James, après avoir cherché ses patins une bonne heure dans sa malle, finit par les retrouver enfin !

Patiner sur la glace, pour un enfant de six ans, paraissait dangereux, rapide, peu naturel et absolument pas rassurant… il a donc demandé très vite à ses parents s’il pouvait apprendre à patiner ! N’étant pas capable de résister aux caprices de leur fils pourri-gâté, ils lui ont acheté des patins à glaces de luxe, capables d’ajuster leur taille à ceux des pieds du porteur.

Il fallut longtemps à cet enfant à maîtriser les patins. Son amour des balais volants lui avait appris le sens de l’équilibre et la sensation de vitesse, il n’était pas en territoire inconnu… mais malgré cela, il éprouvait des difficultés à tenir debout. Qu’importe, il s’accrochait, particulièrement tenace face à ce nouveau défi.

Patiner était devenu un plaisir presque égal au balai, même si rien n’égalait la sensation de voler. Avec l’arrivée à Poudlard, il patinait moins souvent, attendant souvent le milieu de l’hiver, le mois de février. Sans être un virtuose, il se débrouillait pas mal sur la glace. Il ne recherchait pas la perfection, encore moins la grâce, mais la performance, la vitesse. La notion de patinage artistique lui était totalement étrangère.

Une semaine après les terribles évènements qui ont eu lieu en dehors de Poudlard, le gryffondor avait besoin de se changer les idées. Bien sûr, il y avait le quidditch, mais le souvenir du petit enfant qu’il était encadré par ses deux parents pendant qu’il patinait, lui était revenu en tête lorsqu’il avait passé la tête par la fenêtre pour voir le lac. Un instant, il avait pensé à faire du patin avec les maraudeurs, mais Remus n’aurait pas eu du tout la tête à ça. Avec Lily ? Cela aurait trop ressemblé à un rencard romantique, donc pas question ! En fait, la neige tourbillonnante devant ses yeux, lui faisait penser à une longue chevelure blanche… Cela faisait deux semaines qu’il n’avait pas donné signe de vie à la serpentarde. Elle non plus d’ailleurs, mais vue sa discrétion presque fantomatique, cela n’avait rien d’étonnant.

James avait promis à Abigaël de changer sa vision des serpentards. Et lorsque le gryffondor à l’âme de poufsouffle promettait quelque chose à un ami, il s’y tenait. Il avait trouvé deux serpentards qui convenaient à ses exigences de « je suis un(e) gentil(le) envoyé dans la maison de Salazar parce que le choixpeau avait trop bu » : Elizabeth Moses et Elesya Selwyn. Deux sur une maison d’à peu près soixante-dix élèves, c’était peu, certes, mais elles avaient le mérite d’exister. Potter avait fait attention à la jeune fille depuis qu’il l’avait remarqué, mais elle était du genre insaisissable. Impossible de venir lui parler, d’autant plus que la maison Serpentard était en pleine ébullition depuis le début de la guerre des Sorciers, impliquant les mangemorts, donc des parents de la plupart des pensionnaires de la maison honnie. Des Selwyn aussi, probablement… Le moment était donc mal choisi pour inviter la jeune fille. Du moins oralement.

Prenant son courage à deux mains, James se décida à passer par la case « hibou ». Il écrivit à la troublante fille aux cheveux blancs, lui proposant de venir patiner avec lui. La réponse fut rapide et positive. Si la guerre avait débuté, cela n’avait pas changé la vaporeuse héritière Selwyn, acceptant de se mettre en danger en venant seule dans un lac gelé en compagnie du plus grand persécuteur de serpentards de ces dernières années, et cela une semaine après la bataille de Bristol… Soit la jeune fille était inconsciente, soit très confiante, soit indifférente à sa sécurité. En bon optimiste, Potter opta pour la seconde option.

Il arriva deux petites minutes après, non pas qu’il était méfiant, mais tout de même… Il n’avait pas une entière confiance dans les camarades de la verte-et-argent, son naturel « serpentard égale méchant » ne pouvait pas disparaître en un petit mois à peine. Il avait vérifié que personne ne suive la blanche fille, encore plus éclatante de blancheur maintenant que de petits flocons s’étaient déposés sur ses épaules. Elle le salua d’ailleurs en lui rappelant ses prévisions météorologiques. Son tutoiement et son sourire, même bref, fit très plaisir au gryffondor qui ne cacha pas sa joie en lui offrant son plus beau sourire.

« Eh oui, mais ce n’est peut-être qu’un nuage, ma chère Blanche. De toute façon, ce ne sont pas de petits flocons qui vont nous arrêter. »

S’approchant d’Elesya, il lui épousseta affectueusement les épaules pour la débarrasser des flocons.

« De toute façon, même avec le poids de la neige sur toi, je ne pense pas que la glace ne puisse pas te porter, bien au contraire ! »

Un test ? Un statut particulier ? La jeune fille n’était vraiment pas stupide. Ces précautions n’étaient pas pour lui, mais pour elle. Pour sa propre sécurité au sein de la maison des serpents. En bon chevalier servant, Potter veillait sur elle, pour empêcher que les camarades de « Blanche » ne puissent l’accuser de trahison, ou de pactiser avec l’ennemi. Mais le garçon n’avait pas forcément envie d’être sérieux, ni de se mettre en avant.

« Oui pour le test, je veux savoir si tu tiens en équilibre sur la glace. Quant à ton statut particulier, tu l’as, en effet : tu es la seule serpentarde qu’aucun maraudeur n’a embêté, et c’est un statut que j’entends bien faire perdurer. »

Il sortit ses vieux patins d’enfance et les mit aux pieds. Lui qui changeait de balai tous les ans n’avait jamais voulu se séparer des patins en fourrure de ses six ans. Marrons, vieux, les patins possédaient cependant de bonnes lames, les meilleures qu’il connaissait. Il en avait testé d’autres mais revenait invariablement à ses patins chéris.

« J’ai l’habitude du patin, mais je n’en ai pas fait depuis un an. Ma spécialité, c’est la vitesse, mais si ton niveau est effectivement égale à la température extérieure, on va commencer par plus basique : tenir debout sans tomber. Tiens-toi à moi et laisse-toi glisser, je te guiderai. »

Entrant sur le lac, Potter lui tendit la main pour qu’elle la prenne, une fois ses patins enfilés.

Potter sourit lorsqu’Elesya lui parla de ses talents de chute.

« Je savais bien que tu étais talentueuse en quelque chose. Maintenant je sais en quoi : l'art de tomber. »

Plus sérieusement, il la rassura : « Ne t’inquiètes pas, je te retiendrais. »

La serpentarde entrait à son tour sur la glace, et c’était parti ! Le capitaine des gryffondors avançait lentement, son bras tenant la jeune fille à chevelure blanche dans le dos, prêt à l’agripper par les vêtements si elle partait trop en avant ou trop en arrière- défaut habituel des débutants.

Mais James n’était pas homme à patiner tranquillement. Après quelques petits tours de chauffe, pour que la débutante prenne confiance, il lui lâcha le dos pour lui présenter plutôt son bras. Si elle chutait, ce serait plus difficile de la retenir, mais elle gagnait en autonomie, et ils pouvaient aller un peu plus vite. Et pourquoi rester vers le bord du lac ? Autant s’éloigner un peu, en faisant des cercles plus grands, puis des lignes droites, puis des virages à négocier malgré une certaine vitesse…

Note pour plus tard : si vous voulez un professeur qui ne vous fait pas prendre de risques, ne prenez jamais un gryffondor.

Malgré le bras ferme du jeune homme, Elesya perdait l’équilibre. Potter l’avait senti, il avait ralenti, mais c’était trop tard. Incapable de la retenir avec un seul bras, il ne put empêcher la chute en arrière.

Avait-elle mal ? Lui en voulait-elle ? James se pencha vers elle.

« Elesya ? »
Elle avait le regard perdu, fixant le vide. Perdue dans ses pensées. Avait-elle conscience du monde extérieur ? Depuis combien de temps dormait-elle debout ? Au moins, elle savait avec qui elle était, car elle prononça le prénom de son camarade rouge-et-or, mais d’une voix fragile et étranglée, comme si elle s’apprêtait à fondre en larmes. La carapace de politesse et de ton précieux, un peu snob, s’était effritée, laissant place à une petite fille perdue et appelant à l’aide son compagnon comme un petit enfant appellerait sa mère. Sérieux, cette fois, le garçon s’accroupit à côté d’elle, prêt à recueillir ce qui allait sortir de sa gorge serrée. Des larmes ? Des aveux sur quelque chose, n’importe quoi ? Potter connaissait l’histoire récente de la famille Selwyn, mais il ne croyait pas possible que l’elfe ait tué le père de famille, pensant plutôt à un meurtre de mangemort qui aurait profité du suicide de désespoir de l’elfe pour lui mettre l’assassinat sur le dos. Qui sait si Elesya ne savait pas le nom du vrai meurtrier et s’apprêtait à le lui révéler ? Il pourrait annoncer « je le savais », et montrer son talent de déduction, digne des plus grands aurors.

A moins que cela n’ait rien à voir ? Elesya a peut-être entendu quelque chose d’important dans la salle commune des serpents, concernant la guerre, ou plus prosaïquement concernant les gryffondors. Une riposte anti-gryffondors, dirigée par l’affreux Servilus, par exemple. Et la fille était partagée entre son désir de ne pas trahir les siens et l’envie de défendre son nouvel ami lion…

Bref, ça spéculait ferme dans l’esprit fertile de James Potter.

Mais la jeune fille se reprit. Reprenant son ton habituel, elle affirma que ce n’était rien, et demanda une explication sur les virages. Dommage, Potter sentait bien que quelque chose avait failli sortir, et que la jeune fille avait besoin de parler à quelqu’un. Mais insister et la bousculer ne servait à rien.

Il sourit de nouveau, quittant son air sérieux pour retrouver un ton badin.

« D’abord, je reste ferme sur mes deux jambes. Ensuite, je commence à mettre mon poids sur la jambe gauche, en essayant de la rendre souple, et plus du tout rigide. Avec mon pied droit, je tourne le patin, la jambe gauche sert de pivot, je tourne le pied gauche, et le corps suit ! Regarde. »

Une démonstration valant mieux qu’un long discours, notre apprenti moniteur de patin lâcha la jeune fille qu’il avait aidé à se relever, prit un peu de vitesse, et tourna comme il lui avait décrit, en tentant de décomposer son mouvement. Puis, il revint vers elle… et l’emporta ! C’est à dire qu’il prit vraiment la blanche fille dans ses bras, et accéléra.

« Yahouuu ! » déclama-t-il, le vent soufflant contre lui. Rien à faire, il adorait vraiment la vitesse.

Négocier un virage avec une fille dans ses bras était bien plus difficile, pourtant Potter réussit, non sans grimacer un peu de douleur au niveau de la jambe. Il est mûr pour avoir de sérieuses courbatures le lendemain. Mais il avait une amie à consoler, et rien de tel que la surprise et la griserie de la vitesse pour cela.

Incapable de tenir longtemps le poids d’Elesya sans risquer de la lâcher, le sportif capitaine de Quidditch la reposa à terre. Elle était complètement décoiffée, et cela le fit rire de bon cœur. Il lui mit délibérément les cheveux en avant, histoire de cacher son visage par un rideau blanc.

« Damned ! Un terrible monstre des neiges est devant moi ! vite ! Enfuyons-nous avant que l’abominable ours polaire miniature à tentacules ne m’attrape ! »

Rien de tel qu’une partie de chat en patin à glace sur un lac gelé pour regonfler le moral ! Potter partit un peu en avant mais n’alla vraiment pas vite, il se retournait pour voir si la plus si distinguée aristocrate sorcière allait ou non (re ?)tomber en enfance et le pourchasser.

Pendant que Potter portait la jeune fille en fonçant à toute allure, la serpentarde riait. D’un rire d’enfant, franc, comme un visiteur de parc pourrait crier en descendant une montagne russe. Après avoir arrêté et l’avoir incité à jouer à chat, la jeune fille ne put refuser. Dès lors, une folle course-poursuite s’engageait, avec un James à l’aise sur la glace, une Elesya bien plus maladroite, mais deux rires de concert. Le garçon se mettait en danger, s’exposant, reculant brusquement, évitant les mains fines et blanches de la jeune fille, la provocant, insaisissable, gamin, semblant voler sur la glace, un vrai Peter Pan. Mais n’était-il pas « Peter » justement ? Cela ne l’empêchait pas de crier parfois de surprise, d’un cri pas toujours très viril, lorsqu’Elesya le surprenait.

Fatigués tous les deux, après avoir réussi un virage, Elesya siffla en quelque sorte la fin du jeu en s’écroulant au bord du bassin. La respiration un peu courte, elle toussota, mais sembla heureuse. Elle avait beaucoup ri ce matin, et James avait l’étrange impression qu’elle n’avait pas ri comme ça depuis fort fort longtemps. Depuis toujours ?

Le rouge-et-or se rapprocha d’elle. Elle essaya comiquement de reprendre contenance, ses cheveux complètement ébouriffés, le souffle court, les fesses dans la neige, et le sourire ne quittant pas ses lèvres. Ce spectacle rafraîchissant n’a jamais été vu, surtout quand on connait un tant soit peu la discrète et très distinguée héritière Selwyn. Que diraient les serpentards s’ils la voyaient ainsi ?

Elle répéta deux fois qu’elle était vivante. En avait-elle douté ? Quand on y réfléchit, entre ses cheveux, sa discrétion, sa timidité, essayait-elle d’être une fantôme ? Est-ce qu’intérieurement, elle essayait de paraître morte, à défaut de l’être réellement ? Potter s’accroupit pour se trouver à sa hauteur et l’ébouriffa encore un peu plus vers le sommet du crâne.

« Mais bien sûr que tu es vivante, espèce de yéti tentaculaire, et c’est bien ce qui m’a fait peur. Tu as failli m’attraper plusieurs fois, comment je me serais défendu, ensuite ? »

S’il l’avait vu réussir son virage ?

« Evidemment que je l’ai vu, j’ai même été très surpris que tu m’aies suivi, j’ai crié de peur. Bravo, Blanche, bientôt tu me dépasseras, je te regarderai patiner au loin, dépassant tous les autres, gagnant une coupe, et avec un trémolo dans la voix, je dirai fièrement : « c’est moi qui lui ai appris ça. » Je suis fier de toi.»

Le vent se levait. Il commençait à faire assez froid. James s’assit à côté d’elle et entreprit d’enlever ses patins.

« Nous avons bien mérité de rentrer boire une boisson très chaude, bouillante de préférence. Viens, il est temps de se réchauffer au coin du feu ! »

Malheureusement, qui dit retour au château dit séparation… sauf si on était malin comme pouvait l’être Potter.
« L’endroit le plus proche pour se réchauffer est la cabane d’Hagrid. Je suis sûr qu’il nous accueillera avec plaisir. Tu es déjà allée chez lui ? Tu adoreras : il est sale, sa maison aussi, il prépare des gâteaux durs comme la pierre, il a un gros chien baveux, bref c’est le meilleur ! Je l’adore. Et tu l’adoreras aussi, tu verras… Et comme je suis vraiment très méchant, je te laisserai nous y conduire, frapper à la porte, et tout expliquer. J’ai attrapé un mal de gorge qui m’a rendu muet, masi tu ne peux pas l’entendre, puisque je suis muet, justement. »

Potter se leva et tendit la main pour aider la serpentarde à se relever.

« Viens, la matinée n’est pas finie !»

Elesya prit sans hésiter la main de James pour l’aider à se relever. Ce que le gryffondor n’avait pas forcément prévu, c’est qu’elle ne la lâche pas pour marcher. Bien au contraire, elle continuait à la lui tenir tout en avançant avec un grand sourire d’abord, puis bien plus timide ensuite. La jeune fille partit en avant, vers la cabane de Hagrid, sans oser regarder le garçon mais toujours sans le lâcher.
Évidemment, il y avait deux explications : un geste amoureux, ou un geste de petite fille. Potter, bien évidemment, vit en  premier le geste amoureux. Son but était de distraire l’héritière Selwyn, de lui plaire, en effet, mais en restant bons amis. Lui, le grand séducteur,  n’avait même pas prévu cette dimension, qu’il jugeait à présent prévisible en diable ! Une adolescente sevrée de rapports humains amicaux et affectueux, seule et portant le poids de son prestigieux nom sur les épaules, serpentarde mal-aimée, a dû vivre comme un tourbillon l’arrivée incongrue d’un courageux et beau garçon lui cassant avec le sourire toute la carapace qu’elle s’était forgée ! De plus, un gryffondor ennemi des serpentards, qui faisait une exception, juste pour elle, et qui la traitait comme une de ses proches… Quelle fille n’a pas rêvé qu’un soi-disant ennemi se prenne d’affection pour elle, change ses habitudes pour ses beaux yeux contre son propre clan, et la protège contre vents et marées ? Le trip Roméo et Juliette n’est pas loin !

Mais James Potter n’est pas du tout un héros shakespearien, ou alors ce serait le bouffon du roi Lear. Il se disait que c’était de sa faute s’il lui avait donné ce genre d’espoir, et il était en train de se sonder pour savoir si cela lui déplaisait tant que cela. Abigaël avait bien craqué pour une serpy, et une bien plus redoutable que la discrète Selwyn. Quel meilleur moyen de montrer aux gryffondors que James Potter avait changé en entamant une relation avec la jolie Selwyn ? N’était-elle pas, elle aussi, le fantasme de beaucoup de garçons ? Qui n’a pas rêvé de devenir le petit ami d’une jolie, jeune, intelligente et riche héritière, qui n’a pas d’amis et qui vous regarde avec des yeux embués de larmes lui demandant de s’occuper enfin d’elle ?

*Tu délires sévèrement, Cornedrue. Envisage plutôt la deuxième explication de sa main dans la tienne.*

Un geste d’enfant pour un retour à l’enfance. N’était-ce pas la suite du jeu qu’ils ont fait sur la glace ? Comme des fous, ils  se sont poursuivis en riant, un monstre d’un côté, une gentille souris de l’autre, et maintenant, Potter lui demanda de lui montrer le chemin de la cabane d’Hagrid, parce que lui avait soi-disant perdu la mémoire, ou est devenu incapable de parler. Un jeu d’enfants, qu’elle poursuivait en le guidant comme un grand enfant qu’il était et n’avait jamais cessé d’être.

*Si tu trouves ce geste terriblement ambigu, pourquoi ne retires-tu pas ta main, Cornedrue ? Avoue que toi aussi, tu commences à ressentir un petit quelque chose pour ton petit yéti.*

Etait-ce de l’amour garçon/fille, ou un amour plus fraternel ?

La jeune fille s’était tourné une fois pour le regarder mais lorsque Potter voulut lui rendre le regard, elle tournait la tête vers l’horizon. Ce geste timide amusa le garçon, l’attendrit même. Quelle que soit la direction où ils allaient, cela ne lui déplairait pas. Cessons de réfléchir, on verra bien.

Ils arrivèrent à la cabane de Hagrid. Méfiant devant cette jeune élève qu’il ne devait pratiquement pas connaître, Hagrid lui demanda s’il pouvait les aider. Courtois, mais armé, le garde-chasse semblait méfiant. Etait-ce à cause du début de la guerre ? Des agressions ?

Elesya se présenta et prétendit que le pauvre James était devenu muet. Potter appuya son récit en se grattant la gorge et en émettant des sons gutturaux. Hagrid, l’air inquiet, les fit immédiatement entrer. Cela gênait un peu James d’abuser de la naïveté du gardien des clefs, mais c’était pour la bonne cause : une bonne boisson chaude !

Entré dans la cabane, toujours aussi hétéroclite et accueillante, Hagrid fit immédiatement bouillir de l’eau et jeta dans la marmite quelques feuilles de thé et autres herbes « parfait pour le mal de gorge ». Potter s’assit, mimant toujours une douleur en faisant quelques grimaces comiques puis sourit à Elesya lorsque le garde-chasse leur tendit les deux tasses fumantes. Le goût était fort, plus sucré qu’amer, trop chaud, mais délicieux. Hagrid agrémenta la boisson de ces gâteaux durs comme de la pierre, que Potter passa en premier à l’héritière Selwyn avec un clin d’œil.

« Merci… Ca va beaucoup mieux. »affirma le gryffondor avec une petite voix. Et c’était vrai, le feu et la boisson chaude était un petit moment de bonheur, la cabane un petit îlot de calme, et la présence de la fille à côté de lui était comme la cerise sur le gâteau. Une cerise rouge comme els cheveux d’Evans.

*Au fait, que dirait Lily si elle me voyait avec Elesya ? Moi qui n’ai pas cessé de me moquer de son amitié avec Servilus ? Bien sûr, les deux serpentards ne sont en rien ressemblants, ce serait comparer la neige au charbon, mais l’esprit étroit de Lily ne verra aucune différence…*

Il n’y avait pas que Lily, le risque que prendrait Selwyn à sortir avec Potter serait très grand, surtout maintenant que la guerre était officiellement lancée.  Ce serait clairement prendre position contre Voldemort et ses sbires, et ses compagnons de maison le lui feraient payer. Avait-il le droit de lui faire courir un tel risque juste parce qu’elle lui plaisait ?

Un moment contemplatif, puis songeur avec les sourcils un peu froncés, Potter sortit de ses pensées, après s’être rendu compte qu’il avait terminé sa boisson et que le garde-chasse leur racontait l’histoire où il avait délivré une licorne d’une toile d’araignée et que l’animal avait failli l’éventrer avec sa corne « pour se défendre, la pauvre bête. » Franchement, si un animal essayait de lui mettre l’estomac à l’air, le gryffondor l’aurait stupéfixé au lieu de le plaindre ! Mais le garde-chasse ne semblait pas avoir la même notion du danger qu’eux.

Potter risqua un œil vers Elesya. Elle ne connaissait pas cet univers sauvage et nature. Cela éveillait-il sa curiosité ou au contraire son aversion ?

Après un temps très agréable à écouter les histoires d’Hagrid, manifestement ravi d’avoir un auditoire, il fallait bien rentrer. Potter avait reculé le moment où il allait devoir se séparer de la serpentarde, mais malheureusement le temps n’était pas extensible. Ils durent quitter Hagrid après l’avoir remercié.

« Je t’avais dit qu’Hagrid était formidable. » lui rappela le garçon. « Il a le cœur sur la main, et son thé est excellent… même si je ne suis pas sûr que les herbes qu’il met sont toutes des feuilles de thé ! » finit-il en s’esclaffant.
Dans la neige et le froid, ils marchèrent jusqu’aux portes de château, côte à côte. Pas de main, cette fois, même si Potter s’était demandé s’il devait la lui prendre. Mais il ne valait mieux pas risquer de gâcher cette très bonne matinée.

« Bon ben, voilà… il faut retourner à nos salles respectives. Mais c’est à recommencer plus souvent, Blanche. Et cette fois, qui sait ? Tu m’attraperas peut-être. »

Profitant de sa taille, Potter lui déposa un baiser sur le front.

« Mais cette fois, ce sera toi qui m’écriras. »

*Pourquoi pas le week-end prochain ?* pensa le gryffondor. Il ne pouvait savoir qu’après-demain, à sa grande surprise, il sera arrêté pour un crime qu’il n’avait pas commis. Ce jour de patinage sera le dernier avant longtemps…[/b]