Les écuries du collège sont rarement fréquentées, parce que le plus souvent, il n’y a … rien.

Hagrid est censé s’occuper d’animaux, dans ces écuries, mais QUELS animaux ? Des chevaux ? Des licornes, peut-être (mais comment auraient-elles pu se faire capturer ?) ? il y a des centaures dans la Forêt interdite, mais c’est encore plus improbables. Ils ne sont pas du genre à vivre dans des écuries qui sentent aussi mauvais.

Autre détail troublant : il n’y a pas de foin…

*Bon, alors, disons-le, les écuries sont vides !*
C’est l’explication la plus logique, la plus évidente. Mais nous sommes à poudlard, et comme d’habitude, il y a toujours un mystère quelque part.

Exemple : pourquoi les carrosses qui amènent les élèves de la gare au collège sont-elles entreposées ici ?
Pourquoi Hagrid ramène-t-il de gros paquets de viande crue dans ces écuries ? viandes qui disparaissent mystérieusement puisqu’il n’en reste guère de traces… Le grand garde-chasse a sans doute un solide appétit et il est un peu frustre sur les bords, mais de là à manger des dizaines de kilos de viande crue, il y a un pas que James Potter ne peut pas franchir.

Pourquoi entend-on certains bruits dans les écuries ? C’est discret, certes, mais parfois on jurerait reconnaître le martèlement caractéristique de sabots.
*A moins que ce soit le lieu qui nous trouble et nous fait entendre des choses qui n’existent pas ?*

En tout cas, les écuries donnent l’impression d’être hantés. Très rares sont les élèves qui osent s’aventurer dans ces lieux étranges.

L’année dernière, deux ou trois collégiens allaient assez régulièrement aux écuries avec un peu de viande crue et parlaient à des animaux imaginaires. Muni de sa cape d’invisibilité, James les avait suivis et n’avait pas du tout compris leur délire. Invoquait-il des fantômes d’animaux? Leur déposait-il des offrandes ? Toujours est qu’ils sont revenus sans leur viande, et qu’il n’y en avait pas trace le lendemain dans les écuries.

*Mystère, mystère…*

Cette fois, Potter n’était pas venu dans ces lieux étranges pour découvrir ce qu’il s’y passait, mais plutôt par défi. Brooklyn Williams était une jolie fille bien gentille, mais un peu prétentieuse sur les bords. Enfin, toute personne se déclarant l’égal ou la supérieure de James Potter était considérée comme « prétentieuse » par l’intéressé.
La métamorphose était sa spécialité, les « Optimal » dans cette matière se suivaient et se ressemblaient, ce qui faisait enrager Lily Evans et combler de joie Sirius Black, autre grand spécialiste en la matière. Or, voilà qu’une trouble-fête avait décidé de rompre les réussites du joyeux duo en ayant un niveau approchant. Et elle osait prétendre pouvoir dépasser Potter un jour ! Non, pire, elle prétendait l’avoir déjà dépassé ! Voilà une provocation qu’il fallait combattre lors d’une jolie séance de métamorphose, un combat entre hommes ! Euh… entre sorciers !

Ça, c’était pour la rivalité. Mais Brooklyn Williams n’en restait pas moins jolie, ce qui incitait le bouillant gryffondor à tempérer son amour-propre, et en plus une chic fille maltraitée par les serpentards, car « sang-de-bourbe ». Potter ne pouvait supporter ça ! Voilà pourquoi il lui avait également proposé de l’aider dans sa défense par l’apprentissage de quelques blagues pour les crotales verts.

*Et si elle pouvait faire quelques blagues sur Severus, rien que pour montrer à Lily que j’ai de bonnes raisons pour m’attaquer à lui… Après tout, lui aussi traite les nés-moldus de sang-de-bourbe, et il traîne sans cesse avec ceux qui prônent cette idée nauséabonde de pureté du sang.*

Quoiqu’il en soit, Potter avait apporté avec lui un sac chargé de matériels divers… Une pelote d’épingles, une boîte d’allumettes avec les allumettes dedans, un pinceau, entre autres.

Et un peu de viande crue enveloppée. *Pour l’expérience !*

Il ne restait plus qu’à attendre Brooklyn. Il lui avait donné rendez-vous à 18h et il espérait qu’elle ne tarderait guère. La nuit tombe vite en cette fin novembre. Non pas que cela le dérangeait de rester dans le noir, avec une jolie fille dans un endroit isolé et lugubre du collège, mais les règles de sécurité s’étaient renforcés après le nouveau décret sur les serdaigles, et il ne voulait pas que Williams ait des ennuis. Lui, les ennuis, il était habitué.

*Tel que je connais Rusard, qu’on soit de n’importe quelle maison, il s’en fichera royalement et prendra l’excuse du couvre-feu plus tôt pour punir tout retardataire !*

Le soleil se couchait. Dix-huit heures. Ils n’auront que peu de temps. Pourvu qu’elle ne traîne pas !

*Viendra-t-elle, au moins ? Peut-être se dégonflera-t-elle.*

Mais ce n'était pas trop dans le caractère de la demoiselle.

Brooklyn arriva, apparemment enjouée et excitée ; ce qui ne déplut pas au capitaine de Gryffondor. Eternel optimiste, il aimait la joie de vivre qui se dégageait de sa consœur et rivale amicale.

Par contre, il ne comprit pas ce qu’elle avait sorti. Manger la poussière ? Etait-ce un défi de Métamorphose ? Comptait-elle le mettre à terre pour qu’il mange la poussière du sol ? Cela devait signifier, en tout cas, qu’elle comptait le vaincre.

« Les seules fois où tu m’as vaincu n’étaient que des coups de chance, Lyn ! » affirma-t-il avec une mauvaise foi calculée à laquelle il faisait comprendre par son ton qu’il ne croyait pas lui-même. « Tu vas te prendre une fessée mémorable et tu te frotteras les fesses en grimaçant à chaque fois que tu penseras au moment où tu as été humiliée, toi et tes faibles connaissances, par mon immense talent en Métamorphose ! »
Plus moqueur que réellement prétentieux, il compléta avec une exagération volontaire pour qu’elle comprenne bien qu’il ne pensait pas un traître mot de ce qu’il disait : « Tu ne m’arrives pas à la cheville : Dans les cours de la vieille MacGo. Je suis un soleil face à la petite fleur que tu es, et je suis parfois étonné de te voir courir le long de ma robe de sorcier pour tenter de crier, avec ta petite voix fluette de pâquerette, que toi aussi tu as des rayons. »

Il rit un bon coup à sa propre exagération, s’imaginant Brooklyn avec des pétales blancs autour de sa tête, et un mince corps tout vert pour représenter la tige.

La poufsouffle avait apporté les objets que Potter avait demandés. Sortir ses baguettes ? Expliquer d’abord ? Potter baissa la voix, sur le ton de la confidence.

« Chaque objet va nous servir à mesurer notre talent : ce sera une épreuve en trois manches. Celui qui gagnera sera celui qui aura gagné le plus de manches bien sûr. Et il y aura une énigme commune. Ensuite, je te montrerai ce que j’ai prévu pour les serpentards."

Bien sûr, « l’énigme commune » consistait à chercher à quoi pouvait bien servir ces écuries éternellement vides. Peut-être savait-elle quelque chose ?

Elle « menaça » d’aller voir Sirius au cas où il ne l’aiderait pas suffisamment. Là encore, Potter rit de son rire reconnaissable entre beaucoup, montrant son impeccable dentition blanche de garçon le plus populaire de l’école.

« Si tu veux, mais je te préviens ; nous avons le même fournisseur et nous organisons nos coups ensemble. J’ai peur que tu ne sentes pas un grand changement si tu passais de mes blagues aux siennes. »

Quant à Remus et Peter, il n’était pas utile de se demander leur avis à ce sujet. Remus était souvent le dernier à blaguer, et Peter se contentait de suivre le courant, pas de proposer.

« Mais si tu veux des conseils différents, va voir de ma part Gabriel et Ewan, ce sont deux serdaigles absolument géniaux et sans aucun scrupule. »

L’heure était à la première épreuve. Potter posa la pelote d’épingles.

« Commençons ; tu te souviens du cours où MacGo nous demandait de transformer une pelote d’épingles en hérisson ? Assez facile. Là, on complique. Avec le moins de tentatives possibles, nous allons devoir transformer le même objet en pelote de laine. Passer du piquant au doux, et produire de la laine-élément animal- est plus difficile que d’animer un objet, comme on nous demande cent fois de le faire. Je commence. »

Il y avait deux étapes à passer. Potter le savait. Il fallait montrer quelque chose de parfait pour lui mettre la pression dès le départ.
« Ramolissum ! »

Les piquants devinrent complètement mous et semblèrent fondre. Première étape parfaitement réussie. Le plus difficile restait à faire.

« Sheepandlaine ! »

La molle pelote eut quelques brins qui poussèrent mais ne se transforma pas entièrement. Potter dut répéter sa formule avec plus d’intensité pour réussir. Trois coups pour deux formules, il était faisable de le battre, mais en faisant un sans-faute. Potter était rassuré. Non pas que Brooklyn ne pouvait pas le battre, mais que réussir en deux coups seulement était difficile, et que la pression était de son côté.

« Voilà ! A toi maintenant, ensuite tu choisiras toi-même la deuxième épreuve. »

Potter fut fier d'avoir réussi son sort en trois fois, mais il craignait tout de même un peu que Brooklyn fasse mieux. Ce serait prendre un fort mauvais départ.
Comme prévu, elle réussit son "ramolissum" du premier coup. Mais il lui fallut quatre coups supplémentaires pour transformer la pelote d'épingles en pelote de laine. Le gryffondor sourit. Il avait gagné la première manche et il était certain de gagner les deux autres. Qui était le meilleur en métamorphose, hein ?

La modestie n'étant pas le point fort du garçon, loin de là, il se fendit d'un grand sourire suffisant. Qu'allait proposer la pauvre Poufsouffle qui osait se frotter à un pro de la Métamorphose tel que lui ?

Il écouta le défi de la jeune fille. Voilà qui était plus corsé que la première épreuve... Transformer la boîte d'allumettes en aiguille, plutôt que les alumettes... Cela signifiait prendre en compte les allumettes à l'intérieur, la forme de la boîte, sa composition...

*Impossible de s'en sortir à moins de quatre coups !*
Au moins, il aurait de la marge. Brooklyn ne s'en sortirait pas à moins de cinq ou six coups, et lui, James Potter, allait de nouveau briller...

Sauf que ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé !

La Poufsouffle jeta son sort deux fois seulement. Deux fois, et la boîte se transforma en aiguille. Le gryffondor ouvrit des yeux ronds face à cet exploit.

*Cette fille est vraiment très douée !*

Il se retint de la complimenter pour ce tour de force. Il se contenta de reprendre une expression qu'il voulait impassible, en susurrant, avec une mauvaise foi si confondante qu'elle en était amusante, un "Moui... pas mal. Pas très pointue mais on ne va pas chipoter."

*Comment vas-tu t'en sortir, Cornedrue ? En deux coups !*

Essayant de cacher le fait qu'il sentait la victoire lui filer sous le nez à vitesse grand V, il sortit sa boîte d'allumettes, l'ouvrit et la montra à son adversaire et amie.

"Tu noteras que je te montres que la mienne est remplie. Contrairement à toi, qui a très bien pu transformer une boîte vide. Mais ne chipotons pas, ne chipotons pas. Malgré ta malhonnêteté supposée, pour ne pas dire évidente, je triompherai de tes stratagèmes, et sans tricher, tu vas voir."

Il prononca ses mots d'un ton très snob, comme pour caricaturer Lucius Malefoy ou un autre serpentard qui se croit supérieur aux autres.

Il posa sa boîte et essaya de se concentrer. Réussir en deux fois...

*Allez, Cornedrue! C'est possible, puisqu'elle l'a fait devant toi.*

"Asuscito !"

Il ne se passa rien. La boîte n'avait absolument pas changé.
"Ce n'était que l'échauffement... Assuscito !"

Toujours rien.

"Bon, maintenant, on y va sérieusement. Asuschito !"

Nada.

"Ça ne compte pas, je n'étais pas assez préparé. Laisse-moi me détendre...Maintenant, je le suis. Asuschito !"

Des prunes.

"Attends, ma baguette a des petits soucis depuis ce matin... et puis j'ai mal dormi... mais quand elle sera prête, je pourrai le faire pour de bon. Asushito !"

La boîte gonfla un petit peu.

"Mais on ne te demande pas de gonfler, boîte crétine! On te demande de te transformer en épingle. Asushito !"

La boîte gonfla beaucoup plus, elle semblait prête à exploser.

"C'est presque prêt! Un bon coup, et cette fois, ce sera bon. Et toi, dit-il à la boîte, ne me déçois pas. ASUSHITO !"

Et BOUM ! La boîte explosa, envoyant dans l'air des dizaines de... sushis.

Surpris par l'explosion, Potter vit tomber les sushis, provenant sûrement de Poudlard, qui se sont accumulés dans la boîte, d'où son gonflement.
"Je me suis peut-être trompé dans la formule..." reconnut le garçon, qui s'était trompé dans la prononciation et l'orthographe du sort presque tout du long.

"Bon, admettons que tu remportes la deuxième épreuve, mais vraiment par générosité, car rapporter des sushis du Japon, c'est quand même plus difficile que de faire tes petites transformations." affirma sans complexe le gryffondor qui se disait au même moment que Sakura Cook sera drôlement surprise lorsqu'elle jettera un œil sur sa boîte de sushis pleine d'allumettes...

"Maintenant, passons à la troisième épreuve." Le gryffondor, après avoir grignoté un sushi et proposé deux à Brooklyn *aucune raison que ça se perde !* sortit son pinceau. Il avait gardé le plus difficile pour la fin: non seulement transformer un objet en être vivant, mais en être vivant bien plus grand.

"Je trouve que cette écurie manque de chevaux. Pas toi ? Nous allons y remédier..."

Il posa son pinceau et s'écarta. Première étape : agrandir le pinceau pour qu'il ait une taille respectable.

"Amplificatum !"

Il dut le prononcer une deuxième fois pour que le pinceau mesure plus de deux mètres. Ca, c'était la première étape.

"Equuus Cabalorum !"

Il poussa quatre pattes de chevaux au pinceau.

"Equuus Cabalorum!"

la tête de cheval apparut et les poils du pinceau se muèrent en queue. Mais l'animal-objet demeurait immobile, comme s'il était en bois.

"Je veux un animal, pas une sculpture! Equuus Cabalorum !"

Le cheval se mit à hennir, à marteler le sol de ses sabots et à trotter vers la forêt.

Bien qu'il n'ait pas tout réussi du premier coup, Potter était fier de ce résultat. Voilà qui n'allait pas être facile à égaler, et encore moins à surpasser !

"Bonne chance !" lui dit-il tout de même, car il avait peiné pour réussir à faire "naître" ce bel alezan qui était parti brouter mais qui avait décidé de ne pas trop s'éloigner.

"J'ai créé un mâle, mais tu peux créer une jument si tu préfères."