Il allait pouvoir me faire ses reproches – il devait en avoir des pelles – et je les recevrais sans broncher car ce ne serait que justice et vérité.

∞ Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse, et de toi fais-tu dire « Oh ! L'homme singulier ! » ▬ J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse, désir mêlé d'horreur, un mal particulier; angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse. Plus allait se vidant le fatal sablier, plus ma torture était âpre et délicieuse; tout mon coeur s'arrachait au monde familier.

† Le rêve d'un curieux, Charles Baudelaire. †

Lance, en tant que professeur d'études des moldus avait beaucoup de temps-libre, sa matière n'était qu’optionnelle ce qui lui donnait beaucoup moins de travail que ses collègues qui occupaient des postes aux matières dite principales. Certes, préparer ses ours n'était pas chose facile, puisqu'il devait réussir à trouver de quoi intéresser les adolescents et il devait se renouveler sans cesse. Mais aujourd’hui, il n'avait pas cours l'après-midi, ces prochains cours l'attendaient bien sagement dans l'un des tiroirs de son bureau, il avait donc du temps pour lui.

Seulement, il était hors de questions qu'il reste à se tourner les pouces, il ne savait pas faire de toute façon. Heureusement, il pouvait compter sur ses amis pour lui trouver de quoi faire et cette fois-ci c'était Aaron qui lui avait donné de quoi faire. Il avait besoin d'aide pour s'occuper de l'aider dans une de ses expériences pour créer une sorte de remède pour soigner les blessures d'une petite bestiole. Il n'y avait que Lance d'assez fou pour épauler Aaron dans ce genre de choses, mais la santé mentale du né-moldu n'était plus à prouver. Il avait passé une bonne partie de l'après-midi avec son ami et il en avait gardé presque aucune marques, ce qui était un exploit. Habituellement quand c'était lui qui menait ses propres expériences, il y perdait soit des cheveux, soit des chemises et parfois même des nœuds papillons.

Après ça, il devait rejoindre l'un de ses élèves qui avait besoin de le voir. Lance ne pouvait concevoir de laisser l'un de ses élèves dans le besoin. Et Merlin seul savait à quel point Maëwan Bretian en avait besoin. Voilà pourquoi il n'avait pas réfléchit quand il avait reçu le hibou du poufsouffle. Apparemment, il avait besoin de voir son professeur et il ne pouvait pas lui refuser ce droit.

Il avait quitté Aaron et était partie pour le parc, là où il devait rejoindre le jeune homme. Il était en avance, alors il ne se pressa pas. La plupart des élèves étaient encore en cours, ce qui lui permettait de traverser le parc sans croiser grand monde. Ce n'était pas désagréable de temps en temps d'avoir l'impression d'être seul, ou presque dans ce grand château, même pour quelqu'un comme Lance Jane. Il marcha jusqu'à s'arrêter non loin d'un arbre où Maëwan ne tarda pas à le rejoindre. Il aimait la ponctualité. Même si lui ne l'était pas tout le temps. Il hocha négativement la tête lorsqu'il lui demanda s'il savait pourquoi il lui avait demandé de venir. Lance ne savait vraiment pas pourquoi le jeune homme lui avait demandé de le voir en dehors de ses cours, peut-être avait-il besoin de quelque chose par rapport à son retour. Il allait bien finir par le savoir, il n'allait pas rester là à le regarder sans rien dire de toute façon. Le blaireau c'était assis contre l'arbre qui les abritait. Lance, lui resta debout, attendant de voir ce que pouvais bien lui vouloir son élève. Contrairement à ce qu'il pouvait croire, il avait totalement effacé de sa mémoire le petit accident qui s'était passé bien avant la bataille de Bristol.

Il resta là, sans bouger, attendant que Maëwan se décide à lui parler, il ne voulait pas lui forcer la main, ce n'était certainement pas la meilleure des solutions, il risquait de le braquer et de rien réussir à savoir. Rester silencieux n'était pas une habitude de Lance, qui avait même tendance à se parler tout seul quand il restait trop longtemps dans son bureau, à corriger des copies. Maëwan décida enfin d'ouvrir la bouche, en réalité il voulait s'excuser, de tout ce qui avait bien pu se passer ces derniers jours. Bristol, les morts, Pandora. Jane ne put s'empêcher de serrer légèrement les dents lorsqu'il évoqua la professeur de défense contre les forces du mal. Il essayait de ne pas trop penser à la captivité de Pandora, de cacher son inquiétude, son ressentie et même, chose étrange pour lui, sa colère, contre les mangemorts, premièrement, mais aussi contre lui d'une certaine façon, il n'avait pas su la protéger et ça le mettait dans tout ses états, réellement. Mais grâce à sa flegme britannique, il arrivait à le cacher tant bien que mal.

Finalement, il alla se poser contre l'arbre pour venir s'asseoir près du poufsouffle, qui comme lui essayait de cacher tout ce qu'il pouvait ressentir. Le professeur savait très bien que ça ne devait pas être facile pour lui, de revenir ici, après tout ce qui a pu se passer, la mort de ses parents, ses nouvelles responsabilités et tout le reste. Et Lance n'avait pas l'intention de lui jeter la première pierre, il savait se mettre à la place de son élève, puisqu'il avait été à sa place. Lui aussi c'était rebellé, à son âge, même si à l'époque le sujet était beaucoup moins sensible.

« Vous n'y êtes pour rien, Maëwan. Certes vous avez été un peu trop bavard un soir où vous avez trop bu, mais qui ne l'a jamais été ? La boisson n'est pas une solution, je pense que vous l'avez compris maintenant. Pour le reste, vous n'avez pas à vous blâmer. La faute n'est pas vôtre, mais plutôt à ceux qui ne sont pas capable de voir plus loin que leur haine , haine d'une chose qu'il ne connaissent pas d'ailleurs, parce que c'est souvent ce qui fait le plus peur aux gens, l'inconnue. On peut dire que vous vous êtes juste trouvez au mauvaise endroit au mauvais moment, ça peut arriver, personnellement j'y ai souvent eu le droit. Le plus important, c'est de savoir voir plus loin que les sombres heures qui nous attendent. Pour ce qui est de Bristol et de vos deux professeurs qui ne sont pas encore revenues, là encore ce n'est pas de votre faute. Nous sommes adulte, nous savions les risques que l'on pouvait encourir en allant là-bas et ça ne nous a pas arrêté pour autant. Miss Belacqua et Miss McLane pourrons vous le dire à leur retour. Vous ne devez pas vous en vouloir, croyez-moi. »

Il était resté calme pendant sa tirade, il ne voulait pas que le jeune homme porte un poids plus lourd qu'il n'aurait du. Il était bien trop jeune pour ça et Lance ne voulait pas en être le responsable. Bien au contraire, d'une certaine façon, il s'était attaché à ce Bretian, peut-être parce que d'une certaine façon, il se reconnaissait en lui et il savait qu'il allait besoin de soutiens pour se relever après tout ça. Il se tourna vers le poufsouffle.

« C'est vraiment l'impression que vous avez ? D'être coupable de tout ça ? »

Que ceux n'appréciant pas le professeur Jane aillent se jeter un doloris sincèrement. Cet homme était presque capable de banaliser toutes les situations, de faire croire à un idiot qu'il ne l'était pas que ça. Bien sure, c'était uniquement 'presque' et dans la circonstance actuelle cela ne marchait pas. Lui semblait persuadé – ou vouloir me persuader – que je n'étais pas le responsable des derniers événements. Certes les mangemorts avaient agis bêtement en voulant se venger des propos envers leur maître, mais qui avait tenu ces termes justement ? Moi. Moi le bavard, celui incapable de tenir sa langue surtout quand il avait trop bu. Ce n'était surement pas une question de mauvais endroit et mauvais moment, non. Une question d'actions qui n'auraient jamais dû avoir lieu et qui auraient évités la mort de centaines de personnes. Rien que ça.

Bon la guerre aurait quand même débutée un jour bien entendu, j'en aurais fait partit aussi, je me serais battu tout de même parce que c'était ainsi. Je voulais être Auror ce n'était pas pour rester les bras croisé, maintenant j'étais plus déterminé que jamais d'ailleurs. Les chien-chien de Voldemort s'était crées un ennemi... mortel. Ironie quand tu nous tiens.

Je ne coupais pas le professeur Jane dans ce qu'il disait, jugeant préférable pour une fois de jauger le poids de ses mots avant de reprendre à mon tour la parole, de voir ce qu'il fallait répondre à cela même si la culpabilité ne baissait pas de mon côté. C'était impossible, d'ailleurs je ne comprenais pas pourquoi Lance – puis mince il n'entend pas mes pensées – ne m'avait pas encore envoyé son poing dans le nez. Ne m'avait pas hurlé dessus pour me mettre du plomb dans le crâne. Aussi quand il se tournait vers moi pour me demander si j'avais vraiment ce sentiment d'être responsable de tout cela, je ne parvenais pas à soutenir son regard plus de cinq secondes avant de tourner la tête.

« Bien sure que je suis le responsable voyons. Je crois être le seul Poufsouffle de ce château à avoir ouvertement insulté Voldemort. Seulement... »

Seulement quoi ? Pouvais-je dire devant le professeur ce que j'avais en tête depuis le départ ? Je ne savais pas exactement. Peut-être valait-il mieux dire autre chose... ?

« Seulement je ne comprend pas pourquoi vous n'êtes pas hors de vous. Je veux dire... tout le monde sait que vous gardez souvent votre calme, mais là... si j'étais à votre place, j'aurai déjà massacré l'élève responsable. »

Et je ne me ferais pas d'espoir pour les disparues, sans doute mon côté pessimiste. Quoi que... Pandora était quand même sacrément forte... en vérité je l'imaginais fort bien en train de botter le train des serviteurs de l'homme chauve-souris. Oui, il fallait encore avoir de l'espoir. C'était bien ce qui allait nous maintenir en vie dans les prochains mois.

« J'aurai préféré me battre avec vous à Bristol. Je suis sure que j'aurai pût vous aider et en plus rencontrer des Aurors pour le post-Poudlard. Trouver les bons contacts pour devenir plus fort et anéantir ces mangemorts. Attendez, c'est la honte quand même, même Rusard s'est battu quoi, alors que ce type est aussi utile qu'une lampe torche quand on a une baguette. »

Qu'est-ce que vous croyez ? Moi aussi je connais les lampes torches, mon père était tout de même un moldu et j'en avais utilisés plus d'une fois. Je n'étais pourtant pas venu que pour cela, j'avais une autre chose à dire au professeur d'étude des moldus, sans doute plus délicat mais c'était l'impression que j'avais eu déjà en l'observant depuis mon retour mais aussi avec les racontars.

« Je voulais aussi vous remercier. Vous avez énormément fait durant ces événements et je crois qu'avec votre intervention, plus de vie ont été sauvées que si vous n'aviez pas été là. Si seulement un tiers des personnes pouvait avoir votre courage, nous serions plus certain de l'issue de cette guerre. Vous étiez le seul à suffisamment connaître la technologie moldue pour l'affecter dans le bon sens. » et d'ajouter dans un haussement d'épaule. « Qu'est-ce que vous croyez, tout fini par se savoir dans cette école. Enfin... vous le savez déjà, vous êtes passé ici avant moi. »

Enfin un dernier point me chiffonnait, les origines de Lance justement. Je n'y étais pour rien, j'adorais littéralement cet homme et je me retrouvais à sortir la phrase la plus débile que soit venant d'un élève à son enseignant.

« Vous êtes parmi les plus en danger dans cette guerre vu que vous êtes né-moldu... Vous allez faire attention hein ? Je veux dire... autant il y a des personnes dont je me fiche royalement, autant je préférerais que vous surviviez à cette époque. Il y a pas assez de gens cool comme vous. »

Maewan vieux... arrête toi ici, tu t'enfonces dans la débilité.

∞ Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse, et de toi fais-tu dire « Oh ! L'homme singulier ! » ▬ J'allais mourir. C'était dans mon âme amoureuse, désir mêlé d'horreur, un mal particulier; angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse. Plus allait se vidant le fatal sablier, plus ma torture était âpre et délicieuse; tout mon coeur s'arrachait au monde familier.

† Le rêve d'un curieux, Charles Baudelaire. †

Lance n'était pas un fin psychologue et avait plutôt tendance à dire ce qu'il pensait en essaynant de rester le plus diplomate possible, ce qui n'était pas toujours facile pour lui, pas toujours familiariser à certaines subtilités. Cependant il arrivait plus ou moins à se débrouiller et avec ses élèves il n'avait pas besoin de se forcer. Malgré tout ce que l'on pouvait dire Jane avait en lui cet instinct de protection inné qu'il avait tout d'abord développé avec sa petite sœur, puis par extension avec ses élèves en arrivant à Poudlard. Il ne pouvait s'empêcher de faire tout son possible pour les protéger. C'était pour ça qu'il avait voulu enseigner à Poudlard. Car d'aussi loin qu'il s'en souvenait, le collège avait toujours été l'endroit le plus sûr à ses yeux, loin devant Gringott. Il avait voulu aider Dumbledore dans la lourde tâche qu'on lui avait offerte.

Dans l'immédiat, c'était Maëwan qui avait besoin de son aide et il savait très bien qu'il ne pouvait pas lui parler de son sentiment de sécurité quand il était dans les murs de Poudlard, car le pauvre blaireau c'était fait attaquer à quelques mètres de ses remparts. On aurait pu croire qu'avec ce qui était arrivé à Alecia, puis à Maëwan Lance aurait pu perdre la fois en Poudlard et en son directeur, mais son interview avec Smiley avait bien prouvé le contraire. Certes, il s'inquiétait de plus en plus pour les adolescents qui se trouvait dans l'enceinte de l'école, non pas parce qu'il pensait qu'ils risquaient quelque chose au château, mais plutôt parce qu'il savait très bien qu'au dehors les choses étaient de moins en moins paisibles et que toute la communauté sorcière n'avait pas la chance d'être sous la protection de Dumbledore.

Lance sourit légèrement à la première affirmation du jeune homme. Il n'y avait rien de drôle, mais il se trompait, il devait savoir qu'il n'était pas le seul blaireau un peu idiot à ouvrir sa bouche un peu trop facilement et le pire c'est que lui n'avait même pas bu pour excuser son comportement. Non, lui avait juste des opinions un peu trop tranchés et pas dans le bon sens d'après certaine personne.

« Vous n'êtes pas le seul poufsouffle à avoir défier les mangemorts un peu contre votre volonté. Et moi je l'ai plus ou moins fait devant un journaliste. Bon, je vous l'accorde, je ne l'ai pas fait aussi directement que vous, mais des années d'expériences m'ont apprit à déguiser mes attaques. »

Son sourire s'étira un peu plus alors qu'il tournait la tête vers son interlocuteur. Il ne savait pas vraiment si ça pouvait le rassurer ou non, il l'espérait du moins. Brztian l'interrogea sur le fait qu'il ne s'était pas énervé. À la base Lance n'était pas du genre à s'énerver, il savait très bien que l'énervement n'aidait en rien à calmer les conflits, bien au contraire. De plus, le poufsouffle semblait déjà culpabiliser assez pour ne pas en rajouter avec des reproches stériles.

«À quoi ça servirait ? Vous vous sentiriez mieux si je me mettais à vous hurler dessus en rejetant toutes les fautes du monde sur vos épaules ? Je ne crois pas. »

Le voilà qu'il revient sur Bristol, avouant qu'il aurait préféré se battre à leur côté. Idée qui fit grincer les dents de l'anglais. Cette idée était pure hérésie. Jamais il n'aurait laissé un élève se joindre à eux, même s'il avait su que c'était le seul moyen de reprendre le dessus dans la bataille et aucun autre professeur n'aurait accepté de toute façon. Il lâcha tout de même un petit rire à l'évocation de Rusard. Lui aussi avait été étonné de le voir débarquer peu de temps après Pandore & lui, mais il s'était dit que peut-être le concierge avait eu un élan de générosité.

« Votre place n'était pas avec nous. Quant à vos contacts, vous avez tout le temps pour vous en faire, je pourrais même vous présenter des membres du ministère si ça vous tient vraiment à cœur. »

La bataille avait été dangereuse, même pour des sorciers aguerris. Certains avaient perdus la vie là-bas, ce qui avait laissé une marque indélébile chez le professeur d'étude des moldus. C'était déjà suffisamment dur pour lui, alors pour un adolescent, il ne préférait même pas imaginer.

Maewan le félicita pour son intervention à Bristol. Beaucoup lui avait dit que le coup de la radio avait été un coup de maître. Dans son esprit ce n'était pas tant que ça. Il avait du trouver un moyen de sauver des vies, le plus rapidement possible et la seule idée qu'il lui était venu avait été ce truc avec la radio.

« Je n'ai pas fais grand-chose. J'ai juste mis en œuvre mes connaissances, comme tout le monde l'aurait fait à ma place. »

Les plus en danger ? Lance leva un sourcil. Il ne se considérait pas comme étant l'une des personnes les plus en danger en ce moment. Il ricana quand le poufsouffle lui demanda de faire attention. C'était monnaie courante, ce n'était pas la première personne à lui intimer la prudence, mais il n'en voyait pas l'intérêt. Lui, ce n'était pas le plus important, il avait une baguette magique, il savait se défendre, il s'inquiétait plus pour sa famille ou même les autres moldus.

« On ne dirait pas comme ça, mais je suis une grande personne et je sais plutôt bien me servir de ma baguette, pour un professeur d'étude des moldus. C'est plutôt à vous de faire attention et à réfléchir, surtout. »

Il lui adressa un sourire amical pour appuyer ses propos. Il n'était pas bête, il se doutait bien que Maewan devait avoir des idées de vengeance pleins la tête et c'était son devoir de l'en dissuader.

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