Petite balade en territoire moldu [Pv Rusard]

28 décembre 1976.

Il était exactement 10 heures 35 minutes et 18 secondes d'après la nouvelle montre de Lance Jane, le professeur d'Etude des Moldus au Collège Poudlard, montre qu'il avait reçu pour Noël. Le dit professeur se trouvait devant une porte en chêne, la sienne. Il attendait quelque chose, c'était sûr, mais quoi ? C'était souvent une question que l'on se posait avec lui, il avait toujours tendance à faire des choses bizarres, enfin bizarre pour le commun des sorciers, parce que pour lui c'était tout à fait normal. Cette fois-ci il attendait une heure précise et comme il savait très bien qu'il avait la fâcheuse tendance à s'égarer, il avait préféré attendre, là, sans rien faire ou plutôt si, à regarder les aiguilles marquer l'heure qui passait.

Certains se demanderont ce qu'il attendait. Si c'était lui qui vous répondait, il vous dirait le plus naturellement du monde qu'il attendait que le temps passait, mais en réalité, il attendait l'heure de rejoindre son collègue, Argus Rusard. Le jeune professeur avait proposé au concierge de l'accompagner à Londres, côté moldu bien entendu. Argus avait, à la grande surprise de Lance, accepté son invitation. C'était donc avec plaisir qu'il s'était proposé pour lui faire visiter son monde à lui. Jane était passionné par le monde des sans-pouvoirs-magiques et c'était toujours un plaisir pour lui de le partager avec autrui. C'était d'ailleurs pour cela qu'il était devenu professeur d'Etude des Moldus, pour pouvoir partager sa passion avec le plus grand nombre. Habituellement c'était des élèves qui profitaient de son savoir, mais de temps à autres c'était ses collègues qui lui demandaient de l'aide en quelque sorte. Cette fois-ci, Rusard souhaitait visiter une animalerie moldue, certainement pour acheter un cadeau à Mister Hyde * Certainement pas pour lui-même* pensa-t-il.

Lance s'était habillé comme à son habitude pour l'occasion. Il fallait dire que le jeune professeur s'habillait tout de le temps à la mode moldue, même pour ses cours ; surtout pour ses cours en fait. Il avait choisi une chemise bleue, presque blanche sous un costume en tweed, ainsi qu'une paire de bretelles rouges, qu'il appréciait particulièrement. Et pour finir, il avait noué autour de son cou un nœud papillon d'un bleu foncé. Le nœud pap' c'était un incontournable chez lui, tout comme les motifs Écossais chez Mc Go.

Sa montre indiquait 10 heures 41 minutes et 38 secondes. Il avait demandé à Argus de le rejoindre devant la cheminée qu'il devait empreinter à 10h45. Ils auraient pu transplaner, mais Rusard était un cracmol et Lance ayant déjà bien du mal à se transporter tout seul, ils n'allaient pas prendre le risque d'arriver en plusieurs morceaux. C'était fortement déconseillé lorsque l'on souhaitait se balader parmi les moldus Lance se décida donc à quitter la contemplation de sa porte pour se rendre au point de rendez-vous, tranquillement, les mains dans les poches. Le château était toujours aussi animé. Il devait se rendre dans le bureau de Mac Gonagall qui avait mit sa cheminée à leur disposition. Lance n'avait jamais voulu rattacher sa propre cheminée au réseau de cheminettes. Peut-être un peu par paranoïa. Il ne souhaitait pas voir un inconnu débarquer dans sa chambre, salissant son beau tapis. C'était contre ses convictions.

Mission délicate pour Argus Rusard : s’introduire subrepticement dans ce monde moldu auquel il n’était pas retourné depuis vingt ans, tout ça à cause de mister Hyde.

Plus précisément à cause de Madame Figg. Cette brave dame avait écrit un gentil hibou à Argus, son protégé depuis qu’il était tout petit et elle, une resplendissante jeune cracmolle. C’est elle qui l’a aidé à supporter sa condition, à avoir un but dans la vie, et elle encore qui lui avait offert mister Hyde, il y a de cela six ans. L’adorable chaton avait grandi à Poudlard avec son maître, le nouveau concierge de Poudlard. C’était en 1970 déjà, mais ni Rusard, ni mister hyde n’avaient oublié madame Figg.
Au cours de leur correspondance, cette brave dame offrit à mister Hyde un cadeau d’anniversaire : une boîte de pâté pour chat moldu. Bien qu’ayant commencé, comme tout bon chat qui se respecte, à dédaigner la bonne odeur de nourriture, le félin n’a pas tenu très longtemps, et a dévoré le pâté avec une vitesse si grande qu’il aurait aisément fait passer Obélix pour un petit joueur.

Depuis, à chaque fois que son maître lui donnait à manger, mister Hyde se frottait à lui, ronronnait, protestait, faisait la tête, puis sembla faire la grève de la faim. Le doute n’était plus permis : sa Majesté le Chat exigeait une nouvelle boîte de ce délicieux pâté moldu.

Argus se refusait de demander une autre boîte à sa chère amie, presque une mère pour lui, car il savait pertinemment qu’elle aurait refusé qu’il la paie. Or, la pauvre femme ne roulait pas sur l’or. Hors de question qu’il abuse de sa gentillesse envers lui ! Laisser le caprice de son chat passer ? c’est mal connaître le vilain greffier qui commençait déjà à faire ses griffes sur les vêtements de son maître…

Non, il n’y avait qu’une solution, et qui n’enchantait guère le concierge : passer de l’autre côté de la barrière, quitter Poudlard, son foyer depuis maintenant six ans, pour aller s’aventurer dans le Londres moldu et acheter la boîte tant désirée.

Restait à savoir qui pouvait l’aider dans cette redoutable besogne, une épreuve pire encore que de passer une semaine à camper dans la forêt interdite pour y cueillir des champignons.
Un seul homme était assez fou et pas en trop mauvais terme avec Rusard pour l’aider : le professeur d’étude des moldus, le très excentrique Lance Jane.

Comprendre cette terrible vérité fut douloureux pour le concierge. Il n’avait pas une folle envie de retourner du côté moldu d’une part, et il n’avait qu’une confiance relative en Jane, sachant qu’il était un vrai aimant à problèmes et qu’il faisait tout son possible pour se faire remarquer. S’il paraissait excentrique à des sorciers, pour quoi passerait-il chez les moldus ?

Allant voir le professeur, Rusard reçut de nouveau l’invitation d’aller voir ce qu’il se passait côté moldu pour les fêtes de fin d’année. A la grande surprise de Jane, le concierge accepta. Il lui précisa bien vite qu’il ne désirait qu’entrer dans une animalerie moldue et rien d’autre ! hors de question qu’il se fasse une fausse idée de son assentiment et ne désire lui faire visiter la moitié du Londres moldu ! Emporté comme est le professeur, tout était possible.
A 10h45, toujours accompagné de son chat miaulant, Rusard se présenta donc devant le bureau du professeur MacGonagall. Il vit le professeur, habillé en moldu, qui le rejoignit. Argus ne s’était pas changé, ses vêtements bruns lui paraissaient passe-partout, du moins s’il se souvenait correctement de la mode moldue d’il y a vingt ans… bien qu’il soit possible que la mode ait changé ?

Mister Hyde semblait bien décidé à les accompagner. Pensez ! Une animalerie remplie de boîte de pâtés pour chats comme celle qu’il avait mangée, il n’aurait pas raté ça, même pour une assiette entière de pigeons vivants et roucoulants ! Il en profita pour ronronner sans vergogne entre les jambes de son bienfaiteur, celui qui allait les guider vers la terre promise, le professeur Jane.

« Bonjour, professeur. » bougonna un peu le concierge, relativement stressé mais qui refusait de le montrer.

Jusqu’à la cheminée, le concierge espérait que son chat prenne peur, comme tout chat qui se respecte, et ne prenne les jambes à son cou, prétexte suffisant pour que Rusard prenne congé à son tour en excusant les caprices du greffier. Mais il est bien connu que les chats font toujours l’exact contraire de ce que l’on voudrait : c’est tout juste s’il ne se précipitait pas dans les flammes !

*Double traître !* pensa Rusard. *Tu ne penses qu’avec ton estomac !*

« Quelle adresse faut-il donner, professeur ? » demanda-t-il à Lance, le visage toujours tendu. Il attendait que son guide parte en éclaireur pour le rejoindre ensuite. Cette pensée ne le réjouit pas… contrairement au décidément très affectueux chat qui se frotta de nouveau aux jambes du professeur, comme s’il voulait partir en cheminette avec lui plutôt qu’avec son maître.

*Il y en a au moins un que ce voyage réjouit. Triple ingrat ! Gourmand ! Vendu !* pensa-t-il.

Au grand plaisir de Lance, Argus n'arriva pas en retard. Pas qu'il aurait râlé s'il n'était pas arrivé à l'heure, mais tout de même, il n'avait pas vraiment envie d'attendre des heures seul dans le bureau de Mac Go, il avait beau être professeur maintenant, la directrice des Gryffondor n'avait pas l'air de le considérer comme tel parfois et Jane oubliait lui-aussi certaine fois qu'il n'était plus sous la tutelle de ce respectable professeur. Malgré son nouveau rang, il avait toujours beaucoup de mal à rester seul face à elle. C'était plus fort que lui. Heureusement pour lui, Rusard était arrivée en compagnie de son chat. Mister Hyde avait d'ailleurs l'air d'être en meilleure disposition que son maître qui avait l'air bien récalcitrant à l'idée de devoir passer du côté moldu. Lance ne préféra pas s'en soucier. Il avait l'habitude de ce genre d'attitude chez les sorciers, ils étaient toujours un peu méfiant lorsqu'il s'agissait de changer de côté, mais la plupart du temps ils s'y habituaient vite et au bout d'une petite demi-heure, fini la gêne et bonjour la découverte.

« Bonjour Argus, Myster Hyde à l'air d'être très enthousiaste. » dit-il en voyant le chat venir se glisser entre ses jambes.

Ce chat n'était pas vraiment réputé pour être amical, pour dire Lance n'avait jamais pu le caresser depuis qu'il était arrivé à Poudlard en tant que professeur, pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé, une fois, il avait presque réussi, mais le chat s'en était rendu compte à la dernière minute lui avait griffer une main tellement fort qu'il n'avait pas pu écrire pendant trois jours. Lance ne s'était pourtant pas découragé, mais jamais il n'avait réussi à câliner le matou. Imaginez donc sa surprise lorsqu'il le vit venir le chat tout mielleux. Ce n'était vraiment pas son genre. Lance ne put s'empêcher de sourire en le voyant faire, après tout il n'allait pas se plaindre.

C'est donc tout sourire que le professeur d'Étude des Moldus se dirigea vers la cheminée qui était déjà allumée. Le fait de retrouver le Londres moldu le rendait tout joyeux, il n'avait pas eu l'occasion d'y aller depuis quelques mois déjà et il adorait cette ville, elle était toujours pleine de vie et on y déniché des tonnes d'objet moldu, peut-être trouverai-t-il de quoi divertir ses élèves pour son prochain cours. En tout cas, il était bien content que Rusard veuille l'accompagner, Même si ce sentiment n'avait pas vraiment l'air d'être partagé. Le chat se trouvait déjà dans la cheminée quand Jane y prit place. *Vraiment pressé de partir le matou * pensa-t-il. Le concierge jeta un regard noir à son ami le chat. * J'en connais un qui est vachement moins pressé que son chat* se dit-il lorsqu'il vit l'attitude qu'avait l'homme.

Rusard lui demandais déjà l'adresse qu'il fallait annoncer, il est vrai qu'il avait oublié de le mettre au courant. C'était beaucoup plus pratique s'il était tous les deux en mesure de prononcer la même adresse.

« Oh, nous allons au chaudron baveur, on ne peut pas se permettre de débarquer comme cela dans une cheminée moldu, encore faut il qu'elle soit reliée. Donc nous irons directement au chaudron baveur et ensuite, de là, nous pourrons rejoindre le côté moldu grâce au passage. Il me semble qu'il y a une animalerie à quelques minutes du pub, vous pourrez donc acheter ce que vous souhaitez, je connais un magasin de noeud papillon donc vous me donnerez des nouvelles, j'en suis sûr »

Lance avait l'air plus qu'enjoué. Aujourd'hui ne pouvait être qu'une bonne journée, il allait retrouver son monde et en plus de ça il allait pouvoir en profiter pour s'acheter de nouveaux noeud papillons. Il pouvait le faire du côté sorcier, c'était vrai, mais les accessoires sorciers avaient pour particularité qu'ils étaient sorciers justement et donc doté de plusieurs capacités étranges. Comme celui de faire voler la personne qui le portait. Le seul qu'il appréciait vraiment était un joli noeud papillon que lui avait offert Aaron pour son anniversaire, celui-là était capable de changer de couleur selon l'état d'esprit du porteur. Avec Lance, il était souvent très coloré, car le jeune professeur était toujours de bonne humeur, mais il lui arrivait parfois de varier légèrement. Il n'était jamais passé au noir, mais il lui était arrivé de le voir bleu marine, une fois. Tout ça pour dire qu'il préférait les classiques moldu, tel que celui qu'il portait aujourd'hui. Les moldus étaient très doués pour tout ce qui était accessoires, * peut-être que Rusard allait pouvoir trouver un beau chapeau ou un nouveau collier pour myster Hyde* Lance ria à cette idée.

Il attrapa une poignet de poudre de cheminette et la projeta dans les flammes qui vinrent lécher les habits du né-moldu. Rapidement il se retrouva dans l'âtre d'une autre cheminée, l'endroit lui était famillié, il l'était d'ailleurs pour tous les sorciers anglais. C'était par là qu'il passait pour accéder au chemin de Traverse. Le pub était bondé en cette semaine de fête, pas étonnant tout le monde souhaitait profité de l'ambiance de Noël. Lance fit un pas en avant, sortant de la cheminée, il fit signe à Tom, le barman qui était en train d'essuyer quelques verres. Le professeur épousa son costume qui était plein de suie, il s'assura que le chat était bien là et effectivement, il était toujours dans ses jambes. Il ne se ferait donc pas étranglé par Rusard en perdant son chat * Et non pas la mère Michelle* Il ne restait plus qu'à Jane a attendre que le concierge se décide à passer le pas et à apparaître lui aussi dans le cadre de la cheminée.

Le concierge fut rassuré d’entendre l’adresse. Il connaissait bien le chaudron baveur pour y avoir longtemps séjourné lorsqu’il travaillait pour Gringott’s. Il y passait à ses temps perdus. Il fut donc un peu rasséréné, d’autant plus que l’animalerie moldue se trouvait à quelques minutes. Autrement dit, il n’avait que quelques pas à faire côté moldu, et hop ! En courant, ; il retrouverait vite le côté sorcier rassurant.
Cependant, il ne fut pas rassuré bien longtemps…
« Quoi ? vous voulez dire que.. vous allez me laisser aller là bas tout seul ? Mais professeur… » lança-t-il un brin paniqué.
Trop tard, Jane avait lancé la poudre de cheminette et parti avec l’impatient greffier.
« Par les poils de barbe de Merlin ! » jura Argus.
Il fallait s’y attendre, ce professuer n’était pas fiable : au lieu de lui servir de guide, il allait l’abandonner dans une animalerie moldue, en plein territoire ennemi, avec tous ces moldus autour de lui qui le regarderont, qui l’accuseront et qui lui lanceront peut-être des pierres…

*Non, la panique te fait délirer, Argus. Souviens-toi de ton enfance : le territoire moldu est dangereux, certes, mais tu as survécu des années en son sein. Maintenant que tu es un adulte fort et adroit, tu ne feras qu’une bouchée de tes agresseurs.*

Car bien sûr, Rusard était persuadé qu’il serait dévisagé et attaqué dès ses premiers pas à Londres, oubliant allègrement que son amie madame Figg y habite depuis sa naissance et que rien ne lui était arrivée…

De toute façon, maintenant que son chat était parti avec le professeur, impossible de revenir en arrière. Il ne pouvait pas abandonner le pauvre félin à une mort atroce, lapidé et écorché par une foule de moldus en colère brandissant fourches et torches (oui, oui, même en plein jour). Il dut se résoudre à prendre la poudre de cheminette, à annoncer sa destination, et voilà ! Seulement, stressé et désireux de se dépêcher, il fit une grosse erreur.
« Le… Le crapaud baveur ! Non, le chaudron !» annonça-t-il.
Il se sentit aspiré vers une destination inconnue. Lorsqu’il réapparut, c’était à l’intérieur d’un énorme chaudron. Dans le noir, en train de cuire dans du jus de carottes, il tenta de se lever et fit basculer le récipient avec tout son contenu. La sorcière qui avait préparé ce succulent repas poussa un cri de surprise. Oui, elle était reliée au réseau de cheminette, mais elle n’attendait pas le moindre visiteur !
Trempé de jus, Rusard essaya vainement d’expliquer son cas, disant qu’il s’était trompé de destination, malgré les coups de cuillère en bois que la sorcière, très en colère, lui assénait. Il réussit à lui expliquer qu’il voulait rejoindre le chaudron baveur.
« Imbécile ! Vous n’êtes qu’à trois stations de métro du chaudron, c’est la station Green Park, en prenant King’s cross. Allez direction Brixton ! Et maintenant, dehors ! »
Séance tenante, et munie de ces faibles informations, la sorcière le jeta dehors et ferma sa porte à clef.

Cela ne convint pas du tout au pauvre concierge qui se mit à tambouriner à la porte de la sorcière, criant qu’il ne connaissait pas le métro et qu’il n’avait jamais mis les pieds à King’s cross. Les passants tournèrent la tête vers ce type trempé hurlant à la porte d’une maison, et Argus s’en rendit vite compte. Faisant mine de rien, il croisa les bras derrière son dos et s’éloigna en sifflotant, tandis qu’une carotte tombait encore de son crâne vers le sol.
Prise de remords après quelques minutes d’interrogation et de ménage pour nettoyer son âtre, la sorcière se décida à vérifier si le type, peut-être vraiment perdu, était toujours là. Il ne se trouvait pas dehors. Il était parti. Et s’il n’avait jamais mis les pieds dans le Londres moldu ? N’avait-elle pas commis une bourde ? Elle se décida à appeler le chaudron baveur, signalant qu’un étrange bonhomme avec un long imper marron était arrivée chez elle et qu’elle l’avait lâchée vers King’s cross.

Récalcitrant car il avait autre chose à faire et des tas de clients à satisfaire, le barman coupa la conversation dans la cheminée assez vite, promettant de livrer le message, et se contenta de hurler :
« S’il y en a qui connaissent un type avec un long imper marron, il s’est trompé de destination, et il est perdu vers King’s cross. »

En effet, le concierge était complètement perdu. Il fit mine de marcher, en surveillant du coin de l’œil les moldus aux étranges vêtements, qui passaient sans le regarder, apparemment tous très pressés. Une musique de Noël retentissait parfois, mais la musique qui le suivait constamment était très ironiquement celle de « station to station » d’un certain David Bowie…

*Mon seul espoir est de parler à un moldu et de demander où est King’s cross…*

Cela réclamait beaucoup d’efforts pour le pauvre concierge : parler à un moldu était une chose très difficile pour un homme qui a passé vingt ans chez les sorciers. Et pire encore : la gare de King’s cross était maudite pour un cracmol. Un lieu en quelque sorte interdit psychologiquement, car c’était le départ du Poudlard Express, et cette gare rappelait constamment aux cracmols qu’ils n’ont jamais reçus de lettres…

*Si seulement mister Hyde était avec moi, il saurait quoi faire !*

Myster Hyde n'avait pas vraiment l'air d'être dérangé par l'absence de son maître. Lance lui commençait à se poser des questions. Voilà déjà dix minutes qu'il avait traversé et Argus aurait dû le suivre de près. L'espace d'un instant, le professeur se demanda si le cracmol n'avait pas fait demi-tour. Il n'avait pas l'air vraiment emballé par l'idée de passer du côté moldu, peut-être avait-il prit peur et était retourné à ses occupations de concierge. *Il n'aurait pas laissé son chat allons * pensa Lance. Non, c'était impossible, Rusard ne pouvait abandonner son chat comme ça. La réponse était forcément ailleurs. Mais alors que pouvait-il bien faire. Il voulut retourner à Poudlard, peut-être que Rusard ne savait pas utiliser la poudre de cheminette. Il oubliait parfois que tout le monde ne savait pas faire. Il s'en voulut, il avait agit comme les nés-sorciers quand il était arrivé à Poudlard. C'était bête, il en avait souffert de ne pas savoir, c'était peut-être le cas de ce pauvre concierge. Puis il se souvint de son premier voyage par cheminée, il s'était trompé dans l'adresse et c'était retrouvé dans un grand manoir en Écosse. Peut-être que le cracmol n'avait pas prononcé l'adresse assez distinctement, peut-être que lui aussi était en Ecosse * J'espère pour lui qu'il ne va pas manger leurs trucs à base de mouton, sinon le pauvre on ne le retrouvera jamais vivant * Jane esquissa un sourire à cette pensée, même si son ventre fit un bruit très bizarre à l'évocation de la panse de mouton farci. * BEURK* Apparemment son malheureux estomac ne s'était toujours pas remit de son bref repas écossais.

Au moment où Lance c'était décidé à retourner au château voir ce qui retenait Rusard, ça faisait déjà une demi-heure qu'ils attendaient et Myster Hyde commençait à s'impatienter. Tom, le barman, se mit à crier une information à travers le bar lorsque le professeur mit un pied dans la cheminée. Il se ravisa immédiatement lorsqu'il entendit ce qu'avait à dire l'homme derrière le comptoir. * Diantre ! Il s'est perdu* pensa-t-il à l'intention d'Argus. Cela expliquait son retard. Vers King Cross, ce n'était pas très loin, mais c'était noir de monde à cette heure de la journée et même si Rusard n'était pas le genre d'homme à passer inaperçu à Poudlard, à Londres, il se fondrait dans le décor, Lance y arrivait, alors tout le monde pouvait le faire. Il fallait qu'il trouve une solution, après tout c'était lui qui l'avait ramené ici, il en était un peu responsable et il n'avait pas l'intention de laisser son collègue se débrouiller seul, ce n'était pas dans sa nature. Alors qu'il cherchait une solution, ses yeux se posa sur le chat. *Mais oui, bien sur, pourquoi n'y ai-je pas pensé plutôt, stupide Lance * se dit-il à lui-même alors qu'il se tapait le front avec le plat de la main. Les gens allaient peut-être le prendre pour un fou, mais ça ne le dérangeait pas plus que ça, il avait l'habitude, maintenant. Il s'accroupit devant le chat qui ne bougea pas pour une fois, il le regarda dans les yeux, sûrement qu'il pensait qu'ainsi il le comprendrait mieux. Ouais, parce qu'il était sûr à cet instant qu'il était capable de communiquer avec un félin.

« Myster Hide, je vais avoir besoin de vous mon cher ami. Argus c'est perdu dans Londres, dans un endroit pas loin d'ici et j'avais dans l'idée que si je vous amène non loin de lui, vous seriez capable de le reconnaître. Oui, je sais, vous n'êtes pas un chien, mais vous êtes bien plus intelligent que l'un de ces sales cabots, le flaire ne suffit pas, puis vous êtes très proche de votre maître, s'il y en a bien un capable de le retrouver, c'est vous. Promis si vous réussissez je vous offrirais un joli cadeau quand nous visiterons l'animalerie. »

Lance avait dit ça très sérieusement en regardant toujours le matou, il espérait juste qu'il l'avait compris et que sa tirade n'avait pas servi à rien. Ça ne le dérangeait pas de passer pour un fou à lier, mais qu'au moins ça serve à quelques choses. Apparemment se fut le cas, il ne savait pas vraiment si c'était le fait que son maître soit perdu ou l'idée de la récompense qui motivait Myster Hyde, mais en tout cas, au bout de quelques secondes, le temps d'assimiler sûrement, le félin se leva et fit comprendre au professeur d'étude des moldus qu'il était prêt à le suivre pour retrouver Argus Rusard. * Tu pourras ajouter ça à ton CV, mon vieux, sait communiquer avec les chats * il se releva d'un bond, avec la certitude qu'ils retrouveraient bien vite le concierge.

Ce fut donc avec cette certitude que Lance sortit du pub, du côté moldu. King Cross n'était pas très loin du Chaudron Baveur. Le truc était de savoir si Argus était encore loin de la gare où s'il était tout proche. Le barman avait oublié de le dire ça. Avec un peu de chance il était déjà là-bas et si ce n'était pas le cas, Myster Hyde pourrait peut-être l'aider. Toute la route, le professeur se demanda comment il allait bien pouvoir faire pour retrouver le concierge, surtout qu'il ne devait pas avoir vraiment l'habitude des villes moldus, ça ne devait pas être très rassurant. Sur la route, Jane croisa une vitrine, pleine de noeuds papillons plus beaux les uns que les autres. Il ne put s'empêcher de s'arrêter pour les admirer, si bien que lorsqu'il revint à la réalité, le chat avait prit de l'avance sur lui, * Concentre toi espèce d'abruti, t'as déjà perdu le maître, tu ne vas pas perdre le chat * il dut s'abaisser pour repérer le chat à travers la foule. Heureusement, il n'était pas bien loin et il le rattrapa rapidement.

Arrivée à King Cross, le jeune professeur regarda autour de lui, Aucun signe d'un concierge sorcier perdu au milieu de moldu. Ça commençait bien. Il regarda le chat, haussant les épaules. Ils reprirent leur route à la recherche du sorcier perdu. Leurs recherches se révélèrent, malheureusement, infructueuses. *Quoique si tu rentres sans Rusard au château, beaucoup d'élèves te prendront pour un héros. * pensa-t-il avant de se secouer la tête pour oublier cette idée, c'était son côté sale gosse qui reprenait le dessus. Une nouvelle fois il s'accroupit face au félin.

« Je ne vois rien ici et apparemment vous n'avez rien trouvé non plus. C'est problématique. Je ne peux pas le laisser seul trop longtemps, il ne doit pas vraiment être rassuré. Vous ne pouvez pas faire un truc de chat pour retrouver votre maître ? »

Quelques secondes après le discours de Lance, le chat fila vers la sortie. Avait-il compris le discours du professeur ? Quoi qu’il en soit, sortir en plein Londres moldu ne posait aucun problème pour le félin. Un humain était un humain, et la différence entre eux n’était pas flagrante pour ses yeux de matou. Peu importait que l’humain vivait dehors, à marcher sans cesse, ou dans un château à marcher sans cesse !

Le chat s’arrêtait parfois ; vérifiait-il que le professeur le suive ? Cherchait-il son chemin ? Ou tout simplement était-il distrait par le nombre impressionnant de bruits et d’odeurs différents ? Ses moustaches frémirent, et il feula comme un tigre dès qu’un passant osait se pencher pour le caresser en soulignant à quel point il était soi-disant mignon. Non, il n’était pas mignon et s’il fallait griffer pour le montrer, il n’hésiterait pas une seconde.
Pendant ce temps, le pauvre concierge suivait bêtement le mouvement de la foule se pressant à la gare. Il avait trouvé un panneau indicateur et l’avait suivi. Il se rappelait des voitures, mais pas des passages piétons… fort heureusement, il y avait foule et il n’avait qu’à suivre ceux qui voulurent traverser pour se trouver à la gare. Il tenta de se remémorer les instructions de la sorcière.

*Trois stations… Green Park… direction Brixton.*
Arrivé aux tourniquets, il se demandait quelle magie les gens employaient pour faire fonctionner cet étrange objet. Il avait dû se faire une raison : les moldus ne l’attaqueraient pas, n’allumeraient aucune torche et ne le brûlerait pas en place publique. Vraiment, les plus vieilles traditions n’étaient plus respectées dans ce pays. Quel scandale ! Mais cela avait un avantage : il pouvait leur parler. Malgré sa répulsion, il n’avait pas le choix.
Cela tombait bien : un homme était attablé à l’intérieur d’une cabine de verre marqué « accueil ». Rusard voulait justement être accueilli. Il demanda donc un peu abruptement comment il pouvait passer pour aller à Green Park.

L’homme en question lui montra aimablement le parcours et lui demanda de l’argent moldu pour le parcours. Le concierge n’avait que de l’argent sorcier, il posa donc quelques noises.
Pensant que c’était un étranger, l’employé lui expliqua toujours aussi aimablement que le concierge devait d’abord passer au change pas loin de la gare pour échanger son argent contre des livres. Ne voulant pas quitter la gare maintenant qu’il l’avait trouvé, le pauvre Argus s’éloigna donc. Après avoir tourné un peu en rond dans la gare, cherchant une entrée sans tourniquets, il s’assit près d’un SDF qui avait un manteau ressemblant vaguement au sien.

« Eh ! C’est mon territoire ! Installe-toi ailleurs ! » intervint le mendiant.
- Lorsque je vous aurai brisé les quatre dents qui vous resteront avec mon poing, nous rediscuterons des territoires. » répliqua, agacé, le brutal concierge.
- Mais… j’ai bien plus de quatre dents ! Lui répondit le mendiant, un peu étonné.
- Pas si je cogne votre tête contre le mur.
Comprenant qu’il valait mieux ne pas se frotter à Rusard et refusant de quitter son coin favori, le mendiant s’en tint là et ne discuta plus. Il tendit la main et reçut quelques pièces. Cela réveilla l’intérêt du cracmol.
« Y a-t-il suffisamment de pièces pour passer le tourniquet ? » demanda-t-il.
- Tu… tu ne vas quand même pas me taxer mes pièces ? J’en ai besoin pour vivre ! s’inquiéta le mendiant.
- Échangeons, alors. Vos pièces contre les miennes. »
Il lui montra deux noises.
« C’est en argent. Ça vaut bien plus que le contenu de ton chapeau. On échange ou, si tu refuses, tu pourras ranger tes dents dans ton chapeau avec tes précieuses pièces. »

Préférant ne pas tenter un homme énervé avec un fouet, le pauvre SDF dut accepter l’échange et attendit le départ de Rusard pour tout de suite changer de coin, des fois qu'il prenne l'envie au grand type de revenir. Muni des pièces moldues, Rusard put enfin posséder un ticket et passer péniblement le tourniquet. L’intérieur était gigantesque. Perdu dans ses pérégrinations, ou bien emporté par la curiosité, il se retrouva aux grandes lignes, pas loin de la voie 9 et de la voie 10. Il se tint là, entre les deux voies. Son visage inexpressif se transforma peu à peu en rictus de défi et de dégoût. Le voilà donc, ce quai où jamais il n’avait pu aller à ses onze ans. S’il avait eu des pouvoirs magiques, ses parents ne l’auraient pas rejeté, ils l’auraient emmené là, avec son matériel scolaire, il aurait eu des camarades, des amis… Il s’imaginait, comme en fantômes, ses parents l’encadrant, lui, frêle enfant de onze ans, souriant, avec ses valises, son chaudron et son chat de compagnie.

Rusard était jaloux. Ces satanés adolescents n’avaient pas conscience de la chance qu’ils avaient, ils gâchaient tout avec leur non-respect systématique du règlement, ils s’imaginaient que le monde était à leurs pieds, et ils écrasaient d’un air méprisant tous ceux qui n’étaient pas comme eux. Les adolescents sorciers étaient bien les gens les plus détestables du monde.

Argus cracha entre les deux voies. Non, il n’y était jamais allé, dans cette satanée voie, et maintenant il s’en moquait. La sorcellerie l’a rejeté ? Eh bien lui rejetait la sorcellerie. Il savait se débrouiller sans magie, il avait les clefs de Poudlard, avec son fouet il pouvait désarmer n’importe lequel de ces prétendus grands sorciers. Il n’avait pas besoin de baguette ni de pouvoirs magiques. Tournant le dos à ce qui n’a jamais été son passé, Argus reprit sa recherche vers la voie qui l’emmènerait à green Park, direction Brixton. Après avoir trouvé la voie, il s’installa dans le métro. Il n’hésitait pas, cette fois, à poser différentes questions aux voyageurs. Oui, il s’agissait bien de ce métro-là. Non, la direction Brixton était en face. Non, on n’a pas le droit de franchir les voies pour aller de l’autre côté du quai, il faut faire le tour. Très respectueux du règlement, Rusard respecta à la lettre les instructions pour enfin être du bon côté. Une fois le métro arrivé, il dut bousculer les autres pour réussir à entrer. Quel monde ! Les moldus étaient vraiment beaucoup trop nombreux !

Fatigué, même exténué nerveusement et détestant les odeurs ainsi que la compression dont il était l’objet depuis qu’il était entré dans le wagon, Rusard s’efforçait de lire le panneau indicateur. Euston… Warren street…Oxford Circus… Green Park… et c’était quelle station après Green Park ?
« Par tous les chats ! » s’exclama-t-il.
Une fois sorti à Green Park, Rusard savait parfaitement où il pourrait retrouver son chat.

Au même moment, mister Hyde s’arrêta plus longtemps que de coutume. Il regarda par terre, sembla réfléchir, puis courut dans la direction opposée, retournant vers le chaudron baveur. Cette fois, il se soucia peu de Lance Jane, il continua après le chaudron baveur, comme si son maître les avait dépassés et qu’il lui courait après. Pourtant, il n’y avait pas l’ombre d’un Rusard dans la rue.

Le chat avait eu l’air réceptif au discours de Lance puisque qu’à peine c’était-il adressé à lui qu’il filait déjà. *Je vais vraiment pouvoir mettre que je parle aux chats dans mon CV* se dit-il alors qu’il s’efforçait de suivre le matou qui filait à travers la foule. Seulement lui n’avait pas la possibilité de se faufiler à travers les pieds des gens et il avait beau être mince il était plutôt grand, ce qui n’était pas vraiment pratique pour avancer quand il y avait trop de monde, mais c’était ce qui lui permettait de ne pas perdre le chat à travers le monde.

Lance s’inquiétait pour le concierge, contrairement à ce qu’on pourrait croire il ne le détestait pas, même s’il savait que Rusard n’avait que très peu d’estime pour lui, mais il était habitué, puisque la plupart des sorciers le prenait pour un imbécile juste bon à enseigner l’étude des moldus et à faire le pitre. Ce n’était pas le cas, mais Jane ne préféré pas relever et laisser les gens penser ce que bon leur semblait, le plus important était que lui sache de quoi il était capable. Le né-moldu savait très bien que son collègue n’était pas vraiment à laisse en territoire moldu et il s’en voulait de l’avoir laissé seul alors qu’il ne connaissait certainement pas les subtilités de ceux qui n’avaient pas de pouvoir magique.

Alors que Lance s’interrogé sur le meilleur moyen de retrouver Argus, sans sa baguette bien entendu, puisqu’il y avait bien trop de moldus pour prendre le risque. Mister Hyde s’arrêta soudainement, à tel point que Lance faillit lui marcher dessus, mais heureusement il avait de bon reflexes et avait réussi à s’arrêter juste à temps. Le chat semblait réfléchir à quelque chose, puis soudain il détala, Jane n’avait jamais vu un chat courir aussi vite, il essaya de le suivre, mais c’était impossible. Du moins pas d’assez prêt. Il essaya tout de même, se disant que le matou avait retrouvé son maître comme il le lui avait demandé. Il ne pouvait donc pas le laisser partir, surtout que si ce n’était pas le cas, Rusard risquait de vouloir le tuer s’il le retrouvait sans son fidèle animal. La chose n’avait pas été aisé, mais il était tout de même parvenu à garder le chat dans sa ligne de mire, malgré que le félin continué à détaler.

*Argus ne devait plus être très loin maintenant* se dit-il après avoir une nouvelle fois dépassé le chaudron baveur. Du moins c’était ce qu’il espérait, sinon il allait devoir retourner au château pour prévenir Dumbledore, peut-être que le directeur allait pouvoir l’aider à le retrouver, quoique au château il était libre d’utiliser sa baguette, grâce à elle il était certain de pouvoir retrouver le concierge, mais ça signifiait abandonner le chat et ça, il n’était pas vraiment d’accord. Alors, il préféra continuer à chercher encore un peu, avec l’espoir de rapidement retrouver Argus.

Heureusement pour lui, au bout d’un moment d’une course effréné il reconnut un manteau bien identifiable, avant que le chat n’aille retrouver son maître, il se fraya un chemin parmi les londoniens et alla retrouver Rusard. Il était un peu gêné, mais essayait de le cacher du mieux qu’il le pouvait.

« Vous voilà enfin, où étiez-vous passé ? Tom nous a prévenus que vous étiez à King Cross, puis Mister Hyde m’a amené jusqu’ici. J’espère qu’il ne vous ait rien arrivé de grave. »

Rusard sortit du métro. Les gens semblaient indifférents à leurs semblables, ce qui arrangeait parfaitement le cracmol. Aucun n’était sorti avec sa fourche et sa torche pour chasser du sorcier. Rusard était certes dépourvu de pouvoir magique, mais bon, il ne fallait pas faire le difficile, faute de sorciers, on brûle du cracmol ! Si des chasseurs de sorciers ou des inquisiteurs auraient refusé de le condamner à mort pour sorcellerie, Argus se serait senti très vexé.

Autres temps, autres mœurs. Pour quelqu’un qui n’était pas sorti du monde sorcier depuis vingt ans, le concierge de Poudlard s’était très bien débrouillé. Il était arrivé à destination.
Et quelle destination ! Après avoir vu le nom de cette station, le digne maître de son digne chat n’avait pas cessé de suivre cette pancarte, persuadé que c’était fatalement le premier endroit où Lance et mister Hyde allait le chercher. Et c’était si près du chaudron baveur ! Cela vaudrait sûrement le coup d’y retourner, mais en de meilleures circonstances. Quel endroit ? Celui-ci :

Spoiler:

Argus ignorait parfaitement ce qui l’attendait, il ne savait pas à quoi correspondait cet arrêt, mais cela n’avait strictement aucune importance. Il se contentait de suivre les panneaux et la foule, anonyme parmi les anonymes. Il évita de traverser les routes sans suivre d’autres personnes. Il se souvenait des voitures, mais dans son souvenir, elles n’avaient pas la même forme et elles n’étaient pas aussi nombreuses. Dangereuses, mortelles même si on n’y prenait pas garde, voici par contre, ce dont il se souvenait parfaitement. Il se contenta donc encore une fois, de suivre patiemment la foule, s’arrêtant en même temps qu’elle, avançant en même temps également.

Il commença à comprendre où ses pas le menaient lorsqu’il vit ce monument et surtout ce qu’il y avait derrière.

Spoiler:

*C’est un parc ! Les moldus ont gardé un peu de nature dans leur grande ville.*

Et pas n’importe quel parc… Il s’agissait du plus grand parc du centre de Londres… plus de deux kilomètres de longueur ! On s’y perdrait facilement… sauf si on restait à l’entrée.
Mais l’entrée elle-même était imposante, avec ses trois passages voûtés, ressemblant à trois arcs de triomphe reliés les uns aux autres par des piliers. L’avantage était qu’on ne pouvait pas la rater. Rusard décida de se planter au centre de l’arc principal. Lui aussi, on ne pouvait pas le rater.

*Allez, mister Hyde, viens mon chaton, viens me chercher.* pensa le concierge, comptant sur son chat pour le sauver. Que ferait-il si ce n’était pas le cas ? Il était à Londres, il pourrait chercher le chaudron Baveur, qui ne devait pas être loin. Mais aucun moldu ne pourrait le renseigner. Il pourrait demander l’animalerie où lance avait promis de l’emmener, pas loin d’un magasin de nœuds papillon… mais s’il ne trouvait pas ? Ou s’il y en avait plusieurs ? Et aucun moyen de contacter qui que ce soit. Saurait-il retourner chez madame Figg ? Il en doutait. Sautait-il se servir du téféfone, ou télélone, enfin le truc qui permet aux moldus de se contacter sans poudre de cheminette ? Probablement pas.

Mister Hyde restait sa plus sûre chance.

Justement, que faisait le chat ? Après avoir croisé Lance sans lui accorder un seul miaulement d’explication, il continuait à détaler, sans trop se soucier de savoir si le professeur le suivait. Avait-il déjà oublié, dans sa petite tête triangulaire, qu’il était accompagné ? Faisait-il suffisamment confiance en un sorcier pour le suivre, s’imaginant peut-être qu’il pouvait utiliser la magie ? Le chat ne faisait probablement aucune différence entre le monde moldu et sorcier. Tout était magique : les baguettes jetant des étincelles, les voitures qui sentent mauvais, les lumières intrigantes à attraper, les baladeurs qui se croient discrets mais qui font un bruit du tonnerre pour ses oreilles pointues, les sorts étranges d’humains hurlant ou chuchotant, les trains gigantesques...

A propos de lumières… à quoi servaient ces étranges lueurs vertes et rouges, près de la piste zébrée blanche et bleue ? Bah, aucune importance.

Le chat traversait malgré les voitures qui freinaient brusquement et klaxonnaient. Après l’arrêt brusque de la première, la deuxième lu rentra dedans, puis la troisième… un beau petit carambolage, créant un bruit du tonnerre et un bel embouteillage. Et s’il ne s’agissait que d’une route… mais toutes les routes que le chat traversa remportèrent leur lot de pneus crissés, de ferraille tordues, et d’insultes vouant le chat à l’enfer pour sept générations.

Le concierge entendit ces bruits, ces lumières, ces cris enragés, ce concert de klaxons. Pour lui, il n’y avait aucun doute : personne ne pouvait autant semer le désordre sinon le chat qui allait le sauver.

Et effectivement, comme au ralenti, Rusard vit sur le trottoir son félin courir vers lui, bouche fermée mais les yeux centrés sur lui, son pelage brillant à la lumière du soleil, sautant au besoin les obstacles négligeables comme des passants ne s’attendant pas à trouver un chat dans leurs jambes pour les faire tomber. A certains, le chat ne put résister au plaisir de les griffer en douce par ses pattes arrières, des fois que par chance, ils attrapent le tétanos. Ah, qu’il est taquin !

Après avoir fait place nette, le chat sauta dans les bras de son maître, sur une musique de Queen, qui avait fait un concert au parc quelques mois auparavant et dont les chansons traînaient encore.

« Tu es un bon chat, mister Hyde, un bon chat. » lui assura affectueusement son maître, indifférent aux accidents divers et variés, aux gens qui saignaient et/ou qui étaient tombés et qui rêvaient tous de préparer pour ce soir un civet de félin à la sauce tartare.

Rusard avait tourné avec son chat, tout à sa joie, et sentit que quelqu’un lui tirait le manteau. Qui donc lui gâchait ses retrouvailles ? Le professeur Jane, visiblement un peu gêné.

« Où j’étais ? En plein cœur de Londres, à chercher un moyen de vous retrouver ! Je vous retiens, vous, avec vos promenades rapides de cinq minutes ! Juste à traverser la rue, hein ? Cela fait près de deux heures que je me perds dans cette satanée ville moldue. Sans mister Hyde, je ne donnais pas cher de ma peau ! »
Toujours dans les bras de son maître, mister Hyde faisait écho à la colère de celui-ci en illustrant sa colère par un tchittt d’indignation.

« Bien sûr que non, il ne m’est rien arrivé de grave. Pour qui me prenez-vous ? Je suis de taille à me défendre contre une horde de boutonneux surexcités et réfractaires aux règlements, j’aurais donc pu affronter la moitié de Londres sans difficulté ! Mais sans mon chat, j’avoue que je n’en menais pas large. Je ne rêve plus que d’une chose : retrouver mon bureau et punir les élèves arbitrairement. Voilà une occupation saine ! »

Mister Hyde descendit des bras de son maître, et décida, sans vergogne, de se frotter aux jambes du professeur, réclamant ce pourquoi ils étaient venus au départ. Voyant son manège, Argus, baissant la tête, soumis, fut contraint de compléter par : « Mais il faut d’abord passer par l’animalerie. Vous nous y emmenez ?»

C’était à se demander qui était le maître des deux.

Dans sa course folle, Lance n'avait pas vraiment prit le temps de regarder autour de lui, il s'était contenté de foncer, suivant le chat sans vraiment regarder où il allait. À la limite, le félin l'aurait tout droit précipité dans un ravin, qu'il s'en serait rendu compte une fois tombé. Lance manqua d'ailleurs à plusieurs reprises de se faire écraser par des automobilistes mécontents de le voir traverser sans même regarder où il mettait les pieds. C'était qu'il en avait traversé des passages piétons sans même prendre garde à la couleur des feux bicolores. Cependant, le professeur levait tout de même la tête, adressant de vagues signes d'excuses aux voitures incommodés, il ne prit pas le temps de trop s'attarder, au cas où l'une d'elle, ou plutôt l'un de ses passagers auraient voulu discuter du comportement du piéton fou. Le chat ne prêtait aucune attention au né-moldu et il avait beaucoup de mal à le suivre, il fallait dire que la population londonienne était plutôt dense et que ce n'était pas une sinécure de se frayer un chemin.

Heureusement pour lui, le chat avait repéré son maître, qui se trouvait dans le parc le plus connu de Londres. Le plus beau aussi, mais ça, Lance ne s'en rendit compte que bien plus tard, lorsqu'une fois devant Rusard il prit le temps de reprendre son souffle et de regarder autour de lui. * Hyde Park * cria-t-il dans sa tête * mais pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt, il était obligé de passer par là * sa conscience avait raison, pour une fois, si Rusard c'était perdu dans Londres, il avait été forcé de passer par là, il aurait du y penser et se rendre directement à cet endroit. Enfin, ce qui était fait, était fait et le plus important était que le concierge avait été retrouvé. * ça c'est vite dit... *

Encore une fois, sa conscience avait raison, à peine avait-il retrouvé son collègue que celui-ci se mit à le rabrouer. Ce n'était pas comme si Lance ne se sentait pas déjà assez gêné d'avoir perdu son invité. D'un autre côté, si Jane n'avait pas été si poli, il lui aurait certainement rétorqué qu'il n'y était pour rien et que si Argus n'était pas aussi benêt, il aurait trouvé la bonne cheminée. Bien entendu, ceci il se retint de lui dire, trop bien élevé pour oser parler ainsi à un de ces aînés, mais tout de même le professeur était peiné, lui qui pensait passer une bonne journée, c'était raté. Il se balança sur ses pieds, comme il le faisait souvent quand il était gêné, ne trouvant pas les mots appropriés. Après tout que pouvait-il lui déclarer ? Que cet incident était fait exprès ? Non, le mensonge aurait vite été repéré. Le professeur ne trouva rien de mieux à répondre qu'une phrase toute bête.

« Au moins vous avez pu visiter Londres, c'est une ville merveilleuse, n'est-ce pas ? »

Lance était de ce genre-là, de ceux qui s'émerveillaient pour un rien, qui préféraient toujours voir leur coupe à moitié pleine plutôt qu'à moitié vide. Dans son esprit, même dans les situations les plus noires, il y avait toujours quelque chose de positif, même si ce n'était pas visible au premier coup d’œil. Ici, certes Rusard c'était perdu à cause d'une erreur d'élocution, mais au moins il avait eu l'occasion de visiter l'une des plus belle ville du Royaume-Uni. Ce n'était pas donné à tout le monde ce genre de choses, il fallait en profiter et non pas râler.

Le concierge s'insurgea lorsque Lance lui demanda si tout c'était bien passé. * Ce qu'il peut être susceptible celui-là.* Lance ne put retenir une grimace lorsque Argus parla de punitions, arbitraires qui plus est. Ça ne lui plaisait pas vraiment. Il n'était déjà pas vraiment pour les punitions, à part si elles étaient vraiment mérités, alors quand on punissait les gens par plaisir, ça le rebutait totalement. Il ne comprenait vraiment pas. Rusard avait dû être vraiment traumatisé dans son enfance pour être aussi tordu, il ne voyait que cette explication. Lance était sur le point de faire une réflexion là-dessus, parce qu'il avait beau être bien élevé il y avait certaine chose qui le révoltait et qu'il ne pouvait garder pour lui, quand Mister Hyde vint se frotter ses jambes. Jane le regarda en levant un sourcil. Il avait totalement oublié la raison pour laquelle ils se retrouvaient à Londres. La nourriture pour chats. Argus le lui rappela bien entendu et Lance se redressa soudain, remettant en place son nœud papillon de travers à cause de la course.

« Bien entendu, suivez le guide » dit-il alors qu'il partait d'un pas assuré vers une mauvaise direction.

Enfin, ça il ne le savait pas encore, il lui fallut bien une demi-minute pour s’apercevoir que le magasin se trouvait de l'autre côté. Il s'arrêta en pleine marche, le pied au-dessus du sol, dans une position plutôt originale, avant de se retourner dans un mouvement souple, pointant du doigts la direction opposée à celle qu'ils venaient de prendre.

« Finalement, je crois que c'est mieux d'aller par là-bas. »

Et sans se démonter, le professeur d'étude des moldus reprit sa route dans la direction inverse, toujours la tête haute. Ils trouvèrent d'abord le magasin de nœud papillons, au plus grand bonheur de Lance, qui était comme un enfant devant une vitrine de noël. Il ne pouvait pas retourner au château sans l'une de ces merveilles, c'était évident. L'animalerie se trouvait juste en face. Il guida l'homme et son chat jusqu'à l'entrée de la dite boutique avant de s'arrêter.

« Alors voilà la terre promise des félins, je vous laisse faire votre choix, j'ai une course à faire, je serais juste en face. » termina-t-il en indiquant le magasin d’accessoires.

Sans plus d'explications il fila, bien trop pressé de trouver le nœud papillon parfait pour remplacer celui qu'il avait brûler, confiant, après tout rien ne pouvait se passer dans une animalerie moldu, c'était bien connu.

Après avoir déchargé sa colère sur le professeur, et après le rappel de mister Hyde sur leur présence ici, le jeune Jane leur demanda de suivre le guide avant de partir à gauche. Sans discuter plus, et content d’avoir enfin quelqu’un qui lui montre la bonne direction, le concierge suivit sans discuter… sauf que son « guide » leva un pied en l’air, se retourna, et partit dans la direction opposée.

*Nom d’un touriste ! Il ne sait pas où il va…* s’inquiéta Rusard. Après avoir affronté le métro, la foule et les voitures, allait-il devoir affronter la compagnie de son excentrique collègue, perdu lui aussi ?
Mister Hyde semblait faire confiance en l’homme au papillon puisqu’il suivait ses pas. Rusard n’avait pas d’autres choix que de suivre le mouvement, priant Merlin pour qu’ils passent à proximité du chaudron Baveur. Comme cela, il aurait l’espoir de pouvoir rentrer chez lui.

Son vœu fut exaucé, la taverne était en vue ! Le concierge rêvait de rentrer directement dans ce lieu familier pour pouvoir retourner à Poudlard, mais ses deux compagnons en décidèrent tout autrement. Lance Jane s’était approché d’une vitrine et sembla tomber en extase, souriant parfois comme un demeuré… du moins c’est ce que pensait le cracmol, qui ne comprenait pas comment on pouvait s’intéresser à ces décorations ridicules que les moldus mettaient autour du cou. Patient, le chat avait posé ses pattes avant sur la vitrine et regardait avec insistance, des fois que la boîte de pâté de ses rêves se cachait ici.

« Euhm… » toussota le concierge. « Et nous ? La boutique que vous nous avez promise ? »

Le chat miaula brièvement, d’un air interrogatif, en regardant le professeur avec des yeux ronds de chat plein d’espoir.

Fort heureusement, la boutique se trouvait juste en face, comme promis. Le né-moldu les planta juste devant, de façon à ce qu’ils ne se trompent pas. La terre promise féline… Mister Hyde avait-il compris ou avait-il entendu quelque chose d’autre ? En tout cas, ses oreilles se dressèrent.

Jane ne les accompagnants pas, le concierge et son chat entrèrent enfin dans la boutique. Il y avait bon nombre d’animaux vivants, d’abord des poules, puis des canaris et autres petits oiseaux, que le chat observait avec convoitise… Dans un aquarium nageaient de petits poissons multicolores, excitant une nouvelle fois la curiosité gourmande du félin. L’humain papillon n’avait pas menti : c’était la terre promise des chats !

Le duo n’était pas au bout de leur découverte : le rayon chat et chien était certes trop proche au goût du délicat greffier, préférant une distinction nette entre les deux animaux, mais la collection impressionnante de croquettes et autres pâtés pour chat le fit courir vers la direction du rayon tant désiré. Le chat et son maître explorèrent ce rayonnage, leurs yeux bougeant de droite à gauche, quand soudain, comme s’éclairant et avec une musique ponctuée de chœurs féminins, ils virent en même temps le saint Graal : la boîte de pâté pour chats Felinie ! Rusard s’en empara courageusement, avec une émotion non-feinte. Ce digne chevalier des temps modernes possédait enfin l’objet tant désiré !

Avec l’argent moldu que Lance Jane leur avait laissé, Rusard partit à la caisse, le chat sur ses pas. Ils passèrent juste à côté d’une vitrine d’exposition où chats et chiens étaient exposés devant les clients.

« Excusez-moi, monsieur, mais les animaux en liberté ne sont pas admis ici. » annonça la caissière au cracmol.
« Mister Hyde a toujours été libre. Vous voudriez quoi ? Que je le mette en prison ? Ce n’est pas un criminel. » répondit, tout aussi aigri que d’habitude, le concierge.

« En ce cas, vous devriez le laisser chez vous, l’emmener dans une cage ou le promener en laisse. Justement, nous faisons des promotions sur des panières… »

« Je me fiche de vos motions, qu’elles soient pro ou amatrices ! Mister Hyde restera libre, que ça vous plaise ou non. Voici l’argent pour la boîte. » rétorqua dignement Argus. « Que craigniez-vous qu’il fasse ? Cette boutique lui est consacré, oui ou non ? N’est-ce pas, mister Hyde ? Mister Hyde ? »

Le chat n’était plus à côté de son maître. Il regardait à travers la vitre une splendide chatte angora qui se léchait négligemment le poil.

« Mister Hyde, voyons ! Viens ici. » l’appela Rusard.

Mais le chat se contenta de tourner sa tête triangulaire vers son maître et de miauler.

« Mais qu’est-ce qu’il te prend ? Ce n’est qu’une chatte d’intérieur. Elle n’est pas pour toi. Oublie-là et viens avec moi, on rentre. »

Le chat garda sa position de sphinx. La chatte angora avait cessé son toilettage et regardait, elle aussi, le beau et jeune chat libre qui la contemplait. Tous deux penchèrent la tête du même côté, dans une communication muette.

Rusard dut prendre son matou dans les bras, malgré ses protestations. Par curiosité, et ayant très bien compris ce qu’il se passait, il regarda le prix pour cette chatte. .. Et quel prix ! Il allait s’en étrangler.

« 850 livres ! Mais elle est en or, cette chatte, ou quoi ? »

Il ne connaissait pas le rapport avec les gallions, mais étant donné qu’il avait payé la boîte de pâté 2 livres, il comprenait le prix exorbitant pour l’animal.

Désireux de partir au plus vite, Rusard ramassa la boîte, le ticket de caisse qu’on lui donnait, et sortit assez précipitamment alors que mister Hyde se débattait quelque peu pour sortir des bras de son maître. Le duo traversa pour rejoindre le professeur.

« C’est bon, j’ai tout. Rentrons vite ! »

Il demanda tout de même : « A tout hasard, vous n’auriez pas 850 livres sur vous ? »

Lance était finalement entré dans son magasin d’accessoires moldus, il était aux anges. Un peu comme un gamin dans un immense magasin de jouets. Il avait du mal à garder son regard sur un point fixe. S'il avait pu acheter tout les nœud papillon du magasin, il l'aurait fait, mais ses finances ne le lui permettait vraiment pas. Il devait se contenter d'un seul et unique nœud papillon. Autant dire que c'était un dilemme cornélien pour le jeune professeur. Il prit son temps de bien tous les regarder. Il devait être sûr de prendre le bon, au risque de regretter son choix par la suite. Il en essaya plusieurs. Des rouges, des bleus, des rayés et même des à pois. Il essaya même une cravate, histoire de voir si ça lui allait mieux. Mais décidément, son truc c'était les nœuds papillons.

Au bout d'une bonne demi heure à chercher lequel des accessoires pour le cou lui plaisait le plus. Il en profita même pour discuter avec une jeune moldue fort agréable qui lui parla pendant plusieurs minutes de toutes les nouveautés. Elle était mignonne en plus de ça, même s'il fallait avouer que Lance était plus intéressé par ce qu'elle lui racontait sur les chapeaux à la mode qu'à son décolleté. Il était comme ça Jane, plus intéressé par les artefacts moldus que par tout le reste. Il aimait bien cette petite boutique, il y avait tout ce qu'il aimait ici. Il en oublia presque que Rusard et son chat se trouvait dans l'animalerie de l'autre côté de la rue. Il était bien trop occupé à parler cravates et chapeaux. C'était un truc qui lui manquait quand il revêtait une robe de sorcier, c'était d'ailleurs pour cela qu'il s'habillait rarement avec les robes traditionnelles, que l'on avait l'habitude de voir dans le monde sorcier et qu'il préférait garder ses habits moldus même lorsqu'il était à Poudlard. Ce n'était pas plus mal comme ça et on ne pouvait rien lui dire, puisqu'il était le professeur d'étude des moldus. Si on lui faisait une réflexion sur son « accoutrement » il se contentait de répondre qu'il tenait son rôle jusqu'au bout et qu'il montrait à ses élèves les différentes façon qu'avaient les moldus pour se vêtir. La plupart du temps, ses détracteurs n'avaient plus rien d'autre à opposé à cet argument infaillible.

Cependant, lorsque son regard croisa une horloge, Jane, se dit qu'il était peut-être temps de quitter la boutique. Il sortit donc finalement, non pas avec un seul nœud papillon, mais bien avec deux nœuds et un chapeau. Petite folie pour un plaisir personnel. Rien de bien grave. Il était plutôt fier de son acquisition et pour se donner bonne conscience il s'était dit qu'en en achetant deux, ça lui permettrait de venir moins souvent et qu'il en aurait un de secours au cas où il en brûle un autre. C'était plutôt censé comme raisonnement. * Tu arrives toujours à te convaincre de toute façon * pensa-t-il à raison. Après tout, il savait comment s'auto-convaincre et il y arrivait toujours. À cette pensée Lance lâcha un petit rire. Il n'eut pas longtemps à attendre avec que Mister Hyde et Rusard sorte de la boutique animalière. Ils le rejoignirent rapidement et le concierge avait apparemment envie de rentrer. Il n'avait pas l'air d'apprécier plus que ça le côté moldu de Londres. Lance se demandait d'ailleurs comment ça pouvait être possible, c'était tellement agréable ici.

« Allons-y alons...alors. » se rattrapa-t-il, certain que la blague ne plairait pas à Argus.

Alors qu'ils s'étaient mit en route pour retrouver le chaudron baveur, Rusard lui posa une question qui interpella le jeune professeur. Il lui demandait de l'argent. Rusard ne le savait certainement pas, mais Lance n'était pas vraiment la bonne personne à qui empreinter de l'argent. Pas parce qu'il était radin, non au contraire, il avait tendance à être plutôt généreux. Simplement, parce qu'il en avait rarement. Le pauvre né-moldu avait tendance à dépenser son argent sans compter pour faire plaisir à ses proches ou à lui-même et le peu qu'il arrivait à économiser dormait tranquillement à Gringott. Il s'arrêta pour regarder le concierge.

« Heum... je viens de dépenser une bonne partie de l'argent que j'avais sur moi dans cette boutique » il enfonça ses mains dans ses poches « Il doit me rester vingt-cinq livres, si vous voulez. »

C'était déjà mieux que rien se disait-il, mais ce n'était pas suffisant pour répondre à la requête de son collègue. Il lui adressa un petite sourire d'excuse.

« Mais pourquoi avez-vous besoin d'une telle sommes ? »

Lance en grand curieux voulait savoir pourquoi Rusard avait besoin d'autant d'argents moldus. Ce n'était pas anodin pour une personne qui semblait ne pas du tout aimer le côté moldu, ce n'était pas comme s'il voulait partir faire une virée shopping. À moins que le concierge cachait très bien son jeu et là, le professeur aurait été le premier surpris, Rusard n'avait pas l'air d'un très bon acteur.

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