Event des 6 Portes [James Potter & Crystal Odrinth]

Pandora les accueillit tous le mardi soir, comme prévu, auprès des portes. Il faisait un peu froid mais elle s'était bien couverte pour la longue nuit qui l'attendait. Il lui restait certaines choses à préciser aux élèves avant qu'ils ne pénétrent dans les univers. Elle souria au professeur Flitwick qui avait accepté de l'aider dans cette nuit un peu longue et qui avait permis des amélioration aux artefacts. Il faudrait d'ailleurs qu'ils en touchent un mot au Departement des Mystères. Elle attendit d'avoir toute l'attention de ces élèves avant de parler.

“Bien! Je suis ravie que vous ne vous soyez pas désisté. J'aimerais vous faire part avant que vous n'entriez de quelques points. Tout d'abord, ce sont des mondes psychiques. Cela, je vous l'avais déjà dit. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que vous serez copié physiquement dans ce monde, dans cet univers. Donc vous n'aurez pas vos vêtements, ni vos baguettes. Ni quoique ce soit d'ailleurs. L'artefact créera pour vous des armes adaptés et des vêtements adaptés à l'univers où vous serez. Vous serez soumis aux lois physiques de ce monde psychique, qui existe en dehors de vous. Ce n'est pas vous qui le modelez. Il réagit à votre contact. Vous ne pourrez donc accomplir que des choses que vous auriez pu accomplir ici. Il pourra parfois vous guider, vous donner des connaissances que vous ne savez pas forcément actuellement. Les armes vous seront parfois immédiatement donnés, parfois il vous faudra vous débrouiller. Comme vous le savez, la magie est en nous et les baguettes nous servent à canaliser le flux afin de jeter des sorts. Là-bas, vous pourrez utiliser ses armes comme des outils pour canaliser. Mais ces mondes et ces armes ne sont pas faits pour la magie. Alors, cela aura parfois des effets inattendus. Et à chaque fois que vous les utiliserez, cela vous demandera plus d'efforts, vous serez plus fatigués. D'autre part, les mondes vous guideront vers ce que vous devez faire. Soit consciemment, soit inconsciemment. Pour finir, la... la dernière épreuve... je... ce n'est pas moi qui la crée. Je ne pourrais pas vous aider dans ces mondes, sauf en cas de force majeur,si je ne vous vois pas revenir d'ici demain. Vous devrez vous débrouiller seul. Vous n'aurez que votre partenaire. Si l'un de vous échoue, il sortira du monde psychique. Si vous l'avez fait échoué exprès, il reviendra. N'oubliez pas! Les douleurs physiques ne se ressentiront pas sur votre véritable corps, mais votre esprit y croira tout de même.”

Elle s'arrêta momentanément, semblant réfléchir, puis reprit très sérieusement.

“Je n'ai pas crée la dernière épreuve. Je crois que j'ai tout dit. Je vous souhaite bonne chance!”

Chacun des participants se dirigea alors vers sa porte et pu entrouvrir celle-ci. Rien ne transparaissait hormis une lumière éclatante. C'était le début de leur aventure.

James et Crystal se retrouve dans un endroit sombre et totalement mouillé. Il y a très peu de lumière, à peine pour voir leur transformation. Ils sont sous l'eau. Et pourtant, il n'éprouve aucune difficulté à respirer. Il semble que leur corps assimile l'eau pour la respiration. Elle est froide, mais cela leur semble agréable, comme une brise légère dans un été brûlant. Il y a un silence très oppressant comme jamais ils n'ont pu entendre. Leur vie est toujours habituellement rempli de sons, de bruits. Mais ici, il n'y a rien. Hormis les mouvements de l'eau sur leur corps. C'est comme un ballet kinesthésique. Il est cependant impossible de savoir où est la surface, n'ayant aucun moyen pour déterminer ce qui est le haut du bas hormis une légère gravité sous eux. La pression se fait davantage sentir qu'à la surface, mais cela ne semble pas être un relatif problème pour nos deux partenaires.

James et Crystal peuvent alors remarquer, alors que leur sens s'habituent peu à peu, que ce qui leur semblait naturel ne l'est en fait pas. Ils ont enfin conscience que leurs jambes ne sont plus là. A la place, se tient une queue de poisson qui va de leur taille jusqu'à leur ancien pied. James est torse nu tandis que Crystal porte des écailles au niveau de chacun de ses seins. Les écailles sont d'un toucher agréable, comme soyeux.

Ils semblent ne faire qu'un avec l'océan, se mouvant avec grâce après un temps d'habituation plus ou moins longs. S'ils tentent de parler, ils verront qu'ils n'ont aucune difficulté et que leurs voix est même mélodieuse. Leurs yeux commencent à s'habituer à l'obscurité des profondeurs, trouvant de la lumière dans ces fonds océaniques. Pas très loin se trouvent des objets quelques peu lumineux... En s'approchant, ils s'avérent que ce sont deux tridents qui scintillent au milieu des ténèbres, suspendus au milieu de nulle part. Ils sont bleu et or, finement ciselé, avec des inscriptions de runes étranges.

Dès qu'ils les touchent, une faible lueur apparait au loin, vers laquelle ils sont attirés. Une musique semblent les attirer vers cette lumière blanche étincelante.

Bien entendu, James Potter était venu avec son balai. Il fallait prévoir toute éventualité.
En réalité, il avait pensé à beaucoup de choses. Un monde de la pensée ? Mais la pensée est sans limite ! Potter n’avait qu’à s’imaginer tous les pouvoirs du monde, et voilà ! Il réglerait son compte aux dangers du monde facilement, en volant sans baguette et sans balai. Il hésitait encore : porter un habit comme l’avait montré le professeur Jane, mais d’une couleur plus solaire : cape rouge, habit bleu, par exemple. Ou alors faire plus sobre, s’habiller en noir, avec des lunettes noires, et lutter contre ce monde imaginaire en arrêtant les sorts d’un geste de la main et en volant à la vitesse du son pendant que son vrai corps repose sur un siège…

L’imaginatif gryffondor déchanta bien vite après les explications de Pandora. Un corps psychique soumis aux lois physiques du monde en question ? Pas de vêtements, ni de baguette, mais des équivalents ? Mais voilà qui n’allait plus du tout ! Ça ne correspondait pas à ce que le gryffondor avait imaginé.

*En gros, on n’aura rien de plus que ce qu’on a dans le monde réel. Pire encore, on sera plus fatigué, et on n’aura pas de baguettes mais des équivalents qu’on ne sait pas utiliser… Voilà qui devient beaucoup plus compliqué que ce que je pensais.*

Il va falloir qu’il fasse attention à sa jolie partenaire également, il ne tenait pas à ce qu’elle disparaisse et qu’il se retrouve seul dans un monde inconnu !

Mais de toute façon, il n’avait nullement l’intention d’abandonner Crystal, ni de se défiler. Quel que soit ce qui l’attendait, il se sentait prêt à l’affronter.

Il approcha de la porte choisie par la serdaigle. Avant de la franchir, il lui souffla : « Quel que soit ce qui nous attend, tu pourras compter sur moi. O.K ? »

Ils passèrent une sorte de gel liquide un peu froid… à moins que ce ne soit du liquide tout court ? James avait du mal à le définir, mais il ne trouvait pas cela désagréable. Sans lumière, il devait se baser sur ses autres sens pour deviner ce qui se passait. Il avançait, oui, mais où ? Le gryffon aurait bien voulu pouvoir déclencher un lumos, mais comme on l’avait prévenu, il n’avait plus de baguette.

« Crystal, tu es encore là ? » demanda-t-il pour s’assurer qu’elle le suivait.

Le silence et l’obscurité était assez oppressant, mais il avait l’impression de flotter, comme s’il ne touchait pas terre. Habitués peu à peu à l’obscurité, le gryffondor s’aperçut enfin qu’il nageait sans jambes. Il avait une queue de poisson ! Il avait aussi perdu ses vêtements, et sa musculature de poursuiveur était particulièrement visible vu que, écailles exceptées, il était entièrement nu.

Il regarda immédiatement Crystal, d’un œil interrogatif et peut-être un peu curieux. Elle aussi était nue, même si les écailles lui cachaient l’essentiel. Il siffla. Pouvait-on siffler dans l’eau ?
« Vous êtes une très belle sirène, miss Odrinth. »

Jamais il n’avait été transformé en triton, mais cette situation n’était pas nouvelle pour lui. Il se souvenait parfaitement de septembre, où il avait exploré le fond du lac avec Ron Weas pour une bête fiole de Jane tombée dans le lac. Bref, il évoluait en terrain connu : Il avait rencontré des êtres de l’eau, des strangulots surtout, toutes sortes de danger. Et il s’en était sorti… grâce à sa baguette.

Après un temps où James donnait des coups de queue trop fort ou trop lent, notre nouveau triton s’habitua à ce nouveau corps. En fait, tout cela lui paraissait étrangement naturel, comme s’il avait toujours eu une queue de poisson. Un effet secondaire du monde ? Après tout, s’ils étaient adaptés à ce monde sous-marin, pourquoi le monde sous-marin ne s’adapterait pas à eux aussi ? Il s’amusa à décrire des cercles autour de Crystal, s’amusant bien.

« Yahooo ! » cria-t-il en décrivant un looping près de sa camarade. Finalement, il l’a eu, son impression de voler sans baguette.

Crystal avait repéré quelque chose. En las suivant, il découvrit des tridents. L’équivalent de leurs baguettes ?

« On nous prend vraiment pour des êtres de l’eau. » déclara le garçon-triton en ramassant la plus grande des deux. Couleur bleue et or… Potter la mania et finalement, sentit qu’il ne pouvait pas la contrôler aussi facilement que sa queue de poisson. Elle était d’un bleu glacial, froide à son toucher, alors que l’autre trident, pourtant plus petit, semblait plus chaleureux, plus maniable, moins rigide.

« Euh… je me demande si on ne s’est pas trompé de trident. On peut échanger ? »

Le trident plus petit était d’un bleu plus avenant, et effectivement, lorsque Potter l’eut en main, il sentit une étrange sensation de chaleur, comme si cette arme et lui ne faisaient qu’un. Exactement comme avec une baguette.

« Mais pourquoi c’est moi qui a la plus petite ? » demanda-t-il à voix haute, légèrement vexé.

Une lumière et une musique attirante se fait entendre au loin.

"Tu entends ? Le bruit fascinant d'un piège grossier. On s'y précipite ?" demanda-t-il avec son sourire ravageur.

Ce monde promettait d’être passionnant à explorer en tout cas.

Et bien et bien.
Le fameux soir était arrivé. Crystal terminait l'appel dans le dortoir des filles de Serdaigle avec du retard, à son plus grand malheur. Elle soupira et prit la petite sacoche qu'elle avait préparé sur son lit pour l'occasion. Il y avait beaucoup à faire ce soir, entre un monde étrange à explorer, des informations à récupérer et un cheveu à piquer, la jolie blonde n'allait pas pouvoir chômer. Prévoyante, elle avait donc élaboré quelques potions pour l'occasion et révisé soigneusement des formules utiles. Avant de sortir du dortoir, Crystal attrapa un petit bijou sur sa table de chevet.

Et puisqu'elle n'était pas en avance, elle se dépêcha, courant à travers les couloirs pour rejoindre le parc au plus vite. Ce ne fut qu'une fois dehors qu'elle attacha le bijou à son oreille. Il s'agissait du petit cristal aqueux que lui avait offert son gryffon de partenaire en lui proposant de participer avec lui à l'épreuve. Ca lui plairait sans doute de voir la demoiselle arborer sa babiole et assoierait un peu plus sa conviction qu'elle était toute innocente, malgré ses airs de reine des neiges.

Après avoir dévalé les escaliers et traversé une bonne partie du château, la jeune fille arriva finalement au lieu du rendez-vous. Leur professeur leur expliqua comment allait se passer les choses et donna ses dernières recommandations. Crystal en profita pour repérer James et le rejoindre, finissant de se préparer en attachant rapidement ses cheveux en queue de cheval. Problème : les mondes étaient entièrement psychique et ils ne pouvaient rien y emporter qui leur serait utile. Ses potions étaient inutiles et pour ce que lui avait demandé Severus, elle devait s'en occuper en dehors, faute de se donner du mal pour rien. Après, elle ne savait pas dans quel état elle serait mais avant, maintenant, c'était tout bonnement impossible. Il y avait bien trop de monde à les épier.

Par Morgane, pourquoi avait-on autorisé les élèves à assister au lancement de cette épreuve ?!

Enfin, il fallait faire avec et il n'était pas question de se compromettre, ni auprès de Severus, ni auprès de James. Heureusement, le serpentard avait prévenu Crystal suffisamment longtemps à l'avance pour qu'elle puisse établir une stratégie, basée sur un sortilège tout bête qui ne demandait aucune condition particulière pour fonctionner. Il fallait juste que Crystal se trouve près de James, assez pour récupérer ses cheveux, et encore, un accio pouvait régler le problème si jamais.

Le discours de Belacqua étant achevé, tous les élèves se dirigèrent vers leur porte attitrée. C'était maintenant. Crystal marchait tranquillement à côté de Potter, mais elle fulminait intérieurement. Fichus élèves et fichu Severus qui lui demandait de « prouver qu'elle était digne de sa confiance ». A croire qu'ils s'étaient passé le mot pour compliquer les plans de la belle.
Il était grand temps de se concentrer sur la prochaine étape, pourtant, et de chasser touutes inquiétudes parasites de son esprit. La porte qu'elle avait choisi était droit devant et Potter choisit ce moment pour une poignante déclaration :

« Quel que soit ce qui nous attend, tu pourras compter sur moi. O.K ? »

Crystal sourit légèrement comme seule réponse.
A l'entendre, on aurait dit qu'ils allaient sur un champ de bataille. L'épreuve allait sans doute être dangereuse mais il ne fallait pas exagérer non plus. Malgré tout, aucune pensée désagréable ne vint à l'esprit de la demoiselle, les contre-temps de l'épreuve avait détourné son acidité corrosive de Potter pour le moment.

L'un après l'autre, ils franchirent sans plus attendre la fameuse porte.
Ils marchaient, Crystal légèrement en retrait, puis soudain, les sensations se mélangèrent. La jeune fille se retrouva avec un écran noir devant les yeux et complètement désorientée, aussi bien dans l'espace que dans le temps.

Combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils avaient franchi la porte ? Où était-elle ? Où était James ? Elle ne voyait ni n'entendait rien. Mais c'était loin d'être désagréable. Elle sentait quelque chose de doux sur sa peau. Etait-elle dans son lit ? Preuve était-elle achevée ? Que s'était-il passé ? Loin de paniquer malgré les questions qui se bousculaient dans son esprit, la Serdaigle se concentra pour faire du tri dans tout ce bazar.

« Crystal, tu es encore là ? »

La réponse à une bonne partie des questions de Crystal tenait dans celle de James.
Se fiant à son sens auditif, la jeune fille se tourna instinctivement dans la direction du son, tout en répondant :

~ Oui, ici.

A ces quelques mots s'ajouta un air surpris. Ca par exemple, James Potter avec une queue de poisson à la place des jambes, ce n'était pas un spectacle commun. En bonne peste, Crystal se demanda ce que pouvait valoir ce genre de photos à Poudlard. Non pas que le garçon soit ridicule, -il était loin d'être le plus mal loti physiquement et les reflets de l'eau sur sa peau et sur ses écailles le rendait plutôt séduisant- mais c'était tellement... inattendu que cela ferait certainement un carton.

Mais si Potter était un triton le temps de l'épreuve, la Serdaigle ne devait pas y couper non plus. Avec curiosité, elle baissa les yeux sur sa propre situation et ne put que s'émerveiller des teintes irisées que prenaient ses écailles au gré des courants. Elle était également torse nu, mais on avait eu la décence de lui épargner toute humiliation en couvrant également sa poitrine d'écailles.

« Et c'est dans ce genre de moment qu'on remercie la nature de ne pas avoir une forte poitrine. Et soi-même de faire du sport. »

Vive le Quidditch.

Ceci dit, pour n'importe qui d'autre qu'elle, dépourvue de sa lourde robe de sorciers, la demoiselle paraissait toute menue. Il semblait qu'un courant un peu trop fort soit capable de l'emporter. Sans compter que la faible luminosité et les reflets bleutés moirant sa peau déjà bien pâle lui donnait plus que jamais l'allure d'une poupée de porcelaine. Et la porcelaine casse vite, c'est bien connu.

Quoi qu'il en soit, Crystal fut rassurée dans son choix de porte. Ce monde aquatique aux teintes sombres et glacées la faisait se sentir chez elle. Elle se sentait parfaitement à sa place, malgré ses attributs de sirène, et elle ne s'en cachait pas. Le bruit d'un sifflet la tira de sa torpeur euphorique par un léger sursaut.

« Vous êtes une très belle sirène, miss Odrinth. »
~ Et vous, un voyeur, monsieur Potter, lâcha-t-elle refroidie par le manque de tact du Gryffondor. Mais pour un gryffondor, le bleu te va plutôt bien.

Et sans plus tarder, la jeune fille testa ses nageoires. Finalement, ce n'était pas très différent de la nage traditionnelle, si ce n'est que c'était beaucoup moins fatiguant et beaucoup plus rapide. Les mouvements étaient plus faciles également, les trajectoires plus précises et fluides. Une fois ce nouveau corps adopté, la Serdaigle laissa son partenaire s'amuser pour détailler plutôt leur environnement.

Quelque chose attira son attention. Ca brillait comme du métal. Elle s'approcha avec prudence et constata qu'il s'agissait de deux tridents. Avant de les toucher, elle se retourna et appela Potter, qui la rejoignit avec un enthousiasme dont elle allait se lasser rapidement s'il ne retrouvait pas un peu de sérieux.

Sans la moindre précaution, le gryffon saisit l'une des armes et Crystal l'observa faire. Il ne se passait rien d'anormal alors elle prit le deuxième, pas vraiment convaincue par cette nouvelle arme. Le métal dans ses mains semblait... instable. Il serait vraiment difficile d'user de magie avec ça.

« Euh… je me demande si on ne s’est pas trompé de trident. On peut échanger ? »
« Si TU ne t'es pas trompé... »

Gardant cette réflexion pour elle, Crystal échangea le trident. La sensation était étonnamment différente avec celui-ci. Une onde de lumière, très faible parcourut le manche lorsque la jeune fille y referma ses doigts. Cette sensation ressemblait étrangement à celle qu'elle avait éprouvé en prenant sa baguette pour la première fois, chez Ollivander.

A l'instar de son camarade, elle fit tournoyer l'arme entre ses mains. Le sceptre était encombrant mais il fendait parfaitement l'eau. Crystal comprit aisément qu'elle devrait plus compter sur sa précision que sur sa vitesse, en cas d'attaque. Ce qui lui convenait par ailleurs parfaitement puisqu'avec son petit gabarit, elle se serait vite épuisée à bouger dans tous les sens comme un ver au bout d'un d'hameçon.

« Mais pourquoi c’est moi qui ai la plus petite ? »

La Serdaigle laissa échapper un petit rire devant l'air dépité qui accompagnait cette question.

~ Rappelez-vous monsieur Potter, commença-t-elle sur un ton professoral, que ce n'est pas la taille qui fait la puissance. Méfiez-vous des apparences !

Et pour des raisons pratiques, c'est bien que tu aies le plus maniable. Surtout si tu prends toujours autant de précautions avant de toucher à tout...

La jeune fille achevait sa phrase mais pourtant le silence n'emplissait pas l'espace. Une mélodie lointaine, comme une mélopée, troublait la quiétude de ce monde aquatique. Et il y avait également une lumière, blanche, qui se distillait dans la même direction. Comme le soulignait à juste titre Potter, cela venait probablement d'un piège, tellement grossier qu'il pouvait en cacher un autre ou ne pas en être un du tout.

~ Evidemment, on y va. Mais sans se précipiter, tu veux ? On n'est pas encore tout à fait habituer à ces corps et je n'ai pas envie d'être éliminée si tôt.

Et c'est ainsi qu'ils se mirent en mar... à nager vers la source lumineuse.

Nos deux compagnons venaient de s’accommoder de leur situation de sirène et s'étaient emparés du trident faits pour eux. Ils nageaient doucement vers la source lumineuse quand celle-ci s'éteignit brusquement tandis qu'ils sentirent un immense flux d'eau froide les repousser en arrière vivement. Ils ne voyaient à présent plus rien dans cette encre noire. Seul leurs tridents émettaient une légère lueur. Le silence était absolu et seul des mouvements dans l'eau se faisait sentir. Soudain, quelque chose les frôla. Une chose immense. Visqueuse. Ils sentirent de nouveau que l'eau les repoussait. Puis de nouveau, un calme absolu. Ils sentirent plus qu'ils ne virent le deuxième assaut. Quelque chose d'immense s'agitait devant eux. Entre eux et l'endroit où ils allaient.

Soudain, à la lueur de leurs tridents, une immense chose noire couverte de ventouse blanche faillit les atteindre. Les mouvements de l'eau les éloignait à chaque fois de l'endroit où ils étaient précédemment. L'océan s'agitait tout autour d'eux. La source lumineuse semblait réapparaître parfois au gré des déplacements de la créature ou des créatures. James et Crystal purent enfin apercevoir et reconstituer mentalement les morceaux de ce qu'ils voyaient.

Le Kraken. Le Gardien. La créature légendaire veille depuis des siècles et chasse les intrus. IL connait ces profondeurs mieux que quiconque. IL les voit sans le moindre mal, les sent remuer dans l'eau. IL sait qu'ils sont des intrus et ne les laissera pas passer. Ses bras pleines de ventouses tâtonnent à leur recherche afin de les avaler dans sa bouche ronde et remplit de dents. Le Gardien les arrêtera. C'est son devoir. Il agitent ses bras en tout sens, cherchant, cherchant ses intrus. Ils ne passeront pas. James et Crystal devront éviter ses multiples tentacules au péril de leurs vies. Seulement... deux viennent déjà de réussir à les attraper. IL les maintient et les ramènent doucement vers le centre de son être pour les faire disparaître.

Event des 6 Portes [James Potter & Crystal Odrinth] Kraken13

Une idée de la taille à la surface...

Lorsque Crystal le traita de voyeur, d’un ton assez froid, Potter lui répliqua, d’un ton plus sérieux qu’à l’accoutumée, mais différent toutefois de celle de la bleue-et-bronze, car toujours avec un sourire affleurant son visage : « Parce que tu préfères qu’on te trouve laide ? Désolé de te complimenter. »

La jeune fille se rattrapa plus ou moins. Pour un gryffon, le bleu lui allait bien ? Il ne portait pratiquement jamais de bleu, mais voilà un conseil à retenir.

« Merci, voyeuse ! » répondit-il, moitié en se moquant gentiment, moitié flatté.

Il échangea les tridents et testa sa nouvelle arme. Sa réflexion un tantinet désabusé sur la taille de l’arme réussit tout de même à arracher un petit rire à la reine des glaces. Il se garda de triompher et de lui dire qu’enfin il avait réussi à la faire rire. Au contraire, il baissa la tête, tout penaud devant l’air professoral de sa camarade.
« Oui, m’dame. » répondit-il, avec un ton d’enfant pris en faute. De même lorsqu’elle lui fit remarquer qu’il n’avait pris aucune précaution avant de se saisir de l’arme en question.

« Mais, Crystal, un homme, c’est comme un enfant : quand il voit un hochet, il le prend. » affirma—t-il en levant timidement la tête, continuant à jouer à l’élève avec sa camarade, pourtant plus jeune que lui. « Et puis, tu sais qu’à la base, je suis déjà un enfant gâté irrécupérable, alors imagine quand on me présente un hochet pareil ! »

Devant l’invitation à aller vers le danger, Crystal joua la prudence. Toujours conciliant, malgré l’imprévisibilité qui le caractérisait, Potter suivit docilement sa compagne. Il était d’une grande patience avec sa camarade. D’abord parce qu’il savait pertinemment que sa partenaire n’était pas un joyeux boute-en-train, et qu’elle manquait passablement d’humour. Ensuite, parce qu’il savait également, pour l’avoir observé plusieurs fois depuis l’épisode du livre volé, qu’elle n’était pas un modèle de sociabilité non plus.

« Je suis d’accord. On avance prudemment d’abord… et on fonce dès qu’on voit un danger ensuite ! »

Il se tourna vers Crystal.

« Non, je plaisante, bien sûr. Je n’ai pas envie d’être éliminé non plus. Tu sais bien que, parfois, il ne faut pas prendre tout ce que je dis au premier degré. » Il compléta sa pensée par : « Il est bon de ne pas prendre tout au sérieux, ça aide à prendre du recul.»

Potter n’eut pas le temps de prendre du recul métaphoriquement parlant, car le courant le força à en prendre physiquement. La lumière s’était éteinte t il se sentit repoussé, tandis que des mouvements dans l’eau se faisaient sentir.

« Lumos ! » déclara le garçon en brandissant son trident.

Mais la lumière se fit à peine voir que quelque chose de terriblement puissant se montra. Visqueux et cependant très fort, d’une probable étreinte implacable. L’océan s’agitait devant l’imposante masse qui se déplaçait.

« Nom d’un calmar géant ! » laissa s’échapper le garçon.
Dans le lac vivait le mystérieux et gigantesque calamar géant, mais il faisait office de nain face à ce mastodonte.

« C’est une seule et même créature, et c’est lui qui nous cache la lumière… » souffla, admiratif, le garçon, estomaqué devant une telle masse."Eh bien... Bonjour, mon grand!" lui lança-t-il, doucement mais amicalement, croisant ses grands yeux.

Que devait-il faire ? Le monstre tentait de les attraper. Avait-il faim ? Mais les animaux mangent généralement des animaux précis, dans un menu qu’ils connaissent. Soit il avait l’habitude de manger des tritons et des sirènes, soit il était affamé et prenait tout ce qui se présentait à ses tentacules ! A moins qu’il soit comme le calmar géant et doté d’une simili-conscience… En ce cas, il protégerait son territoire, exactement comme les stangulots protégeaient leur trésor lorsque James était dans le lac.

*Et si c’était ça ?*

Potter n’eut pas le temps de poursuivre son débat intellectuel car une des formidables ventouses venaient de l’attraper. Crystal et James étaient plus rapides que lui mais il avit des tentacules en quantité ! Le calmar géant en avait dix, mais lui, il les agitait tant que même dans l’hypothèse qu’il en aie dix aussi, on pourrait croire qu’il en possédait vingt !
Par réflexe, Potter tenta de desserrer l’étreinte. Il n’allait pas finir dans l’estomac d’un monstre marin, tout de même ! Pas dès la première épreuve.

Encore une fois, son combat contre les strangulots revint dans sa mémoire. Il pointa son trident et frappa le plus fort qu’il pouvait en hurlant : « LASHLABASK !» Est-ce la surprise de voir la petite créature le piquer ainsi, ou le sort avait-il réussi ? L’étreinte se desserra et la force de sa queue de poisson aidant, Potter réussit à glisser hors des tentacules. Mais il s’en était fallu de peu.

Il prit ses distances et voulut vérifier que Crystal s’était aussi délivrée, prêt à l’aider en cas de besoin.

« Pourquoi nous attaques-tu ? On ne te veut pas de mal ! » lança-t-il au monstre cent fois plus gros que lui.

Il chercha Crystal prêt à lancer d’autres sorts si le kraken approchait encore un de ses dangereux tentacules.

« Par contre, si tu as fait du mal à Crystal, je te jure qu’on réglera ça, mano à mano. » prévint-il.

Crystal suivait Potter tout en subissant ses cancanneries inutiles et ennuyantes, lui répondant tantôt d'un sourire faussement amusé, tantôt d'un roulement d'yeux exaspéré qui passait facilement pour une simple moquerie gentillette. Si tu savais pauvre James, tout ce que pensait ta coéquipière de toi, tu aurais hurlé de joie en voyant une étrange masse passer juste devant à la lumière de ton lumos.

La jeune fille frémit et recula d'un battement queue vif, prise par surprise. Qu'est-ce que c'était que ça ? Et le courant était différent quelques instants plus tôt. Ca sentait le roussi. Une froideur implacable se posa sur le visage de Crystal : elle avait la frousse et s'en cachait à sa manière. La prise raffermie sur son trident, elle scrutait tout comme Potter les environs, ne comprenant pas ce qui leur arrivait. Son arme semblait dérisoire, un trident qu'elle ne savait pas utiliser pour seul rempart à une créature marine. La belle affaire. Si au moins, elle pouvait savoir comment le faire fonctionner...

« Nom d’un calmar géant ! »

C'était le cas de le dire.
Manigancer des coups en douce dans le château ou être douée en duel était une chose, mais affronter un tel... monstre en était une autre. Faisant face à un adversaire infiniment plus grand et plus fort qu'elle, sans arme valable dans les mains, Crystal n'en menait vraiment pas large.

Courageuse mais pas téméraire.
La vérité, c'était surtout qu'elle n'avait aucune idée de comment se débarrasser de ce poulpe géant. Sans en être au stade de la panique, la stupeur de croiser une telle bestiole dès le début de leur épreuve l'empêchait de réfléchir correctement. Potter trouva encore le moyen de plaisanter. Et si elle s'en servait d'appât pour détourner l'attention de la bêbête et passer ni vu ni connu derrière ? Double problème. S'il quittait l'aventure avant elle, elle n'avait aucune chance de faire ce que Severus lui avait demandé et si elle était l'origine de sa défaite, il reviendrait.

La frustration gagna du terrain et rendit juste à temps la lucidité à Crystal. Un tentacule fusait déjà vers elle, mais il lui semblait étrangement... lent. Ou bien était-ce elle qui nageait plus vite ? Si question vitesse, elle n'avat visiblement pas de soucis à se faire, la sirène improvisée dut lutter contre les forts courants que produisait le kraken. Le petit jeu dura quelques minutes mais sur terre comme la mer, l'endurance, ça n'était pas son fort et elle sentit bientôt un tentacule la happer, lui coupant le souffle un instant.

Aaaah mon gars, t'as pas choisi la bonne cible.
En se sentant étreindre par le muscle froid, la jeune fille avait eu le réflexe de survie de se dégager les bras. La perspective de l'échec imminent lui remit les idées en place. Pour se sortir de là, elle était forcée d'utiliser son trident. Comment ? D'après ce qu'elle avait vu de la tentative de Lumos de Potter, les sorts qu'on leur enseignait à Poudlard avec leur baguette avaient du mal à naître avec les tridents. De plus, au lieu de ne faire qu'un avec elle, comme sa baguette, il semblait plutôt avoir besoin de son contact pour « vivre ». Et enfin Belacqua leur avait dit que leurs armes pourraient servir de « catalyseurs ».

Il était tant de tester son hypothèse.
Tournant la pointe du sceptre sur le tentacule qui l'attirait vers la gueule de l'animal, Crystal frappa de toute ses forces la peau, tout en essayant de diffuser un peu de sa magie dans le trident, comme un transfert d'énergie, ou ce genre de chose. En somme, la jeune fille avait dans l'idée d'alimenter son arme par sa magie et non de s'en servir comme moyen pour lui donner forme.

Le monstre relâcha son étreinte après le coup, rétractant son infâme proéminence comme si le trident de Crystal n'avait été qu'une épine. Même si la comparaison était désagréable, car soulevant la petitesse de la Serdaigle par rapport au monstre, cette dernière ne demanda pas son reste et fila plus loin.

Plus loin où elle retrouva James, qu'elle rassura sans lui laisser le temps de poser la moindre question.

~ C'est bon, je n'ai rien.

Rien sauf un air courroucé à faire trembler de peur le plus menaçant des fantômes de Poudlard. Se faire toucher et humilier de la sorte par une bestiole à ventouse... C'était intolérable ! Dès son retour au château, et à la bibliothèque, la demoiselle irait prendre un livre sur les créatures marines et s'investirait davantage dans le soin aux créatures magiques, et plus spécialement sur comment cuisiner un poulpe géant. « Kraken pané et sa sauce, sur lit d'algues marinées », un plat certainement exquis. Elle aurait été seule qu'elle aurait ricane méchamment à cette pensée, mais pour l'heure, elle préféra la chasse rapidement de son esprit.

Ils devaient passer. Et la bestiole leur avait montré par sa taille et l'opulence de ses tentacules que foncer dans le tas ne servait à rien, preuve en était qu'aussi bien Crystal que James s'étaient fait prendre, comme l'indiquait quelques rougeurs sur le corps, là où le tentacule les avaient enserrés. Donc il fallait trouver un autre moyen de passer.

~ On n'y voit vraiment rien...

Et cette simple constatation rappela à Crystal qu'il faisait effectivement noir mais que pour autant le Kraken n'avait aucune peine à les trouver. Par le son ? Non, elle n'avait pas parlé en esquivant les assauts. Peut-être était-ce l'eau... les mouvements. Il devait sentir leur mouvement.

~ Tu crois qu'avec les tridents, il y a moyen de figer l'eau autour de nous ? Je pense qu'il nous repère à nos mouvements dans l'eau.

Le Kraken, gardien ancestral de ces eaux fut surpris des petites piqûres qu'il subit et relâcha ses proies. Cela le mit dans une rage noire. Il ouvrit grand sa bouche où des centaines de dents pointus se trouvaient et hurla sous l'eau. Le cri était effroyable et l'eau qui en jaillit avait l'odeur rance du poisson mort. Il commença à s'agiter dans tous les sens avec ses tentacules pour faire payer à ces proies leur impudence. Ils ne passeraient pas. L'idée était ancrée dans l'esprit du Kraken comme un refrain. Il avait jusqu'à présent tendu ses tentacules doucement pour sentir les mouvements de nos deux sirènes, évitant de fausser ses perceptions par ses propres mouvements, ne pouvant voir malgré ses bons yeux, de si petites créatures. Mais, maintenant, la colère lui fit perdre ses moyens et c'est avec violence qu'il battait l'eau en tout sens, espérant qu'il tuerait par l'impact ces deux créatures qu'il savait être des intrus. Ce qu'il ne savait pas, c'est que les deux sirènes nouvellement crées nageaient plus vite que lui. Avec plus de grâce, de vitesse, de précision. Il avait la force pour lui. Ils avaient leur agilité et leur intelligence. Mais deux frêles sirènes réussiront-ils à déjouer l'expérience du Gardien?

Le garçon commençait à s’inquiéter pour sa camarade. Des étincelles jaillirent de son trident tandis qu’il menaçait le Kraken d’en venir aux mains, jusqu’à ce que Crystal l’ait rejoint.

Elle lui affirma n’avoir rien, mais les traces de ventouses laissées sur son corps de sirène montrèrent bien qu’elle s’était faite prendre, elle aussi. Son air courroucé était redoutable. Potter était bien content de ne pas être le kraken. Il ne lui avait jamais vu ce regard colérique avant.

Il sentit aussi son cerveau bouillonner. La serdaigle réfléchissait, autre indice que ça allait chauffer pour le monstre marin. Elle proposa de figer l’eau autour d’eux, suggérant que le kraken se repérait aux mouvements dans l’eau.

« Peut-être qu’il nous repère ainsi, mais peut-être qu’il a tout simplement une très bonne vue. Tu as vu ses yeux ? Figer l’eau ? Peut-être pas, mais tu as sûrement raison pour les courants, ils lui donnent une indication… Il faudrait profiter d’un moment de faiblesse de sa part, d’un manque de vigilance, et s’engouffrer dans la brèche, en le trompant.»

Ce moment de faiblesse, les deux sirènes l’avaient provoqué sans trop le vouloir. Contrarié d’avoir été piqué par de si petites créatures, le kraken s’agitait. Avec ses tentacules, il se gênait lui-même. Ce courants successifs donnèrent une idée au joueur de quidditch. Certes, il n’avait pas de balai, mais il avait un trident… et si cette arme faisait office de propulseur ?

« Le sort aguamenti permet de projeter de l’eau suffisamment fort pour éteindre un incendie. Mais ici ? Il provoquerait un courant opposé à nous, ce qui le tromperait, et en plus, il nous propulsera encore plus vite. Il est immense, nous sommes des mouches pour lui. Tu as déjà essayé d’attraper une mouche ? Nous avons la rapidité pour nous, et si nous le trompons tout en augmentant notre vitesse… on a une chance de passer sans qu’il nous voit - donc sans qu’il nous poursuive. »

L’idée de Crystal combiné à l’esprit pratique de James allait-elle réussir ?

*Il n’y a qu’un moyen de le savoir.*

En bon chevalier servant, le néo-triton refusait que Crystal prenne des risques en premier.

« Je tente ce plan du côté droit, toi du côté gauche. Je pars en premier, comme ça, si cela rate, il sera concentré sur moi et tu pourras sans doute passer. Au mieux, nous serons tous deux de l’autre côté. Au pire… je t’aurais au moins aidé à passer. »

Que dire de plus ? Il fallait profiter de la colère et de l’inattention du kraken. Potter s’avança lentement, guettant une ouverture. Il se tourna vers sa camarade, et lui glissa un « bonne chance » avec son plus beau sourire. Et pourtant, il était mort de peur. S’il ratait son coup, s’il n’était pas assez rapide, il risquait de s’écraser contre un tentacule… ou de finir emprisonné puis avalé par le monstre.

Un peu en avant, Potter vit avant d’entendre le formidable rugissement du roi des mers. Une affreuse odeur de poisson rance arriva jusqu’aux élèves de Poudlard.

Le garçon, calme, s’essuya les yeux, déclarant simplement au monstre, au sujet de cette haleine infecte : « J’ai connu pire. » Puis, il empoigna fermement son trident-balai, le coinçant, pointe en arrière le long de son corps. Il se concentra, et les pointes de son trident crépitèrent comme lorsqu’il était inquiet pour Crystal il y a peu.

« Aguamenti » déclara-t-il.

Habitué à la vitesse d’un balai, il n’avait pas coutume de jouer sous l’eau et ne s’attendait pas à un jet d’eau violent qui le propulsait fortement vers le côté droit du monstre, laissant derrière lui de fines bulles.

Se servant de son queue à la fois comme gouvernail et comme accélérateur, Potter espéra que la théorie de Crystal était vraie et que le monstre se basera sur les courants, ce qui le détournerait de sa proie. Sinon, il n’avait plus qu’à compter sur sa vitesse et son expérience d’éviteur de cognard pour passer malgré les tentacules mouvantes. Elles provoquaient des remous, mais encore ne fois, Potter avait l’expérience du vent violent lorsqu’il était sur son balai. La seule difficulté, c’est que les cognards étaient tout de même beaucoup plus petits que ces troncs d’arbre qui s’agitaient dans tous les sens.

Utiliser son trident comme un balai. Pourquoi pas effectivement. Un peu sur la réserve malgré tout, la jeune fille prit quelques secondes de réflexions avant de se prononcer. Ils étaient déjà rapide mais la propulsion détournerait l'attention du Kraken, quoi qu'il arrive. Ca pouvait se tenter, surtout que Potter ouvrirait la marche, lui offrant tout naturellement d'être l'appât. S'il prenait toujours ce genre d'initiative, nul doute qu'ils formeraient une équipe efficace.

Et comme toujours, il récolterait toutes les acclamations. Potter, protecteur de ses dames. Quelle pitié d'être mêlée à cela. Enfin, il serait temps de ruminer cela plus tard et ce n'était pas forcément une mauvaise chose -fierté mise à part- que de se montrer coopérative avec lui. Connais ton ennemi mieux que ton ami, comme on dit. Et pour glaner des informations compromettantes, elle était plutôt douée.

En attendant que ce jour jubilatoire n'arrive, il ne fallait pas se laisser aller. Crystal imita rapidement son camarade, prenant le trident à l'envers en le serrant fermement entre ses serres de rapace. Le joli corbeau attendit que le Kraken s'intéresse aux remous de Potter pour se concentrer sur son sort.

L'espace d'un instant, Crystal ne comprit rien à ce qui se passait. La puissance du départ l'avait surprise, mais rapidement, elle retrouva elle aussi ses habitudes de joueuse de Quidditch. Comme sur le terrain, elle focalisa son attention sur la lumière derrière le Kraken, l'assimilant au vif d'or, et laissa son instinct et ses autres sens que la vue la prévenir u danger des tentacules. Au final, c'était même plus facile qu'en match, car en plus d'entendre les tentacules se rapprocher, elle pouvait les sentir avec les remous de l'eau et les éviter plus facilement.
De plus, la différence de vitesse entre elle et la bestiole était bien supérieure à celle qui la séparait des cognards sur le terrain. La seule difficulté majeure ici était finalement de maîtriser suffisamment ses trajectoires pour ne pas foncer droit sur le poulpe et réagir assez tôt pour éviter ses attaques. Si le trident permettait de faire un très bon propulseur, il était en revanche beaucoup moins maniable qu'un balais.

Pendant sa traversée sauvage, la jeune fille se moquait éperdument de ce qui se passait du côté de son camarade et pourtant, le garçon devait avoir plus de difficultés, ayant pris les devants pour attirer l'attention de la bestiole. Crystal aurait au moins pu avoir une pensée de reconnaissance à son égard. Aurait pu. Mais on ne change pas en quelques minutes et cela faisait des siècles que la demoiselle n'avait plus fait attention à d'autres qu'elle...

Le Kraken s'agitait, cherchant à les frapper avec la puissance de ses tentacules immenses. L'océan était agité comme un soir de tempête. Difficile d'éviter les courants contraires, les remous, les chocs de l'eau entre deux flux. Et pourtant, l'idée de James Potter réussit à déjouer le Kraken, de plus en plus furieux de voir ses proies réussir à se faufiler dans sa fureur. Disperser sur deux cibles, le Gardien ne concentrait pas ses efforts sur l'un des intrus et au lieu d'avoir deux poissons, n'en avaient aucun. Les deux joueurs de Quidditch se faufilaient avec grâce et rapidité entre les ventouses par milliers. Et ils finirent par passer indemne de l'autre côté du Kraken. Mais était-il sauf pour autant? Ce serait prendre la créature majestueuse pour un piètre Gardien. D'une poussée horizontale de ses tentacules, il avança par à-coups puissants vers les deux sirènes, comptant maintenant les avaler, faisant cesser la menace aussitôt. Les deux sirènes avançaient vers la lumière encore floue et lointaine mais la fuite était sans espoir. Le monstre gigantesque était à quelques mètres d'eux, hurlant sa colère.

Et voilà que sortant de nulle part, un chant fit son apparition. Des voix multiples entonnaient une mélopée mélodieuse. Le Kraken s'arrêta comme envoutée. Notre Gryffondor et notre Serdaigle sont alors peu à peu entourés d'autres tritons et sirènes, auteurs de la douce mélodie. Ils leurs souriaient, les invitant à les suivre et continuer leur chant qui calmait la bête des Abysses. La vingtaine d'êtres de l'eau emmenèrent les deux élèves dans une danse gracieuse, virevoltant autour d'eux et chantant encore dans l'obscurité froide. Les créatures étaient magnifiques et semblaient symboliser le mot perfection chacune à leur façon.

Peu à peu, James et Crystal purent voir la lumière parfois bleuté, parfois verte devenir plus éclatante, moins floue. L'éclat provenait de différentes sources dans une ville à l'architecture à la fois ancienne et moderne. Le premier mot qui venait à l'esprit était "magnifique" quand on voyait son halo de lumière bleuté. Des poissons et des créatures semblables à eux nageaient paisiblement, gardé au loin par le Kraken apprivoisé. James et Crystal pouvaient contempler les différents lieux où les emmenèrent leurs compagnons qui les acclamaient avec joie et chaleur, bien décidé à leur montrer les merveilles situés sous leurs eaux. Des musiques et des chants s'élevaient de-ci, de-là, accompagnant leurs routes d'une mélopée divine.

Ils purent admirer les hautes tours argentés et les jolis temples de marbre, s'émerveiller des jardins sous-marins d'algues et de plantes dansant au gré des courants, des fleurs, de la faune sauvage et pourtant si calme des profondeurs. Quel mot pourrait décrire la grandeur de la ville? Qui pourrait s'extasier devant tant de beauté sans vouloir tout découvrir et jamais se lasser? Mêmes les ruines à l'extérieur de la ville dégageaient une grandeur encore vivante. D'autres sirènes et tritons se joignaient à leur groupe chantant pour eux, les caressant délicatement, leur souriant. On louait leur combat face au Kraken, on s'extasiait devant la beauté de James, on s'exaltait devant l'élégance de Crystal. On parlait de faire un nouveau sport en leur honneur, montait sur des tridents. On leur évoquait les trésors inestimables de la cité d'Atlantis. Ses bibliothèques aux secrets entiers, ses arts présents dans chaque rue et de nombreux musées, ses jardins vivants et paisibles, son architecture époustouflante, ses habitants accueillants, toujours heureux. On les acclamait, on leur offrait des colliers et des fruits de mer, on leur jouait des mélodies harmonieuses.

Flânant au milieu de la ville, James et Crystal purent voir le regard un peu tristes des Atlantes se portaient sur des ruines en bordure de leur merveilleuse ville.

Mais leur nostalgie dura seulement quelques instants quand de nouveau, ils portèrent leur regards sur les deux nouveaux habitants d'Atlantis. Assurément, ils seraient tous deux heureux. James se faisait embrasser sur la joue pour les plus timides, sur la bouche pour les plus audacieuses, toutes repartant en riant et rougissant, toutes chuchotant la beauté athlétique du Gryffondor. Crystal se voyait quand à elle apportait des livres de grands savoirs, impossibles à trouver sur le sol terrestre, on la dévorait des yeux, la vénérait comme une déesse. Pour tous, c'était évident! Il fallait les emmener auprès du Grand Roi qui les comblerait de présent. Avec de vifs coups de queue, on les emmena jusqu'à la plus haute tour argenté. Ils entrèrent dans un magnifique palais, vaste et majestueux, où des gardes protégeaient chaque porte. On les conduisit jusqu'à la salle du Trône où le Grand Roi les attendaient, précédés qu'ils étaient par la rumeur des chants.

Le Triton était grand et bleu, chevelure violette ondulant par la douce bercée de l'eau. Son charisme était grand et il semblait puissant et habile au combat de par la façon dont il tenait son Trident. Il les accueillit par un grand sourire, malgré ses yeux fatigués. Et d'une voix forte et solennel, il leur dit :

"Bienvenue à Atlantis! Puisse ce Royaume vous apporter la paix et la sérénité! Puissiez-vous lui apporter grandeur! Je suis vraiment ravie d'accueillir deux nouveaux compagnons dans notre éternité!"

Les sirènes et tritons chantèrent leur joie dans un énième chant à la gloire des deux élèves.

"Si vous le désirez, vous pouvez choisir dès maintenant votre demeure ou alors vous restaurer ou vous rafraichir..."

Potter était passé ! Son talent de joueur de quidditch allié à sa trouvaille de l’aguamenti lui avait permis d’éviter les tentacules et de passer derrière. Ayant attiré l’attention du monstre, le garçon espérait que Crystal soit passé, elle aussi. Il prit le risque d’attendre sa camarade. Fort heureusement, il n’eut pas longtemps à s’inquiéter, Crystal surgissait du côté gauche du Kraken. L’ayant repéré difficilement, à cause des remous et des tentacules multiples, il lui adressa un salut et reprit sa course en diagonale pour la rejoindre.

Le monstre n’avalait pas sa défaite, voilà qu’il les poursuivait. Malgré son imposante taille, il les talonnait. Les tridents n’allaient pas assez vite. Leur sort le plus puissant ne servirait qu’à chatouiller le monstre. Même un Avada Kedavra de Tête-de-Serpent ne serait qu’une piqûre de mouche pour un tel mastodonte.

Bref, la fuite était sans espoir.

*Belacqua nous a bien roulé !* pensa le garçon. *Elle nous a imposé une tâche impossible.*
Un chant surnaturel et hypnotique se fit entendre alors. Le Kraken s’arrêta. Des sirènes et tritons entourèrent les deux ex-humains. Tous splendides.
« Par Ulysse ! » ne put s’empêcher de s’exclamer le gryffon.

Ces êtres avaient calmé la créature, demandant aux deux camarades de chanter avec eux. Le garçon n’eut pas le choix, il chanta, se retenant de chanter une chanson qui lui venait en tête : « Krakra, si tu savais/ Ton haleine, ton haleiiine. / Krakra, si tu savais/ Ton haleine comme ell-euh puait ! »

Après cet intermède musical, les habitants ses profondeurs les emmenaient maintenant dans leur cité. Une cité… sous-marine magnifique ! La lumière venait de leur ville. Potter ouvrit de grands yeux ronds.

*Je suis déjà allé au fond du lac, et j’ai croisé des êtres de l’eau. Ils ne ressemblent pas du tout à ça, et leur habitat n’a rien à voir non plus !* pensa-t-il.

Des musiques et des chants se faisaient entendre. La cité semblait respirer la joie de vivre. Les architectures différentes, semblant mélanger plusieurs âges, se mariaient très bien entre eux. Une cité qu’une fois découverte, on n’avait plus envie de quitter.

Les sirènes et tritons semblaient avoir décidé de faire des deux voyageurs les héros du jour. Potter entendait des compliments, de l’admiration, des caresses de la part de sirènes. Lorsque leurs hôtes parlaient de créer un nouveau sport en leur honneur, le garçon précisa : « je vous aiderai à écrire les règles ! » La course sur trident, voire un quidditch sous-marin était très envisageable pour le bouillant capitaine de Quidditch, se voyant déjà nommer ce sport : le Potter !

On leur offrait des colliers de coquillages, James se faisait maintenant embrasser par diverses sirènes timides, audacieuses, mais toutes joyeuses. Inutile de dire que le garçon était complètement ravi et sa méfiance totalement endormie. Comme le corbeau de la fable, il ne se sentait pas de joie, et eut même le réflexe stupide quand on est dans l’eau, de s’ébouriffer les cheveux.

Bien sûr, il remarqua la tristesse des atlantes devant les ruines de la périphérie, mais ne se posa pas plus de questions que ça, complètement extatique face à l’admiration- justifiée, bien entendu – des atlantes, surtout les sirènes…

*Je ne suis vraiment pas jugé à ma juste valeur en haut. Ces poissons-là savent reconnaître le mérite et le charme!*

On les emmena devant le roi. Potter s’attendait presque à voir un Dumbledore version poisson, avec une grande barbe flottant au gré des courants. Il n’en était rien. Le roi était athlétique et puissant. Charismatique, il en imposait. Il leur souhaita la bienvenue et leur proposa de choisir une demeure ou de se restaurer.

Le garçon tiqua un peu au mot « éternité ». Le roi pensait-il qu’ils resteraient pour toujours ? Quand on choisit une demeure, ce n’est pas pour des vacances, mais bien pour s’installer définitivement… Bien que complètement charmé par la ville, le garçon n’oubliait pas ses compagnons maraudeurs, ses amis, une chevelure rousse… S’il ne revenait pas, Lily viendrait lui tirer les oreilles jusqu’ici pour le faire revenir ! Pauvre Kraken… S’il faisait l’erreur d’essayer de la retenir…

Cependant, il valait mieux ne pas détromper tout de suite le grand roi, surtout accueilli comme ils l’ont été. Le garçon interrogea sa camarade du regard, puis déclara :
« Merci de votre hospitalité et de votre accueil. Votre cité est vraiment merveilleuse, à l’image sans doute de ses habitants. Nous reprendrions volontiers des forces avant de nous reposer, en vous remerciant de votre hospitalité. »

Il s’inclina, comme il paraissait qu’on le faisait devant un souverain. Cependant, il releva la tête après quelques secondes.

« Excusez ma question tout personnelle, sire, mais vous savez, il parait que l’éternité, c’est long… surtout vers la fin. Ne vous fâchez pas, mais… quel âge avez-vous ? »

Le Kraken passé, les ennuis ne s'arrêtèrent pas là. La bestiole continuait à les poursuivre malgré tout et ne semblait pas prête de les lâcher. Bien au contraire, s'être laissé berner par les deux petits planctons semblait lui donner des ailes.
Puis une voix s'éleva. Non, il y en avait une multitude mais toutes se mêlaient en un seul choeur, un seul chant destiné à calmer la bête et permettre aux deux élèves de ralentir, en toute sécurité.

Ainsi, leur voix pouvaient dompter les animaux marins. C'était bon à savoir. Mais si leurs chants étaient mélodieux, pouvait-il être strident aussi ? Assez pour briser des objets ? Ca aussi, cela pourrait être utile. A tester, éventuellement. Mais plus tard, car pour le moment un attroupement de tritons s'étaient formé autour de Crystal pour l'escorter vers la lumière. Cette proximité la révulsait, les flatteries encore plus. Elle n'était pas là pour jouer et surtout, elle n'était pas une jolie parure à exhiber de la sorte.
Malgré tout, le corbeau resta souriant et agréable, remerciant ceux qui l'entouraient pour leur aide et un peu plus sincèrement ceux qui lui offraient des livres. Elle devait absolument les lire avant de partir d'ici, puisqu'elle ne pourrait en ramener aucun hors de ce monde.

Le trajet ne dura pas longtemps mais bien assez pour laisser un goût amer à la nouvelle sirène. C'était trop reluisant, trop parfait pour être vrai. Ce domaine lui était familier. Son intuition se confirma lorsqu'ils passèrent devant des ruines que tout le monde ignora, laissant pourtant planer un étrange silence sur le cortège.

Conduits devant le roi, les deux nouveaux reçurent un formidable accueil.
Pourtant, après le discours du roi, James et Crystal échangèrent un regard qui en disait long sur leurs pensées. Ni l'un ni l'autre n'était dupe. Quelque chose ne tournait pas rond ici et ils allaient probablement devoir découvrir quoi s'ils ne voulaient pas rester piégé ici. Le tout étant de savoir s'ils voulaient le faire envers et contre tous ou sous cape et discrètement.
La préférence de Crystal n'était pas bien compliquer à deviner.

« Merci de votre hospitalité et de votre accueil. Votre cité est vraiment merveilleuse, à l’image sans doute de ses habitants. Nous reprendrions volontiers des forces avant de nous reposer, en vous remerciant de votre hospitalité. »

Par Morgane merci, Potter n'était pas l'idiot du village qu'il laissait paraître.
Enfin...

« Excusez ma question tout personnelle, sire, mais vous savez, il parait que l’éternité, c’est long… surtout vers la fin. Ne vous fâchez pas, mais… quel âge avez-vous ? »

Crystal, qui s'était inclinée au même titre que son camarade se redressa vivement et lui lança un regard à faire trembler un épouvantard et ajouta à sa suite.

~ Pardonnez mon camarade, seigneur. Son humour est légendaire de là où nous venons. Il a pris la mauvaise habitude d'en faire la démonstration partout où il passe, désormais...

Crystal ponctua sa phrase d'un sourire gêné.
Puis, attendant l'aval du maître des lieux, elle reprit.

~ Nous ne connaissons pas vos coûtumes et vos lois, nous venons tout juste d'arriver. Mais nous ne voudrions pas froisser quelqu'un en commettant un impair, par inadvertance. Alors... Serait-ce possible que quelqu'un nous explique tout cela, Majesté ?

La situation était vraiment inconfortable et Crystal avait l'impression de marcher sur des œufs, surveillant chacune de ses paroles et de ses gestes.

Le Roi leur souriait et écouta bienveillant les paroles de James Potter. Il s'inclina même, appréciant le compliment sur la cité et ses habitants. Il fut surpris par la première question du nouvel arrivant mais n'eut le temps de répondre que la jeune fille l'accompagnant intervint diplomatiquement. Le Roi rit de bon cœur et leur adressa la parole de façon moins solennel.

"Ne vous inquiétez donc point, Dame, votre compagnon n'a point été offensant. Il est normal que vous ayez plein de questions et nous serons tous ravis de les entendre! Vous avez maintenant tout le temps pour vous habituer et vivre en paix dans notre communauté. Toutes les portes du Royaume de l'Atlantide vous sont grandes ouvertes! Vous pourrez visiter notre immense bibliothèque contenant beaucoup de secret ayant disparu de la surface, nos musées, nos jardins... Mais je suis sûr que mes sujets vous ont déjà dit tout cela. N'ayez pas peur de commettre un impair. Nous pardonnons facilement du moment que vous ne faîtes aucun mal à nos lieux de savoirs et d'art ainsi qu'à vos compatriotes. La liberté nous est très chère ici. Mais vous avez faim! Pardonnez mon manque de savoir-vivre."

Le Roi claqua ses mains l'une contre l'autre un peu en l'air et des tritons et sirènes s'agitèrent dans un ballet gracieux. Certains amenaient une table, d'autres des plats et boissons, tandis que quelques uns s'installaient dans un coin avec une harpe. Ils entonnèrent aussitôt de douces musiques tandis que le roi et ses proches sujets se disposaient autour de la table, laissant deux place en face du Roi.

Les plats étaient composés de poissons, fruits de mer, plantes aquatiques arrangés avec goûts et étant très appétissants. Des fleurs et perles avaient été placés avec beaucoup d'esthétisme sur la table autour des assiettes de porcelaine et les couverts en argents.

"Je vous en prie, servez-vous mes chers invités. Festoyons aux retrouvailles! Quelle joie d'accueillir deux nouveaux habitants aussi talentueux et intelligents que vous. Mes sujets m'ont vantés vos exploits face à notre Gardien."

Le Roi leur sourit et se servit allègrement de crevettes, de thon et de saumon, avec quelques algues qui semblaient tendres et savoureuses.

"Pour répondre à votre question, j'ai plus de 5000 ans... Comme tous mes sujets. On ne compte plus au bout d'un moment et on peut difficilement se rendre compte de l'avancée du temps à cette profondeur. Parfois, nous remontons à la surface, mais nous évitons. Le Kraken s'agite quand on le fait car il ne peut veiller à notre sécurité et en même temps à celle de la cité. Le Dieu des Océans et Mers lui a octroyé cette tâche il y a déjà fort longtemps, avant même que je ne naisse dans ces eaux. Beaucoup pensent que notre cité a été engloutie pour nous punir, mais ce n'est pas le cas. Nous étions trop avancés technologiquement pour ceux de la surface. Il a voulu nous permettre de vivre longtemps et de continuer à grandir notre savoir et nos arts en nous évitant les guerres âpres avec les autres peuples qui jalousaient notre avancée. Vous vous plairez assurément ici, vous pourrez aller choisir parmi nos logements encore vides celui qui vous convient le mieux. Nous allons organiser la semaine prochaine une fête en votre honneur. Ce n'est pas tous les jours que nous avons la chance d'avoir de nouveaux compatriotes!"

Le Roi disait ces quelques mots avec enthousiasme et un peu d'émotion tandis que les sirènes et tritons servaient et desservaient la table, apportant divers mets sucrés et salés tandis que les harpistes jouaient doucement.

"Posez nous n'importe quelle question et nous vous y répondront avec plaisir! N'ayez aucune crainte, nous sommes trop heureux de vous avoir à nos côtés pour l'Eternité pour nous fâcher facilement."

Il rit de nouveau, sincère et heureux. Il avait l'air un peu moins fatigué, plus pétillant.

"Vous avez d'autres questions? Je vous en prie, n'hésitez pas!"

Peu après la question du garçon, sa camarade lui lança un regard tellement assassin qu’il avait l’impression qu’elle allait l’étrangler. Pourtant, il s’était trouvé très diplomatique. Et s’ils ne posaient aucune question, comment sauraient-ils ce qu’ils allaient devoir faire dans ce monde ? Potter se disait que la jeune fille avait un tempérament plus colérique qu’il ne le pensait… Mais par rapport à Lily, elle en était encore au stade de l’amateurisme !

D’ailleurs le roi semblait s’amuser de la situation. Il leur reconfirma leur statut d’invités d’honneur, leur ouvrant toutes les portes de son royaume. Claquant des doigts, il fit apporter le couvert. Cela tombait bien, le garçon avait très faim. Il s’installa à côté de Crystal mais non loin du roi. Il fut un peu maladroit pour s’asseoir et surtout rester assis au lieu de s’éloigner de la table au gré du faible courant marin. Pas de chaises ? Plutôt normal, quel intérêt auraient-elles, dans cette relative apesanteur ?
Les tritons et sirènes avaient fait les choses en grand : beaucoup de mets, très esthétiques et appétissants, s’étalaient sur la table. Un risque d’empoisonnement ? De drogues ? Potter n’y pensa qu’à peine, avant de commencer à manger sans complexes.

« C’est drôle… » chuchota-t-il à Crystal. « Je sais que ce morceau de poisson n’existe pas. Je sais que lorsque je le mets dans ma bouche, c’est Belacqua qui dit à mon esprit que ce poisson est cuit mais délicieux. Au bout de trois heures, tu sais ce que j’ai compris ? Les ignorants sont bénis. »

En effet, tout n’était pas cru dans ces repas. Sans doute la présence de volcans sous-marins servaient-ils de chauffe-plats. Quant aux livres… comment pouvaient-ils en avoir, sans qu’ils se décomposent ? Encore une fois, une solution a dû être trouvée, comme du papier fait à base d’algues, ou quelque chose de ce genre. Quoi qu’il en soit, les habitants de ce monde imaginaire ne semblaient pas conscients du tout d’être irréels. Ce monde était le leur, et ils avaient acceptés les deux élèves de Poudlard si gentiment que Potter souhaitait presque que Belacqua avait menti, et qu’elle les avait vraiment transportés dans des mondes parallèles.

Potter faillit tout de même s’étouffer en entendant la réponse à sa question sur l’âge du roi. Cinq mille ans ? Il était sérieux ? Ainsi que tous les habitants de la ville, même la jolie sirène qui jouait de la harpe en face d’eux ? James regardait plus attentivement. Pas d’enfants… Leur immortalité avait-elle pour conséquence leur infertilité ?
*En même temps, si ce n’était pas le cas ils auraient eu le temps de se multiplier et de remplir l’océan, en cinq mille ans…*

Pourquoi possédaient-ils des logements vides ? Apprendre leur immortalité provoqua mille questions au jeune garçon. Pouvaient-ils mourir ? Après tout, ils étaient faits de chair, et si l’un d’eux était attaqué par un gentil requin blanc, il ne pouvait être remplacé, s’il n’y avait pas de naissances. Ce qui veut dire que, fatalement, la population baissait au gré des morts, accidentelles ou non. Voilà pourquoi la présence de nouveaux était un évènement, quelque chose qui ne leur était pas arrivé depuis longtemps… depuis cinq mille ans, en fait.

« Crystal », chuchota-t-il. « Leur civilisation périclite, ces immortels perdent de la population, ils sont tous stériles et ils espèrent peut-être que nous sommes mortels et qu’on repeuplera leur monde, tous les deux ou avec eux. Je les suspecte de vouloir nous nommer reproducteurs officiels. »

La serdaigle avait-elle suivi le même raisonnement que lui ? En tout cas, voilà donc pourquoi les sirènes s’étaient toutes précipitées vers le gryffondor… Enfin un nouveau mâle! En cinq mille ans, beaucoup d’entre elles ont dû prier pour qu’un triton fécond passe dans les parages…

Potter souriait, tendant son verre au roi en hochant la tête, comme pour approuver ce qu’il disait sur l’éternité, mais toujours avec son sourire de circonstance, il glissa à Crystal :

« On est dans la m…e. »

N’importe quelle question ? James devait demander quelque chose, mais il ne pouvait décemment déclarer qu’ils ne seront pas les sauveurs attendus, qu’ils n’avaient pas la moindre idée de comment les sirènes se reproduisaient, et que de toute façon, il n’était pas question qu’ils se transforment en Adam et Eve des profondeurs.

« Je vais tenter de noyer le poisson » murmura le garçon à sa compagne. Il trouvait cette expression merveilleusement adaptée aux circonstances.

« Oui, Majesté, j’ai une petite question. Oh, rien d’important. Parmi vos logements vides… serait-il possible de s’installer vers les ruines, en bordure de votre ville ? Je trouve que cet endroit a besoin d’être sacrément remis en valeur. A moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse d’un endroit...sacré, justement.» rajouta-t-il, décidément en veine de jeux de mots.

*Ainsi, échappant à toute surveillance, nous pourrons nous enfuir plus facilement*

Le roi essayait d'entendre ce que James et Crystal pouvaient bien se chuchoter. Seul quelques bribes lui parvenaient à propos de reproducteur, poisson et mortel. Il ne voulait pas être indiscret avec ces nouveaux hôtes mais il craignait que ceux-ci ne restent pas. Le roi avait un regard profondément triste en voyant que ces invités cachaient leur conversation. De toute évidence, ils n'avaient pas confiance ou préparaient quelque chose de malveillant. Le roi en était peiné mais sourit promptement quand le jeune homme s'adressa à lui.

Son sourire disparut aussitôt pour afficher un visage mélancolique et triste. Le Roi semblait hésiter à dire quelque chose. Il restait pour le moment silencieux, réfléchissant. Les musiciens s'étaient arrêtés aux paroles de James, progressivement. Tous affichés une mine grave et la tête basse. L'ambiance festive, féérique venait d'être totalement rompu. Personne ne faisait le moindre geste. Pas un bruit ne se faisait entendre dans l'Océan.

Le Roi s'agita enfin, révélant un regard un peu vitreux. Il s'éclaircit la voix en toussotant. Ses sujets semblaient suspendus à ses lèvres, dans l'attente de sa réponse aux deux nouveaux venus. Le Roi en avait conscience mais ne s'en souciait pas. Il avait le regard qui se posait sur la jeune fille puis sur le jeune homme. Il parla enfin, d'une voix où perçait toute l'étendue du désespoir. Le Roi avait décidé de se montrer sincère. La séduction n'avait pas eu l'effet escompté. Il espérait que la vérité saurait provoqué la générosité des deux inconnus.

"Vous ne pouvez vous installer là-bas. C'est effectivement un endroit sacré, mais aussi un endroit qui mériterait de revivre comme il l'était avant. C'est là-bas que se trouve notre bibliothèque la plus prestigieuse. Mais plus personne n'y va depuis des centaines d'années. L'endroit est maudit."

Le Roi fit une pause. Devait-il aller plus loin dans son discours? Tout leur dévoier? Les deux jeunes gens semblaient intelligents et avaient affrontés le Kraken. Se pourrait-il qu'ils y parviennent? Une occasion semblable ne s'était pas présenté depuis des siècles. Il devait sauver son peuple.

"Autrefois, il y a plus de 5000 ans, notre peuple a commencé à devenir arrogant, tyrannique, hédoniste, violent et de plus en plus stupide. Nous mésusions les dons que nous avez octroyés le Dieu des Océans. Celui-ci, dégouté par notre attitude nous a immergé dans l'Océan. Dans sa mansuétude, il a permis à notre culture de survivre et à notre peuple d'évoluer pour devenir ce que nous sommes. L'impératrice, en fut bouleversée. Elle avait essuyée la colère d'un Dieu. Elle n'avait pas su gérer son peuple. Lilandra Neramana a vu son humeur changer au fur et à mesure des années, tandis que notre peuple continuait ses frasques. Elle n'arrivait pas à le contrôler. Elle devint vraiment amère et dépérissait de jour en jour. Un jour, elle alla dans cette bibliothèque et relâcha des esprits terribles des eaux dedans. Puis, elle remonta et mourut dans mes bras, moi, son fidèle bras droit. Elle m'a demandée de lui pardonner. Elle a prédit que notre civilisation dépérirait comme elle si on ne trouvait pas la solution. Elle avait cachée dans la bibliothèque envahi d'esprits féroces un parchemin, contenant un secret qui permettrait à notre peuple de vivre de nouveau dans la gloire, la fertilité et la paix, quand il serait enfin digne de cet âge d'or. Suite à son décès, nous avons essayé à plusieurs reprises de descendre en bas de cette bibliothèque pour trouver le parchemin, mais aucun de nos guerriers ou intellectuels n'en est revenu. Au fur et à mesure des siècles, notre peuple a appris l'humilité. Nous vivons maintenant en paix, dans l'amour et la joie. Mais nous ne parvenons plus à avoir d'enfants. Et la région qui entoure la bibliothèque dépérit doucement mais progressivement. Notre peuple est destiné à mourir car nous ne parvenons plus à nous reproduire. Et nous sommes attachés à ce lieu. Quand nous partons trop loin de la cité, nous mourrons au bout de quelques semaines."

Le Roi resta silencieux quelques instants, se recueillant dans sa peine. Les sirènes et tritons dans la salle faisaient de même, pleurant intérieurement.

"Si... si vous vouliez nous aider, nous vous serions reconnaissants et vous indiquerions comment repartir. Acceptez vous?"

Spoiler:

Après la question de Potter sur leur possible installation dans les ruines de la ville, l’atmosphère changea complètement. De gaie et festive, elle devenait triste et silencieuse.

*J’ai bien mis le doigt sur quelque chose. Mais sur quoi ?*

Le roi avait changé de visage ; il devenait mélancolique et ses yeux millénaires devenaient vitreux.

Ainsi l’intelligent James avait-il compris que cette partie de la ville souffrait d’un problème… non, que toute leur civilisation souffrait d’un problème. Leur immortalité dont ils étaient si fiers, et leur civilisation perdue au fond des eaux étaient bien une malédiction. Une seule personne détenait la solution, mais avait donc décidé de laisser son peuple dans son état car il l’avait mérité. La solution était dans la bibliothèque, cachée par des monstres. Mais du moins, c’est ce qu’elle avait prétendu, juste avant de mourir, à son fidèle bras droit, le roi actuel. Rien ne prouvait qu’elle n’ait pas menti, dans l’espoir que son peuple change en tentant d’être digne de ce parchemin.

*Ils sont déjà assez tristes comme ça, inutile de leur donner le coup de grâce en mettant en doute leur soi-disant chance d’être sauvés.*
Les masques de joie des sirènes étaient tombés, la réalité se montrait. Le roi leur parla même de repartir. Comment savait-il que c’était le but des deux collégiens ? Probablement de la même façon que James avait deviné leur malheur, par déduction. Il avait compris que Crystal et lui n’étaient pas frères et sœurs, qu’ils avaient donc chacun une famille quelque part, des amis, qu’ils venaient d’un endroit précis, où ils voudront fatalement retourner. Peut-être une autre ville ?

*Aucun d’entre eux n’est revenu… ce n’est franchement pas rassurant. Mais puisqu’ils n’ont pas grand-chose à perdre, pourquoi n’y sont-ils pas allés, tous ? Les ruines ne peuvent pas cacher de monstres aussi gigantesques que le kraken, les démons des eaux ne pourraient pas grand-chose face à une ville entière, et leur problème serait résolu sans autres sacrifices. A moins qu’ils n’y soient pas allés par lâcheté… sont-ils vraiment prêts à lever leur punition ?*

Quoiqu’il en soit, une telle décision ne pouvait être prise sans concertation.

« Excusez-moi, mais ma compagne et moi-même devons parler seuls. Nous devons y réfléchir. Vous permettez ? »

Potter prit calmement le bras de Crystal, et ils se retirèrent suffisamment loin pour ne pas être entendus. James savait volontairement laissé son trident près du roi, de façon à ce qu’il ait une garantie de son retour.

« Bon, Cry-cry, je sais ce que tu vas dire, et tu as sûrement raison. On n’est pas mêlé à leurs histoires, aller à nous deux dans la bibliothèque est de la folie, ils nous ont mentis une fois, rien ne nous garantit qu’ils ne nous mentent pas une fois de plus, et de toute façon, leur civilisation ne nous regarde pas. Leurs dieux ont clairement déconné. Leur impératrice était une crétine sans nom pour avoir inventé ces épreuves et laissé ainsi son peuple sans espoir ou presque alors qu’elle avait trouvé un remède et qu’il lui suffisait tout simplement d’attendre quelques milliers d’années pour que son peuple change.»

Le garçon souffla. Oui, rien ne les obligeait à aller les aider. Sauf que…

« Sauf que si Belacqua nous a envoyé ici, c’est pour une mission précise, et la voilà. Nous savions que nous serions confrontés à des épreuves, et voilà celle de la générosité. Ou de la folie, c’est selon. Quel que soit leur faute, cinq mille ans de prison, même dorée, j’estime que c’est beaucoup. Leur civilisation part en cacahuète. Eux-mêmes sont au-delà du désespoir, et j’imagine que pas mal d’entre eux partent mourir loin de leurs villes. Ils ont du mérite de ne pas avoir tous pété les plombs. On ne peut pas rester les bras croisés à se réjouir de leur malheur. Ils sont au bord du précipice. Si on refuse, ils tombent. Il faut les tirer en avant, pas en arrière. On doit les aider, parce qu’ils en ont besoin. Sinon, on ne mériterait pas le nom d’être humain. »

Potter espérait qu’il l’avait convaincu. Il était persuadé d’avoir raison, son grand cœur de gryffondor l’aurait poussé à leur venir en aide, même sans toutes ces raisons, mais il savait qu’il fallait plus que l’attrait du danger pour convaincre la serdaigle de venir l’aider.

Les deux collégiens revinrent. Les yeux des tritons et sirènes étaient tous braqués sur eux, certains pleins d’espoir, les autres de résignation. Potter s’adressa à eux :
« Peuples de la mer, quel que soit votre faute, l’éternité est trop longue pour la subir. Nous comprenons votre détresse. Nous sommes sensibles à votre demande. Mais je vous préviens : cette formule, inventée par votre impératrice, n’existe peut-être pas. Mais même si elle existait, le retour à la fécondité ne pourra s’accompagner que de la mortalité. Si vous guérissez, ce sera de tout, même de la vie éternelle. Vous vieillirez, vous tomberez malades. Vous mourrez. »
Il termina son discours par une phrase-choc :

« Peut-être nous regretterez-vous si nous échouons. Peut-être nous maudirez-vous si nous réussissons. »

Potter attendit la réaction des tritons et sirènes avant de compléter :

« Pour notre départ, si des membres de la ville veulent nous accompagner, nous les accueillerons avec plaisir. Nous aurions grand besoin d’un guide qui connaissait la bibliothèque et ses quartiers. »

*Et aussi, symboliquement, il faut absolument qu’un atlante soit avec nous, pour montrer la rédemption de son peuple. *

Spoiler:

James entretenait la conversation avec le roi triton et Crystal était repassée au statut de fantôme qu'elle appréciait tant. Et même si certaines réflexions de Potter l'exaspéraient au plus haut point, elle restait silencieuse. Il était plus simple de réfléchir en laissant les autres s'exprimer. Et réfléchir, c'était ce qu'elle faisait de mieux, surtout pour faire des sales coups, mais c'était une autre histoire.

Présentement, la jeune serdaigle était plutôt surprise de la perspicacité de Potter au moins autant que par son manque de diplomatie. Heureusement pour eux que le roi était d'une grande tolérance et d'une grande gentillesse, sinon ils auraient eu tôt fait de finir dans quelques sombres geôles pour apprendre au gryffondor le respect dû à un souverain.
Malgré ce manque de tact légendaire, il fallait bien reconnaître qu'il n'était pas aussi idiot que la jeune fille s'était plu à le croire jusque là. Pourtant, il faisait tellement de choses... stupides. Un vrai paradoxe que Crystal se promit d'étudier avec plus d'assiduité.

Pour l'heure cependant, son esprit était plutôt occupé avec cette histoire de ruines. C'était évidemment étrange mais elle aurait préféré aborder le sujet plus tard et en plus petit comité, étant donné qu'ils ne savaient pas quel genre de mystère entourait ce lieu. Mais encore une fois, la chance jouait de leur côté et le roi consentit à leur expliquer tout ce qui touchait à ces ruines.

L'histoire était assurément triste mais Crystal s'en moquait éperdument. Ils n'étaient que dans un monde imaginaire et ces personnes autour d'eux n'existaient que dans leur esprit. Elles n'étaient que des donneuses d'épreuves et rien de plus. La première avait été le kraken, la seconde serait donc les ruines où ils devraient trouver un livre et affronter des génies des eaux et autres créatures aquatiques similaires.

Crystal eut donc du mal à suivre le raisonnement de Potter. En le suivant loin du banquet, elle ne s'était pas douté une instant que c'était pour chercher à la convaincre d'aider les sirènes. Elle lui aurait d'ailleurs volontiers rit au nez si elle n'avait du faire équipe avec lui. Elle le laissa finir tout son blabla avant de lui répondre, avec un léger sourire :

~ C'est évident qu'on va les aider.

Sans rire, son air était un peu moqueur, mais pas méchant. Comme avoir un visage angélique pouvait être utile...

Les deux jeunes revinrent devant les tritons et James leur annonça ce qu'ils avaient décidé et son discours fut assurément trop pompeux aux yeux de glace de la demoiselle, mais encore une fois, elle ne pipa mot et conserva un sourire aussi amène que possible, pour adoucir un peu les paroles cashs de James.

Elle rajouta simplement à la fin :

~ Ou au moins un plan des lieux et quelques renseignements sur ce que l'on risque de trouver à l'intérieur.

Le Roi attendait anxieux, une réponse positive. Si ces deux nouveaux venus ne voulaient point rester avec eux, il espérait secrètement qu'ils réussiraient là où son peuple avait échoué. C'est digne mais un peu inquiet qu'il accueillit la réponse de James.

"B... Bien sûr, je vous en prie ! C'est une importante décision. Prenez votre temps. Nous avons attendu des siècles, nous pouvons attendre encore quelques instants voir quelques jours."

Il scruta les deux adolescents mais il n'arrivait pas à déchiffrer leur visage. Il regarda les membres de sa Cour qui attendait tout comme lui. Il n'osait les réconforter ou leur insuffler de l'espoir mal venu. Finalement, après un laps de temps court, le triton inconnu vint les retrouver et commença à donner sa réponse. Le Roi se fit tour à tour plein d'espérance mais aussi quelque peu rembruni. Cet étranger ne comprenait pas. Mais il ne pouvait lui jeter le blâme. Il fallait avoir vécu l'éternité pour comprendre que c'était un fardeau plus qu'un don...

"Amis, vous nous faîtes là un grand honneur que de venir en aide ainsi à des inconnus. N'ayez crainte. Nous ne regretterons pas si vous réussissez. Nous sommes tous las de l'éternité. Rien de nouveau hormis les quelques morts de nos héros vaillants et courageux qui ont plongés dans la fosse. Ce n'est plus qu'une longue journée. Une mélancolie s'est emparé de nous et beaucoup ont perdu l'espoir. Si nous n'avions le désir de faire perdurer notre culture et nos traditions, si nous ne répugnions pas au suicide, nous serions déjà tous décidés à descendre dans l'enfer de la Bibliothèque."

Son peuple acquiesça, l’œil morne au rappel de leur condition. Le Gryffondor parvint à les faire passer de la tristesse à l'inquiétude en leur demandant des volontaires pour les accompagner. Le Roi jeta un regard à la fois compréhensif et accusateur. Il avait honte de son peuple en cet instant. On leur apportait de l'aide et ceux-ci ne voulait même pas participer à la grandeur de restaurer le peuple Atlante dans son ancienne vie. C'est d'une voix grave et solennelle, quoiqu'un peu tremblante qu'il accueillit les paroles de la Serdaigle.

"Bien évidemment. Je dois dire que je suis déçu et courroucé de l'attitude de mon peuple. Urlryn, veuillez faire passer le mot parmi les Atlantes. Que des gens se portent volontaires pour aider nos deux amis. Et qu'on trouve une carte de la Bibliothèque."

Un triton à l'aspect cérémonieux partit promptement, sans remous. Les autres gens dans la pièce baissaient la tête, honteux de leur peu de courage face aux deux inconnus qui risquaient leur vie pour eux. Le Roi secoua la tête, peiné, mais défaitiste.

"N'en veuillez pas trop à mes compatriotes, je vous prie. Certains viendront à vous, mais peu. Les dangers sont grands et les manières de mourir bien horribles. Les cadavres de nos amis sont remontés à chaque fois dans un état affreux. En bas, vous verrez des Stoluth, qui ébouillantent l'eau, des Nadras, qui éventrent de leurs griffes pointus, des Moliaroth, qui vous hypnotisent ou parfois prennent votre corps ainsi que des Lummel qui vous ensorcellent par leurs paroles et au corps souvent intangibles... Sauf quand elles essayent de vous tuer. Ce sont des créatures tellement horribles que Poséïdon les a lui-même répudiés. Elles ne craignent que lui. Nul n'est allé en dessous du septième étage. Les étages regroupent des thèmes précis et la prophétie se trouve en dessous. Seulement... plus on approche du bas de la bibliothèque, plus les créatures se font féroces, agités."

Il espérait que cela ne ferait pas fuir les deux nouveaux arrivants, mais il se devait de leur dire la vérité... Sur ces dernières paroles, Urlryn réapparut, encadré d'une dizaine de sirènes et tritons. Le Roi s'avança vers eux, solennel. Il leur fit d'abord une révérence pleine de majesté puis les remercia pour finir par les présenter à ceux qui allaient être guidés et protégés.

"Merci, mes chers amis. Puisse votre vie être épargné et votre gloire accompagner votre vivant ! Je vous confie nos deux précieux arrivants qui vont tâcher de trouver la prophétie. Voici Numior et Filiel, les deux bibliothécaires qui étaient chargés de ranger et classer les œuvres avant la catastrophe. Bien que des millénaires soient passés, ils possèdent une excellente mémoire. Ce sont les deux seuls qui aient survécus. Les autres sont morts dans les expéditions."

Les deux jeunes tritons bruns à l'aspect chaleureux, saluèrent timides.

"Et voici Calel (un triton à l'aspect solide et à la longue chevelure blonde, noué en natte), notre chef guerrier le plus ancien. Il a souvent combattu quelques uns de ces monstres. Il est le seul à avoir réussi à remonter. Lothë, son second, l'accompagnera. (Le Roi désigna le triton aux écailles dorés et à la chevelure blonde et courte qui se trouvait derrière Calel). Isen et Pelior sont des hommes agiles, tirant merveilleusement à l'arc (les deux sorciers peuvent voir un triton aux écailles foncés et à l'aspect fier et un autre à la chevelure violette comme le roi et aux écailles émeraudes). Nimië et Elur sont nos deux meilleures chasseuses. Elles pistent, ont l'oreille, domptent les animaux, voient plus loin que beaucoup de nos compatriotes (le Roi montre deux belles sirènes rousses et jumelles au sourire féroce). Pour terminer Usul (triton plutôt âgé mais au regard plein de sagesse) et Lalië (sirène aux cheveux courts et blancs) vous guideront dans les méandres de la bibliothèque, priant pour vous. Ce sont nos deux sages les plus éminents. Vous pouvez y aller quand vous serez prêt. Encore merci de votre sacrifice. Nous penserons à vous pendant tout votre périple."

Les sirènes et tritons s'inclinèrent tous respectueusement et longuement aux pieds de leurs sauveurs puis se retirèrent en silence, hormis l'équipe qui accompagnait James et Crystal.

Après quelques temps, Calel les fit sortir de la pièce royale et les emmena à l'armurerie. Le groupe était quelque peu raide et grave. Ils prirent tous leurs armes de prédilection : arcs légers à flèches perçantes, poignards somptueux et agiles, tridents aérodynamiques et tranchants. On invita les deux héros à choisir ceux qu'ils préféraient puis on les mena à la lisière de la ville près d'un trou béant dans les ruines. La lumière pénétrait seulement quelques mètre plus bas. Mais les tritons et sirènes avaient l'habitude des profondeurs et prirent quelques lanternes à la lumière phosphorescentes. Ils commencèrent à descendre en silence. Le vieux Usul dit à mi-voix aux deux adolescents que l'effet de surprise pouvait leur faire gagner de précieuses minute.

Le onzième étage et le dixième ne contenait que des livres sur la biologie, la vie sous-marine, terrestre et aérienne. Il n'y avait pas un bruit, pas un remous dans l'eau. On sentait les tritons et sirènes tendus et à l'affût. Les étages défilaient et toujours à mi-voix, les deux bibliothécaires évoquaient les thèmatiques : histoire, géographie, sciences, arts... On commençait à entendre des bruits, des courants d'eau chaude. On se sentait épié par des yeux invisibles. Des livres tombaient de temps en temps, suivit de rire. Filiel se reçut même un énorme bouquin dans la nuque. Des portes claquaient, des marches grinçaient.

Alors qu'ils étaient parvenus au huitième étage, Lothë se mit à agir bizarrement, surement en réaction à des chants que lui seul entendait. Il se tortillait de gauche à droite le regard fixe, le visage serré. On pouvait voir une légère crispation dans ses yeux. Nimië s'approcha doucement, l'appelant doucement. Soudain, celui-ci la transperça de son trident acéré. La vie s'éteignit dans le regard de la sirène rousse. Elur poussa un cri strident à la vue de sa sœur ainsi tué par un de leurs frères d'armes, dont le sang se répandait dans l'eau maintenant troublé. Cri vite éteint par Calel qui posa sa main sur la bouche de la femme qui reprit ses esprits, le visage plein de larmes silencieuses. Lothë agissait toujours sans expression, mais à la gesture pleine de menace. Calel poussa Elur vers les autres et leur fit signe de façon impérieuse de continuer tandis qu'il engageait un combat envers son ami de toujours, son fidèle bras droit, cherchant à ne pas le blesser alors que son adversaire lui, cherchait à le tuer.

Ses autres compagnons continuèrent donc jusqu'au septième étage. Plus ils étaient descendus, plus il faisait sombre et chaud. Ils sentaient des frôlements, des griffures dans leurs dos, sur leurs écailles, même sur leurs visages, sans jamais rien voir qu'une eau qui s'agitait. Les livres volaient en tout sens. Là, où les derniers étages où ils étaient arrivés étaient ordonnés et peu dérangés, les créatures prenaient un malin plaisir à déchirer, jeter, froisser les vieux écrits des étages inférieurs.

Soudain, des formes se matérialisèrent devant eux, les empêchant d’accéder à l'étage du dessous. C'étaient des monstres horribles et difformes, munis d'une multitude de dents, de tentacules, d'yeux étranges et phosphorescents. Des bulles nombreuses s'échappaient du corps de certains, des chants s'élevaient de la bouche narquoise de créatures orangés et aux pics nombreux. D'autres monstres possédaient de multiples nageoires pleines de pics où pendaient encore des lambeaux de peaux. Ils s'aperçurent soudain que Numior gisait derrière eux, le visage tordu par la douleur, le ventre lacéré... tandis que Usul et Lalië psalmodiait le nom de Poséïdon à voix haute. Leurs paroles semblaient repousser les créatures qui les regardaient méchamment, prêtes à se jeter sur eux.

Certains lançaient des jets d'eau bouillante sur les tritons et sirènes, cherchant à leur barrer le passage tandis que d'autres faisaient claquer leurs mâchoires. Une créature verte aux multiples tentacules essayaient de capter le regard des tritons et sirènes, les charmant de paroles qu'eux seuls pouvaient entendre. C'est ainsi que Pelior se jeta dans leur bras, juste avant d'être totalement dévoré. Le sang coulait de son corps inerte tandis que les prières au Dieu de l'Océan avaient permis aux autres survivants de passer jusqu'au sixième étage. Là, se trouvait une table de pierre, qui formait comme un socle en marbre ou un écritoire. Dessus se trouvait un parchemin doré, lumineux. Mais tandis qu'ils s'approchaient ainsi du parchemin, les créatures leur barraient le chemin et venaient de tuer Lalië sous les yeux d'Usul, qui priaient encore plus vite et plus fort... Il ne restait plus que James, Crystal, Usul, Elur et Isen...

Spoiler:

La camarade de Potter n’opposa aucune difficulté à accepter. Pensant qu’il allait devoir la convaincre, le garçon fut agréablement surpris du courage de sa collègue, qui accepta sans hésitation, sur un air moqueur. Potter, d’un geste affectueux, ébouriffa ses cheveux mouillés, adoptant lui aussi un tom moqueur :
« Et tu me laisses parler, en plus ! Vilaine ! »

Il savait que sa compagne était un peu spéciale, sujette à des sautes d’humeur qui le surprenaient parfois ; il comprenait mieux pourquoi elle était mise à l’écart des autres, probablement à cause de son caractère lunatique. Mais, passé ce cap, et si on comprenait qu’elle aboyait plus qu’elle ne mordait, elle pouvait devenir une bonne amie. Telle était l’opinion naïve de James sur la pro-mangemorte.

Après son discours, le roi leur adjoint plusieurs guerriers. Se croyant à poudlard avec des maraudeurs, ou au quidditch avec des joueurs, Potter se hâtait de retenir leurs noms et leurs spécificités. Après tout, il allait devoir leur confier sa vie, et inversement. Lorsqu’on leur proposait de s’armer, James garda son trident, de peur qu’un autre ne puise lancer de sorts, et il prit un poignard, juste au cas où. Il accrocha le fourreau autour de sa taille, et la vaillante troupe partit pour la bibliothèque maudite.

Calel, le vieux guerrier, était incontestablement le chef de cette troupe, le guide, mais Potter, par un naturel de capitaine, restait à ses côtés, s’affirmant volontairement comme le numéro deux de l’expédition.

Ainsi, les dix compagnons, formant une petite communauté *la communauté du parchemin* pensa l’imaginatif garçon, descendit les étages.
Leur première victime fur une des deux jumelles, par un membre de leur expédition. Calel restant pour retenir le triton possédé par un moliaroth, Potter avança en tête.
Arrivé au septième étage, un autre fut attaqué par des nadras, et y laissa la vie. Un des deux sages craqua et, sous les yeux de ses compagnons qui ne purent le retenir, alla droit vers le lummel aux tentacules vertes qui le dévora.

Le parchemin était visible, mais ces monstres ne les laisseraient pas passer. Calel n’était pas là, il fallait bien que quelqu’un prenne les directives des opérations. En bon capitaine, ce fut Potter qui prit cette responsabilité. Il exposa son plan :

« Il nous faut Calel et son second. Löthé est sous l’influence des deux moliaroths. Ils peuvent hypnotiser un guerrier, mais toi, Usul, ils ne pourront pas t’hypnotiser. Déconcentre-les suffisamment pour qu’ils relâchent leur étreinte mentale sur Löthé. Ainsi, les renforts arriveront ! Filiel, tu es un grand bibliothécaire, ta mémoire est si grande que tu te souviens de la bibliothèque, même des milliers d’années avant. Tout l’hypnotisme du monde ne pourra rien si tu récites ou si tu chantes quelque chose de simple. Et tu vas le leur réciter, à ces deux-là, et en hurlant le plus possible pour les déconcentrer d’avantage. Ainsi, nos deux amis nous rejoindront et mon petit doigt me dit que Löthé se fera un plaisir de tuer les moliaroths, si vous arrivez à tenir… et vous tiendrez ! Parce que vous êtes habitués au bruit et à la musique. Eux, ils sont habitués au silence.

Elur, je sais que tu veux venger ta sœur, et tu en auras l’occasion : Tu peux dompter des animaux, tu es une bonne chasseresse, c’est ça ? Regarde ces nadras : ils ont toutes les pointes du monde sur le corps, mais aucune réflexion. Des prédateurs, des requins, qui s’imaginent déjà se servir de tes arêtes comme cure-dents. Autrement dit, ils ne s’attendent absolument pas à ce que tu leur réserves. Ils sont nés pour te servir.

On ne peut pas approcher ces stoluths, ils ébouillantent l’eau, mais, toi, Isen, tu n’as pas besoin de les approcher, n’est-ce pas ? Utilise ton arc, bouge le plus possible et montre-nous ton agilité. Ils sont trois, mais ils seront contraints de t’approcher pour t’affecter, et si tu es suffisamment agile, tu vaincras.

Le lummel est un malin, il a perverti le vieux triton, parce qu’il était intelligent, réfléchi et sage. Il ne s’attend pas à affronter un crétin bravache et sans cervelle : moi ! Il va vite comprendre que ses paroles ne lui serviront pas parce que je ne comprendrai pas la moitié de ce qu’il me racontera. Il est trop cultivé pour moi ! »

Le capitaine se tourna vers sa camarade.

« Crystal, le parchemin est pour toi. Utilise tout ton savoir de serdaigle, et méfie-toi, il y a peut-être un autre piège concocté par cette impératrice tordue. Seulement, si elle a pensé à tous ces sujets, elle n’a pas pu te connaître, et son piège sera peut-être inefficace, car ce ne sera pas une sirène qui prendra le parchemin, mais une humaine transformée. Je suis désolé de t’envoyer prendre autant de risques, mais c’est notre seule chance. »

Il lui toucha l’épaule en lui souriant, pour lui souhaiter bonne chance. Malgré le plan de Potter, ils pouvaient échouer ; mais si Crystal seule réussit l’épreuve, le garçon considérera qu’il aura gagné aussi, et tant pis si miss Belacqua ne sera pas de cet avis !

« Chacun sait ce qu’il a à faire ? Alors, c’est parti ! Montrons à ces créatures de l’âge de pierre, ce que nous savons faire, nous les êtres marins. »

Sur un cri d’encouragement, les tritons et sirènes allèrent affronter leurs monstres.

James dut donc affronter le lummel. Il commença par un « faites gaffe, les mecs. V’là le professeur Potter ! »
Il commença par installer dans son esprit l’image de son cher et adoré Nimbus 1500, aux formes aérodynamiques et au profil parfait, maisz le monstre vert parla dans son esprit et commença à l’attaquer. Il lui promettait un bien meilleur balai, ainsi qu’une joie ineffable.
« Iné quoi ? » demanda le garçon, qui a rompu le charme par cette question.
Le lummel étala ses tentacules pour se rapprocher du garçon qui prit de suite son trident et lança un « Incendio ! ». Un jet d’eau bouillante brûla les tentacules et le lummel recula. De ses gros yeux, il chercha une autre proie, un peu plus savante et un peu moins dangereuse.

« Cherche pas, ma golden, je suis ton adversaire ! » répliqua le joyeux garçon.

Filiel et Usul réussirent à tenir en respect les deux moliaroths, on entendait particulièrement bien Filiel qui entonnait un chant à la gloire de Poséidon. Mais s’ils empêchaient les créatures de s’emparer de l’esprit de quelqu’un, ils ne pouvaient s’en débarrasser et ils restaient à la merci des deux créatures si une seule d’entre elles réussissait à prendre le dessus. Tant que Calel et son second ne revenaient pas, le statu quo était de mise.

La rousse Elur avait grandement besoin de se défouler contre les quatre monstres. Sûrs d’eux, ils furent vite surpris par sa défense. Habituée à lutter contre les bancs de requins, elle leur résistait. Mais elle avait sûrement l’habitude de lutter avec sa sœur, et seule, elle semblait moins sûre d’elle. Si elle arrivait à vaincre le chef de la bande, en le tuant ou en le dominant, sans doute réussirait-elle à faire entendre raison aux trois autres. Elle essayait, mais il lui fallait une diversion.

La diversion en question vint de Isen qui, après beaucoup d’efforts, réussit à atteindre par ses flèches, un stoluth. Aussitôt, deux nadras se précipitèrent vers le cadavre perdant son sang en jet de fumée rouge, et commencèrent à le dévorer. Ce fut la meilleure chance pour Elur : des deux qui restaient, l’un d’eux était le chef. Le vrai combat allait pouvoir commencer…

Isen se sentait à la peine. Il avait eu beaucoup de mal à vaincre une des trois créatures, et les deux autres, excités par la mort de leur semblable, augmentèrent leur jet d’eau bouillante. La température devint suffocante, même pour le triton éloigné, les flèches n’atteignirent plus les deux autres monstres. Alors, le triton eut une idée : le sacrifice. Il se posa volontairement vers le cadavre du stoluth, juste à côté des nadras, trop occupés à manger. Les deux stoluths survivants firent bouillir les deux nadras, morts sans comprendre, et atteignirent la queue d’Isen qui n’eut pas le temps de s’enfuir, mais qui s’en doutait.
Au moment où les deux nadras mouraient, Elur avait dompté le chef et envoya les deux nadras venger leurs semblables. Ce fut un combat entre les quatre monstres, et si les deux stoluths furent déchiquetés, un nadra périt ébouillanté, et le dernier, le chef, fut grièvement blessé.

Elur récupéra Isen qui eut la satisfaction de voir ces créatures mourir avant de rejoindre à son tour, l‘autre monde, dans les bras de la sirène rousse.

Le lummel attaqua Potter mentalement, lui promettant des merveilles, abaissant son esprit pour que le vantard capitaine puisse suivre ses pensées. James pensait bien que cette créature s’adapterait, il avait pensé à une parade, mais n’était absolument pas sûr que cela marcherait… Mais il n’avait pas le choix, car il sentait que le lummel allait triompher.

*Je n’ai pas le choix. Je tente le tout pour le tout, et advienne que pourra !*

D’un seul coup, Potter, ouvrit son esprit, il accepta tout, la richesse, la célébrité, le bonheur, l’amour, absolument tout, il s’imagina le plus merveilleux paradis qui puisse exister, avec un sourire béat. Il rouvrit les yeux, où une lueur argentée brillait, remplissait ses prunelles, puis son iris. Oui, il se sentait empli de bonheur, tout cela débordait, il pointa son trident vers le lummel, et maintenant…

*Maintenant, le monde va trembler !*

« SPERO PATRONUM ! » hurla-t-il à tue-tête, avec un sourire éclatant, montrant des dents aussi argentées que ses yeux.

Une forme cornue sortit du trident. Irréelle, fantomatique, elle ressemblait à un capricorne, avec tête et corps de cerf, mais queue de poisson au bout. Cette forme grossissait, grossissait, Potter avait l’impression qu’elle n’en finissait pas. Longue de près de quatre mètres, le patronum géant naga avec grâce mais détermination vers le lummel qui devint immédiatement intangible pour se défendre. Erreur, car le patronum était lui, aussi, intangible. La rencontre entre les deux fut surprenante pour le lummel qui se crut invincible, car le cerf marin fit plus que le toucher : il donna des coups de cornes à la créature surprise et éventrée, qui coula à pic, mourant avec dans ses yeux, comme une lueur de grande surprise.

Potter envoya son patronus vers les deux moliaroths, aussi surpris par cette étrange créature que les deux sages. Mais, voyant que ce cerf argenté était contrôlé par James, les deux tritons reprirent confiance tandis que les deux moliaroths commencèrent à paniquer. Juste au moment où les deux monstres se retournèrent, Calel et Lothë se présentèrent enfin devant eux et les empalèrent sans hésitation.

Il ne restait plus que Crystal et le parchemin. Allait-elle tomber dans un piège ? Fallait-il partir la délivrer ? Réussira-t-elle seule dans cette tâche ?

Après tant de sang versé, tant de combat, le sixième étage était débarrassé de ces créatures. Il ne restait qu'à prendre le parchemin et repartir pour l'étudier autre part que dans cet endroit sombre et empli de dangers. Mais alors que les survivants restaient vers la porte, surveillant, des Nadras arrivèrent du septième étage. Les Atlantes étaient totalement accaparés par les dangereuses créatures, ne se doutant pas que c'était une diversion pour un drame se jouant derrière eux. Un dernier Moliaroth, fourbe et attendant son heure pénétra par le dos dans le corps de James, qui était en retrait entre Crystal et la porte. Il s'approcha silencieux et un peu maladroit derrière elle et commença à essayer de lui arracher le parchemin des mains, se faisant plus menaçants. Il la frappa violemment et la menaça du trident. Crystal était seule face à son camarade qui la mettait en danger, impuissant à se défaire de l'emprise du Moliaroth. L'expérience était tout aussi désagréable pour lui que pour Crystal, car il se voyait attaquer sans avoir le moindre contrôle. On se sentait vraiment souillé dans ce corps incontrôlé. Crystal devait elle débarasser le corps de son compagnon de la présence de la créature qui ne réagissait pas au nom de Poséïdon...

Spoiler:

Plus le groupe descendait dans les étages, plus il se réduisait. Les créatures marines étaient vraiment dangereuses et la troupe de sirènes et de tritons subissaient les attaques avec une certaine impuissance. Plusieurs membres du peuple marin trouvèrent la mort dans la descente jusqu'au parchemin. Crystal en venait à se demander s'ils n'abandonnaient pas un peu vite tout espoir face à leurs ennemis. La jeune fille faisait preuve comme toujours d'un détachement effarant et peut-être un peu effrayant pour qui s'en rendait compte.

Tout en affichant les expressions adéquates sur son visage, Crystal observait tout cela sans s'émouvoir. Encore une fois, pourquoi s'émouvoir de la mort de personnes n'existant pas vraiment ? Tout ceci n'était qu'un jeu, mis en scène par leur professeur, et rien de plus. Les créatures marines n'étaient que des illusions et leur seule mission était de passer les épreuves une à une.

En faisant équipe avec Potter, Crystal pouvait être sûre de n'avoir pas besoin de s'occuper des dommages collatéraux. Le gryffondor semblait s'être vraiment pris au jeu et gesticulait dans tous les sens pour protéger tout le monde, les guider et les rendre le plus utile possible. Se rendait-il compte qu'au final, il ne les traitait ni plus ni moins que comme des outils ? Probablement que non. Cette pensée fit sourire Crystal intérieurement. Un sourire amer. Ce James Potter était vraiment quelqu'un de méprisable à ses yeux.

Cependant, il s'avéra très utile, Crystal ne pouvait le nier. Il la dédouanait de toutes responsabilité et lui permettait de se concentrer sur sa propre sécurité, sans se soucier de celle des autres. Et il lui demanda même de partir seule chercher le parchemin, pendant qu'il retenait les monstres marins et aidait les derniers survivants sirènes et tritons à se défendre.

Sans poser de question, la serdaigle acquiesça et se faufila hors de l'agitation pour atteindre le parchemin. Méfiante, une fois arrivée à proximité du bout de papier, la jeune fille pointa son trident dessus et lança une petite série de sort de vérification tel que « aparecium » ou encore « finite incantatem », pour être sûre de n'avoir aucune mauvaise surprise en le saisissant.

Apparemment, aucun dispositif caché ni aucun sort ne protégeaient le parchemin. Crystal s'en empara donc et rebroussa chemin avec prudence pour revenir vers le petit groupe de sirènes. La belle s'arrêta à mi chemin, en voyant l'un des monstres marins s'emparer de Potter.

~ James ! Derri-... Par le sang de Morgane !

Le juron fut suivi d'un grincement de dents et d'un air contrarié sur le visage de la jolie blonde qui commença par réflexe par désarmer son camarade d'un expeliarmus bien placé. Puis du regard, elle chercha comment le tirer de ce mauvais pas. Le seul moyen qu'elle trouva fut de l'assommer. Inconscient, il ne serait plus d'aucune utilité à la bestiole qui irait voir ailleurs. Tenter un doloris passa dans l'esprit dérangé de la jeune fille. Esprit qui rejeta l'idée aussi vite qu'elle était née. A tous les coups, ils étaient surveillés et même si l'endroit n'était qu'une chimère, il y avait peu de chance pour qu'on laisse passer un tel acte. Sans compter qu'elle ne savait pas si elle était assez forte pour réussir ce genre de sort.

Alors, Crystal opta pour assommer James contre l'une des bibliothèques derrière lui. Rapidement, la jeune fille pointa son trident sur le garçon.

~ Agua eructo !

Un puissant jet d'eau fusa du trident pour frapper James en pleine cage thoracique et le propulser contre les étagères. Crystal fut également rejetée plus loin, puisque l'eau ne lui offrait pas de prise. Lorsque la créature libéra finalement James, elle reçut un Diffindo du trident de Crystal et nagea se laisser mourir loin de ses brutes qui l'empêchaient de « s'amuser ».

La menace écartée, la jolie blonde soupira et récupéra le trident de son camarade pour lui rapporter. Elle afficha un air à la fois désolé et inquiet lorsqu'elle arriva à côté de Potter.

~ Ca va aller, James ? Tu vas réussir à sortir tout seul ou tu veux de l'aide ?

Adorable petite Crystal, qui se gardera bien de dire qu'elle n'y a pas été de main morte pour balancer le gryffondor à travers la pièce. Et si on lui demande, elle répondra qu'elle a eu peur et qu'elle n'a pas bien contrôlé la puissance de son sort. Le feu de l'action, tout ça... Quoi de plus normal après tout ?

Crystal ayant réussi à s'emparer du parchemin et à délivrer son compagnon de la manipulation du Moliaroth, ils purent rejoindre les derniers survivants qui avaient réussi à tuer ou faire fuir les dernières créatures. Tandis qu'ils remontaient, les esprits des profondeurs continuaient leur harcèlement, cherchant à récupérer le parchemin mais Calel avait repris le commandement de la petite troupe afin de remonter à la surface sain et sauf. Les Moliaroth, les Slotuth et autres démons des eaux râlaient et tentaient de les encercler en vain, repoussés par les flèches et autres armes, le nom de Poséidon et les sorts. Depuis que les tritons avaient mis la main sur le parchemin, ils avaient repris espoir aux côtés de ces deux inconnus qui allaient les aider à regagner le prestige de leur chère Atlantide.

Les esprits furent de moins en moins nombreux à leur approche du haut de la bibliothèque et aucun n'osa franchir les portes sacrés de l'endroit où ils avaient été relâchés. Une foule attendait, anxieuse à l'extérieur et c'est des larmes de soulagement et de bonheur, des sourires émus, des "gloire !" qui jaillissaient en tout sens quand ils virent le parchemin dans les mains de Crystal. Le Roi lui-même ne pu contenir quelques larmes. Mais il savait que leur civilisation n'était pas pour autant encore sauvé. Les Atlantes apportaient des présents, des bijoux, des livres anciens, des couronnes de fleurs, des coquillages des plus précieux, des instruments de musique en or à la petite troupe qui avaient réussi à rapporter la clé de leur avenir. Tous dirigeaient les survivants derrière le Roi en direction du Palais en entamant un chant plein de louange sur leurs guerriers et sur les deux étrangers.

Le Roi fit calmer la foule avec des signes d'apaisement, tout en fendant son visage d'un large sourire. Il requérait le silence, pour découvrir quel était le message contenu dans ce parchemin pour lequel tant d'entre eux étaient morts en vain. Il s'inclina devant Crystal, l'enjoignant à dire à voix haute les écrits sacrés.

Event des 6 Portes [James Potter & Crystal Odrinth] Enigme10

"Que la déesse Hélène rende à notre cité sa grandeur quand celui-ci sera redevenu le peuple sage d'autrefois.
W'PEPCYPWWP DGECC APCXTEECL NYP DZY MPLCKCLR WP NJSQ ACPNTPFI BG CPOZYYPC QY MPLFEP CR DP NSPCRC LF NCSNJC XLFOTE.

Lilandra Neramana"

La foule chuchota, en se regardant étonné. Le message était incompréhensible. Le Roi lui-même se précipita pour voir de ses propres yeux le parchemin, nageant rapidement vers les deux sauveurs. Il était comme son peuple, assez perplexe. Il s'agissait de toute évidence d'un code, car ce n'était pas un idiome atlante.

"Nous n'avons pas de déesse Hélène dans notre Panthéon... Nous ne prions que Poséidon et les autres divinités de la Mer et de l'Océan... Je ne comprends pas cette phrase de notre impératrice Lilandra... S'il vous plait, soyez encore nos sauveurs ! Nous érigerons des statues à votre honneur et nos chansons évoquerons encore longtemps vos noms. Je vous implore, nobles étrangers ! "

Le peuple fut évacué du palais, tandis que James et Crystal se trouvait dans la salle du trône où on les avait laissés seuls avec le parchemin, du papier et de l'encre marine qui était vite absorbé par le papier et qui ne débordait jamais. Seul le Roi demeurait à leur côté plein d'espoir et anxieux.

Spoiler:

Un dernier moliaroth s’était glissé derrière le garçon et se colla à son dos. Il pénétra dans son esprit et entreprit d’attaquer Crystal. Intérieurement, Potter luttait pour reprendre le contrôle de son corps, ne désirant surtout pas faire du mal à sa camarade, pas si près du but !

Potter-moliaroth la frappa violemment mais la serdaigle réussit à le désarmer. Le trident tomba quelque part, où ? Aucune idée, mais cela ne découragea pas le moliaroth qui se précipita de nouveau vers la jeune fille. Un sort le repoussa avec violence sur la cage thoracique et le poussa contre la bibliothèque. Le choc fut violent, le moliaroth se détacha, reçut un diffindo et coula. Potter, lui, mal en point, groggy, était sur le point de rejoindre le moliaroth. Crystal le rejoignit et lui demanda si ça allait. Elle semblait désolée de ce qu’elle avait fait et inquiète pour son camarade. Brave fille !

« Je… je dois récupérer mon souffle. Tu… m’as sauvé, Crystal. Merci. »

Il dut cependant s’appuyer sur une épaule de la serdaigle pour avancer, tandis qu’il récupéra son trident d’une main hésitante. La possession du moliaroth l’avait choqué, et il dépendait de sa camarade pour pouvoir sortir.

Heureusement, Calel fut d’une efficacité redoutable. Les créatures essayaient de les arrêter durant leur remontée, mais le triton avait pris le commandement et savait parfaitement repousser les assaillants avec le reste de la troupe. Potter se remettait doucement, soutenu par Crystal, il sentait que, pour une question de survie, il devait se remettre le plus vite possible. C’aurait été trop bête d’échouer pour la remontée !

Fort heureusement, la troupe de héros réussit à sortir de la bibliothèque, accueillis par les cris de joie de la population atlante. Potter sourit. Ils avaient réussi.

« Franchement, Cry-cry, apporter la joie à toute une population, ça ne te fait pas chaud au cœur ? » lui demanda-t-il, le sourire aux lèvres. La serdaigle était bien plus réservée que son compagnon gryffondor, mais il espérait qu’elle profite, elle aussi, de leur réussite.

La troupe, bien accompagnée, retourna au château. Après les chants pleins de louange, le roi ordonna le silence et déroula le parchemin.

*Pourvu que ce ne soit pas une vaste blague…* pensa l’adolescent, craignant au canular de la part de leur impératrice dérangée.

Crystal lut à voix haute une phrase compréhensible, puis une suite de lettres… un charabia sans queue ni tête ! C’était un code.
*Par le caleçon de Neptune ! Satanée impératrice de mes deux ! Ce n’était pas assez compliqué d’aller chercher son satané parchemin, il fallait en plus qu’elle le code ! Et après, elle nous demandera quoi ? D’aller cueillir des champignons hallucinogènes pour sa réserve personnelle ?*

Et voici que le roi leur demanda une nouvelle fois leur aide… Potter, agacé par son mal de poitrine et la fatigue physique, allié à une descente de stress, fut tenté de répondre : « Quoi ? Avec tous vos savants, votre sagesse millénaire, et les connaissances de votre grande civilisation, vous demandez à deux adolescents inconnus de déchiffrer le message le plus important de votre éternelle vie ? Je commence à comprendre pourquoi Lilandra a été nommé impératrice ! » mais sa raison commença à se remettre doucement en place. Lilandra a sûrement fait en sorte que son code soit presque indéchiffrable pour ses semblables. Seuls deux inconnus, justement, pourront s’en sortir, encore une fois parce que l’impératrice ne pouvait imaginer (et pour cause !) que de nouveaux êtres de l’eau viendraient.

Et voilà comment les deux collégiens se retrouvèrent isolés, avec un papier et une plume d’encre marine *de l’encre de seiche ?* se demanda curieusement le garçon. Devant eux, le parchemin et ses suites de lettres. Il y avait forcément une logique derrière tout ça.

Il observa sa camarade, qui ne semblait pas s’en sortir beaucoup mieux que lui…

Potter n’était pas un novice en code, il en utilisait avec ses camarades pour s’envoyer quelques messages ; dans leur carte des maraudeurs, ils avaient même mis en place des messages qui apparaissaient en cas de mauvais mot de passe !

« La lettre « e » est le plus souvent utilisé dans notre alphabet. Rares sont les doubles lettres, les plus fréquentes sont le « e », le « s », le « r », le « l » et le « t ». » Raisonna-t-il. Il montra le premier mot : W'PEPCYPWWP.

« Regarde l’apostrophe : ça ne peut être qu’un « l ». Ce qui signifie que le « w » signifie « l ». La lettre « p » est la plus fréquente dans le charabia. Mettons que c’est un « e ». »

Potter écrivit ce qu’il avait trouvé :

L'E--E--ELLE ----- -E--E---- --E --- -E------ LE ---- --E--E-- -- -E----E- -- -E---E -- -E --E--- -- ------ ------

« Je suis sûr que c’est ça, regarde : L’E-E—ELLE, ça veut forcément dire quelque chose. J’ai trouvé aussi LE. Je suis sûr que ça colle. Maintenant qu’on a trouvé que W= L et que P = E, il faudrait soit, trouver d’autres lettres, soit chercher le rapport entre les lettres qu’on a trouvé, pour casser le code. »

C’était reparti pour une séance de réflexion. Que pouvait être le mystérieux mot L’E-E—ELLE ? Ne pouvait-il pas deviner d’autres lettres comme le A, le R ou le S ? Quel rapport pouvait avoir le W et le L ? Le P et le E ? Un peu perdu, le garçon s’amusa à réciter son alphabet. A le réciter…

« Nom d’un poisson frit… » déclara-t-il avec de grands yeux, en regardant la perplexe Odrinth. « Regarde : récite l’alphabet à partir de W : X-Y-Z-A-B… tu comptes jusqu’à quinze, et tu trouves L. Fais pareil avec P, compte jusqu’à quinze, tu trouves E. Coïncidence ? Et si c’était le code ? »

Excité, et pensant avoir résolu l’énigme, Potter prit sa plume (à moins que ce ne soit plutôt une arête de poisson ?), compta et écrit. Triomphalement, il présenta ceci :

L’ETERNELLE SUTRR PERMETTRA CNE SON BEARZRAG LE CYHF PRECIEUX QV REDONNER FN BEAUTE PG SE CHERGR AU CRHCYR MAUDIT

« Bon, d’accord, comme ça, on n’a pas l’impression de comprendre, mais tu verras mieux si j’écris ça : »

L’ETERNELLE - - - - - PERMETTRA - - - SON - - - - - - - - LE - - - - PRECIEUX - - REDONNER - - BEAUTE - - SE - - - - - - AU - - - - - - MAUDIT

Potter était fier d’avoir déchiffré la moitié du message. Mais le code qu’il avait cassé ne permettait pas de lire la seconde partie.

« Cette impératrice de mes trois, non seulement a décidé de coder son message, mais en plus, a installé deux codes, histoire de mettre encore plus des bâtons dans les roues au peuple qu’elle était censé gouverner, tu sais, des fois qu’il ait vraiment envie de s’en sortir, après qu’il soit décimé par les monstres qu’elle a gentiment placé dans la bibliothèque. Je crois que si elle n’était pas morte par les pièges qu’elle a elle-même créées, je la décapiterai ! »

Mais avoir déchiffré la moitié du message aida Potter à déchiffrer le reste.

« Le seul mot possible, entre REDONNER et BEAUTE, ne peut être que SA. Autrement dit, pour le code numéro deux, F = S et N = A. Ce qui donne : »

L’ETERNELLE - - - - - PERMITTRA - A - SON - - - - - - - - LE - - - S PRECIEUX - - REDONNER SA BEAUTE - - SA - - - - - - AU - - - - - - MAUDIT

« Quel est le rapport entre ses lettres ? Si on suit la même logique de compter, il y a vingt lettres d’écart entre le F et le S. Cela marche pareil pour le N et le A. Miracle ! On va pouvoir déchiffrer le message entier ! »

Se mettant fébrilement au travail, Potter écrivit ceci :

L’ETERNELLE FIGEE PERMETTRA PAR SON ORNEMENT LE PLUS PRECIEUX DE REDONNER SA BEAUTE ET SA PURETE AU PEUPLE MAUDIT

En attendant, le message restait sybillin… Quel était l’ornement le plus précieux de l’éternelle figée ?

« Je pense qu’il s’agit d’une statue, celle d’une déesse « hélène ». Après tout, les héllènes ne sont-ils pas les grecs ? Donc, on ne cherche pas forcément une statue qui s’appelle Hélène, mais une statue grecque. Bien sûr, il est possible aussi que « l’éternelle figée » soit la ville elle-même. Qu’en penses-tu ? » demanda-t-il à Crystal. « En tout cas, nous avons traduit le message ! Le roi connait sa ville, ses temples et ses statues bien mieux que nous, il comprendra sûrement ce qu’a voulu dire l’autre tordue. »

Il se leva et attendit sa camarade pour aller délivrer la traduction du parchemin au roi ainsi que leurs conclusions.

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