Ma vie est somme toute très banale. Je suis né d'une mère sorcière et d'un père moldu. L'une est femme au foyer, l'autre vendeur d'instruments dans son propre magasin. J'ai deux frères avant moi, mais je suis la seule à avoir hérité des dons de notre mère. Ce qui a donné une bonne excuses à mes grand frère pour me chahuter. Ils adoraient se battre avec moi, et ça finissait en séance de chatouilles.

▬ Vas-y, change nous en crapaud ! rugissait mon plus grand frère, Jack, pour couvrir mes hurlements de rire. 

Je me suis toujours bien entendu avec eux. Ils sont très protecteurs, même si dans leurs esprits de mec, ils sont les seuls à pouvoir m'embêter. 

▬ Bientôt, c'est moi qui vous embêterait ! Maman a dit que je pouvais vous faire pousser les poils dans les oreilles. En plus c'est pas bien magicien crânais-je, du haut de mes huit ans, venant d'apprendre que d'ici quelques années je rejoindrais l'enseignement de Poudlard. J'avais eu ma première manifestation de magie il y avait peu, et j'adorais avoir cette puissance comparé à eux. C'était agréable d'être la première en quelque chose, pour une fois. Ce à quoi rétorquais mon jeune frère, Wyatt : 

▬ En attendant, on dis c'est pas sorcier, bougre d'idiote.

Bien sûr, Jamy ! L'année de mes dix ans, nous allâmes à la mer. D'une mauvaise plaisanterie de mes frères, je manquais de me noyer. Cet instant fut le plus effrayant de ma vie. Cette incapacité de respirer, alors que mon corps tentait de résistait. Je me souviens avoir perdu connaissance, ma vision se noircissait. Je me suis réveillé sur le sable, ma mère avait le regard affolé. Depuis, je n'ai plus le droit d'approcher d'eau profonde, et ça me convient. J'en ai une frousse bleue, à présent. 

Nous avions un chat à la maison. Une petite bête malingre, sale, qui ne se laissait approcher que par moi, car j'étais la seule à pouvoir le suivre dans les arbres, avec ma carrure fine. Il me semblait parfois qu'il se moquait de moi, m'observant de ses grands yeux jaunâtres, alors que je tombais pour la cinquième fois d'une branche basse. Mais je ne me laissais pas abattre, jamais. Un jour, il était en train de chasser un oiseau. Il ne vit pas la voiture de papa qui rentrait du boulot. Je devinais ce qui allait se passer. Je criais, en même temps que je poussais. Le chat vola bel et bien, pour atterrir doucement sur la pelouse un peu plus loin ; il se dépêcha de s'éloigner en galopant, feulant sur l'engin de métal. Je pense que le chat a compris que c'était moi qui l'avait sauvé, car il revint souvent m'apporter des cadeaux - souris mortes, boule de poils ... 

L'été juste avant la rentrée à poudlard fut éprouvant pour moi. Ma mère essayait de m'y préparer comme elle pouvait, en me rassurant, en me donnant des conseils, mais je ne dormais plus, passant mes nuits dehors, incapable de dormir. J'étais devenu une espèce de chouette, des cernes pleins les yeux, la peur au ventre d'être incapable, à la rentrée, d'être aussi bonne que ce qu'on attendait de moi. Je ne voulais pas décevoir les gens. Mes frères, tout en restant embêtants, tentaient eux aussi de me rassurer. Disant que j'avais piqué toute la magie de la famille, que je serais forcément super forte. Jack émit même l'hypothèse qu'avec ma maladresse, je ferais exploser une porte, ou incendier la forêt. Je m'en sentais parfaitement capable, c'était ça le pire ! J'aurais aimé qu'ils soient avec moi, qu'ils viennent avec moi à Poudlard. Je pleurais beaucoup, ces nuits que je passais avec Griffe - le chat famélique. Il venait ronronner près de moi, de ce ronron particulier qu'il ne prenait qu'avec moi.

Mon père me fit un cadeau en plein été, pour me donner une bonne occasion de me changer les idées : une très jolie guitare sèche, ornée d'oiseaux. Il l'avait faite lui-même. Je fus très touchée, et plutôt que de me laisser abattre, j'appris à m'en servir. Hélas, l'été touchât bientôt à sa fin. Nous allâmes sur le chemin de traverse pour acheter mes affaires. Cet endroit magique était ... Ma foi, magique ! Des hiboux, des livres qui parlaient. J'étais ébahie. Mes frères l'étaient bien plus que moi, et je me sentis contente d'être supérieur à eux.

Ma mère m'offrit un rapace, une jolie chouette mordorée, que je baptisais tout de suite Hélios. Elle et Griffe s'entendirent comme larrons en foire, malgré mes doutes. J'avais peur que le matou veuille la boulotter. Mais non ; ils ramenaient des souris à deux, apparemment très fiers. La veille de mon départ, je fis une sortie dans les champs alentours. Je câlinai Griffe.

▬ Je vais devoir partir, mon gros matou. Mais veille bien sur la maison, hein ? Tu vas me manquer, boule de poils.

Le lendemain, il trônait fièrement sur le toit tandis que je partais. Hélios hulula lugubrement, et je partageais son émoi. Partir de ma maison, l'idée de devoir habiter avec d'autres filles de mon âge ... Je n'avais jamais été très bonne pour avoir des amis, ils me trouvaient bizarres. Bête aussi, à tomber tout le temps. Et si les sorciers se moquaient de moi aussi ? Si ils ne voulaient pas de moi ? Je me retins de pleurer. Si c'était ça, je leur flanquerais une raclée !

Le trajet dans le poudlard express fut long. Je lu presque tout le trajet, mais je ne cessais de jeter des regards autour de moi aux gens qui m'entouraient. Ils avaient tous l'air humain - enfin sauf quelques uns, très moches. Le voyage sur le lac me terrifia, et une blonde se moqua de moi, d'un autre bateau. Je ravalais mes sanglots de colère, et la fusillais du regard. Ma mère m'avait mise en garde contre les serpentards. Nous attendîmes dans une petite pièce mitoyenne à la grande salle, et mon stress atteignit son summum. Autour de moi, les autres enfants avaient l'air très à l'aise - enfin plus que moi.

Je crois que je pourrais pleurer. Et si je me ridiculise devant toute la salle ? Les autres autour font du bruit. Je lève la tête, et je vois un garçon avec des cheveux noirs. Il me regarde un peu, me sourit. Il s'approche vite fait, me chuchote :

▬ Ca va aller.

Spoiler:

Juste ces simples mots. Il s'éloigne de nouveau sans s'attarder. Mais rien que ça, ça m'a rassuré. C'était la première fois de ma vie que rencontrais Sirius Black. Et je crois que c'est grâce à ces simples mots réconfortants que je n'ai pas pleuré comme une madeleine en entrant dans la grande salle. Mais je crois que c'est delà qu'est né mon admiration pour ce garçon.

Poudlard est rapidement devenu ma seconde maison. Ici, j'étais avec des gens qui me comprenaient. Ici, la magie était chose normale, et le fait que je fasse des gaffes devint aussi une routine. J'adorais les cours de métamorphose, où j'excellais. Par contre, le vol, ce n'était pas ça du tout. J'étais déjà assez maladroite sur terre pour aller crever les nuages - ou crever tout court ! La routine des cours était agréable, et même si je travaillais dur pour réussir, je ne manquais pas les matchs de ma maison, les sorties avec mes amis. L'école était ce que j'aimais le plus, et j'en parlais sans tarir jamais à mes frères quand je revenais pour les vacances. Ils me jalousaient, et je leur rapportais des souvenirs, des bonbons de chez Honeydukes, des photos, ce genre de choses. Les années se succédèrent, doucement mais sûrement. Je ne savais pas ce que je voulais faire plus tard, mais je savais que ça toucherait à la métamorphose. Ou aux sortilèges, la deuxième matière où j'étais bonne. En tout cas, mes BUSES furent plutôt bonnes. Je réussis la plupart des matières, même si le vol fut totalement raté. Les soins aux créatures magiques et les potions avaient des résultats moyens, et je promis à ma mère de travailler plus dur ces matières là. Une année, encore, qui débutait. J'avais hâte de vivre de nouvelles aventures !