« Andy, dis-moi…Pourquoi est-ce que les étoiles ne brillent que quand il fait nuit ? »« Pour ne pas que les personnes égarées perdent leur chemin dans les ténèbres, Cissy. » La petite gamine fit la moue, puis se releva sur ses coudes pour lancer un regard confus à son aînée – comme si la réponse ne lui suffisait pas, était trop incomplète à son goût. Andromeda, les yeux fermé, se contenta de fredonner doucement une mélodie qu’elle avait apprise la veille, sans porter plus d’attention à sa cadette, toujours à moitié relevée et n’arrivant pas encore bien à formulé ce qui clochait dans l’explication d’Andy à cause de son esprit d’enfant. Enfin, frustrée, Narcissa se reposa à nouveau entièrement contre l’herbe du jardin Black.
« Mais si ils se perdent, pourquoi ne demandent-ils pas simplement leur chemin ? » A cela, Andromeda ouvrit les yeux et éclata de rire, ce qui poussa la blonde a froncer les sourcils. Elle n’aimait pas qu’on se moque d’elle – Encore moins lorsque sa sœur le faisait aussi ouvertement, comme si elle n’était qu’une idiote. Narcissa n’était pas une idiote. Elle avait entendu sa tante Walbugra et sa mère dire qu’elle serait même une sorcière brillante, futée, et qu’elle apprenait très vite pour son âge. Et puis, Walburga avait dit
« Fais attention, Druella. Celle-là va finir par te sortir Serdaigle. » Narcissa n’avait pas compris, et lorsqu’elle avait demander des explications à Bellatrix, celle-ci lui avait juste férocement dit que Serpentard était la meilleur maison qui soit et que, si la blonde finissait à Serdaigle, elle refuserait de reconnaître son existence. Andy avait rit nerveusement, alors, et assuré à la cadette Black que tout irait bien et que Bella était juste hargneuse car elle venait de rentrer à Poudlard et méprisait ceux dont le monde n’était pas encore aussi vaste que le sien. Alors, Cissy avait haussé les épaules et était retourné tresser les cheveux de sa poupée. Elle s’en moquait, après tout – Elle allait être une brillante sorcière.
Enfin, Andromeda roula sur son ventre et tourna la tête vers le visage de sa petite sœur.
« C’est parce que demander son chemin à un inconnu est dangereux. On prend le risque qu’il puisse nous mentir et nous égarer encore plus. » La petite fille lança un regard pincé à sa sœur. La conversation avait l’air de prendre une tournure plus importante que ce qu’elle avait imaginé, et c’est donc avec une détermination forte et suintant l’arrogance de la petite fille de huit ans qu’elle était, en définitive.
« Moi, Andy, je te promets que je ne m’égarerais jamais. Même si tu m’abandonnes pour Poudlard dans quatre mois. » A cela, Andy avait souris, ce qui laissa la petite blonde avec une sensation d’accomplissement certaine. Comme elle adorait déjà cela, la jolie Narcissa – Plaire, satisfaire, briller de part sa perfection. Dans trois ans, cela serait son tour d’entrer à Poudlard. Deux ans, ce n’était pas long – Tenta-t-elle de se convaincre.
« Dis, Andy… » Reprit-elle une fois qu’un silence de bonne compagnie s’était installé entre les deux sœurs.
« Est-ce que c’est pour cela que vous portez tous des noms de constellations ? Pour que Bellatrix et toi ne vous perdiez pas ? »Andromeda prit quelques secondes pour réfléchir – Quelque secondes de trop, aux yeux de la petite fille de huit ans qui avait à présent l’affreux sentiment de se sentir exclue. Elle n’aimait pas être exclue – Elle avait trop besoin d’être aimée pour supporter ce genre de solitude.
« Et alors, pourquoi mon prénom est-il différent ? Parce que père et mère veulent que je m’égare ? »« Je crois que… » Commença Andromeda, en se relevant dans la nuit noire.
« Je crois que tu poses bien trop de questions pour une fille de huit ans qui est debout après son couvre-feu. » « C’est ton couvre-feu aussi, Andy. »« Oui, mais moi je me fiche de me faire punir. » Et sur ce, elle attrapa les mains de la fillette pour la ramener vers l’imposante demeure Black.
Deux ans, finis par considérer Narcissa,
c’était bien trop long. Cela laissait trop de possibilité à Andy de changer, et cela serait un véritable drame. Là où Bellatrix savait beaucoup des choses qu’elle racontait, Cissy pensait fermement qu’Andromeda inventait la majeure partie de ses connaissances. Et le problème, dans tout cela, c’est qu’à huit ans, Narcissa Black préférait déjà les histoires à la dure réalité.
Les trois années suivantes passèrent effectivement rapidement – D’une rapide langueur à laquelle Narcissa prit presque goût – Elle aimait être la seule princesse de la maison, la seule à recevoir toute la maigre attention dont ses parents étaient capables. Druella passait plus de temps avec sa progéniture – Elle aimait l’image que cela renvoyait d’elle plus qu’elle ne prêtait de l’affection à sa fille -, et Narcissa passait donc prendre le thé chez de nombreuses amies et connaissances que sa mère trouvait en vérité exécrables. Elle était montrée comme un trophée, récitait une leçon bien apprise de valeurs élitistes et de pureté du sang, et recevait des livres, robes et jouets en échange de ses bons services. C’est à cette époque, sans même s’en rendre compte, que la petite fille changea bien plus qu’elle ne le ferait dans toutes ses années à Poudlard – Oubliant ainsi la promesse faite à son aînée, sans même en avoir conscience. Les concepts d’apparences, d’élitisme, et de satisfaction de ses propres intérêts, prirent férocement racine dans l’esprit de la petite blonde et elle se pensait alors véritablement heureuse. Encore aujourd’hui, son enfance est une période chère au cœur de Narcissa, comme un moment indéniable de félicité ou les choses étaient indéniablement simples et peu dangereuses. Elle entendait son père parler de respect et de peur, utiliser un vocabulaire très imagé pour parler des nés-moldus, et tout ce raisonnement semblait avoir un sens irrémédiable, tracer le chemin que Narcissa devrait suivre, en bon petit ange qu’elle était. Tout cela la concernait, car ces notions étaient importantes pour sa famille, et la petite Cissy avait tant besoin qu’on l’aime, qu’on l’adule, qu’on la protège, qu’il était tout simplement plus intelligent de se mettre à penser de cette manière aussi. Après tout, elle avait baigné dans cette environnement depuis sa naissance, toutes ces opinions étaient donc vraies, absolue, universelles, et la seule chose qu’elle avait besoin de savoir, en définitive. Tout était parfaitement invariable – Narcissa était la princesse, le soleil, le petit ange de la famille black, avec ses magnifiques boucles blondes et ses traits fins et délicats, en opposition direct avec tout ce qui semblait constituer le physique typique d’un Black. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine, Narcissa, et une poupée ne questionne jamais ce qu’on lui apprend, cela pourrait briser son bonheur.
***
« Cissy ! N’est pas l’air si cruche, enfin ! Être associée à une première année est déjà passablement mauvais pour ma réputation, alors essaye au moins d’être une première année potable. »Narcissa écarquilla ses grands yeux bleu cæruleum et bâtit trois fois des paupières en considérant sa sœur aînée.
« Et toi, tu es potable quand tu as ce genre d’attitude, Bella ? » La question était dite sur le ton de l’innocence qui était encore crédible du haut des onze ans de Narcissa. Bellatrix fronça des sourcils mais avant qu’elle ne puisse piper mot, l’ombre imposante de Cygnus Black fit son apparition au côté de sa femme et de ses filles. Narcissa lança un sourire rayonnant à son père, auquel il ne répondit que par un regard froid en maigre signe d’intérêt. Cela représentait la maison Black d’une manière indéniable – Un grand, froid et somptueux endroit qui raclait la gorge lorsque l’on tentait de l’appeler
chez soi. Chez elle, pour Cissy, c’était sa famille. Elle avait toujours cru qu’il y avait une promesse silencieuse entre elle, Bella et Andy – L’idée qu’une famille s’entre-aidait et se protégeait coûte que coûte. A cette époque, c’était encore vrai, encore brillant, encore beau, d’une manière qu’il semblait impossible qu’il n’en soit pas ainsi dans leur futur, et ce malgré l’attitude de Bellatrix. Sa sœur aînée l’aimait – Elle n’avait pas le choix, c’était sa sœur -, et le comportement hautain et sûre d’elle de la blonde étaient de toute évidence des qualités que Bella trouvait acceptable.
Ne termine pas ailleurs qu’à Serpentard. était tant une règle implicite qu’un réel désir de les savoir toutes ensembles, fortes et déterminées.
Et puis, la petite blonde tourna la tête pour trouver son autre sœur, qui s’était déjà éloignée avec sa malle pour rejoindre des amis qu’elle avait entendu sa mère qualifié de
peu fréquentables, et Narcissa fronça le nez. Andy ne pouvait pas s’éloigner d’elles – Elle ne lui ferait pas cela. Elles s’étaient promit de ne pas se perdre.
Le fait que Cissy avait, en réalité, été la seule à avoir fait cette promesse ne lui effleurait même pas l’esprit.
Bellatrix salua leurs parents froidement avant de monter dans le train, et Narcissa s’attarda un peu plus, soudain incertaine de vraiment vouloir y aller. Ce manoir froid et peu hospitalier pour les enfants n’était pas si mal, après tout. Elle y était heureuse, choyée. A Poudlard, elle prenait le risque de ne plus l’être, de ne plus avoir cette protection vitale.
Druella lui sourit superficiellement.
« Ecris-nous une fois la répartition terminée. » Des paroles qui auraient été rassurantes dans la bouche d’une autre, mais qui signifiait seulement qu’il ne fallait pas que Narcissa soit une déception. La plus calme des Black se devait d’être parfaite – Et la perfection passait par Serpentard, tout comme elle passait en instillant un savant mélange de peur et de respect dans toute personne qu’elle jugeait en dessous d’elle. Narcissa monta dans le Poudlard Express pour la première fois de sa vie, et c’est là qu’elle recroisa Andromeda – alors que cette dernière cherchait un compartiment libre et fit signe à ses amis de continuer sans elle.
« Cissy, tu n’es pas avec Bella ? »Narcissa haussa les épaules.
« Si je veux devenir quelqu’un, je ne peux pas me cacher dans l’ombre de Bella, n’est-ce pas ? C’est bien ce que tu tente de faire aussi, non ? »Andromeda fût silencieuse durant de longues minutes, Cissy l’examinant avec inquiétude. Ce n’était pas normal pour sa sœur – Pas pour celle qui inventait des histoires. Et puis, Andromeda s’approcha. La blonde pausa son livre sur le siège vide à côté d’elle tout en haussant un sourcil d’incompréhension.
« Andy ? Quelque chose ne va pas ? » Alors, son aînée attrapa ses mains et les serra douloureusement.
« Ecoute-moi bien, Narcissa… » L’usage de son prénom complet laissait penser que le sujet était important, grave, et la jeune adolescente se redressa un peu plus dans son siège avec pour intention de paraitre plus mûre qu’elle ne l’était réellement.
« Pour des raisons que tu ne peux pas comprendre, je prie pour que tu ne sois pas à Serpentard. Malheureusement, je te connais, et je sais que tu finiras dans cette maison. » Et alors, Andromeda sourit tristement – Comme si elle était entrain de parler d’une maison qui apporterait disgrâce à leur famille, comme si elle-même n’était pas à Serpentard -, se releva et parti avant que Narcissa n’est le temps de poser de question. Le soir venu, la cérémonie de la répartition la plaça à Serpentard, et elle s’assit à une place de libre près de Bellatrix comme si de rien n’était, comme si elle ne savait pas qu’Andy était entrain de perdre la raison. Après tout, derrière ce calme olympien se cachait un intellect et un esprit manipulateur certains, et c’est grâce à cela que Narcissa savait garder n’importe quel secret – Par son silence, sa calme acceptation des conséquences qu’avaient ses propres actions et du rôle qu’on avait taillé pour elle.
Les années passèrent. Narcissa se montra particulièrement brillante en sortilèges et astronomie et, très vite, l’adolescente apprit à se faire son propre cercle de connaissances, à ne plus simplement faire partie de l’audience dont Bellatrix avait besoin. Elle s’éloigna de ses sœurs – Elles s’éloignèrent toutes – et fréquentait des personnes au fort potentiel, en qui elle croyait, bien loin des amies insipides que la plupart des gens lui aurait attribué et que Narcissa prenait de haut. Et puis, la blonde développa un goût indéniable du dépassement de soi, et entrepris de se trouver quelques qualités d’Occulmencie. Elle écrivait chaque semaine chez elle et chaque mois chez ses cousins, d’une écriture minutieuse et racontant des évènements calculés. Tout ce passait selon le chemin qui lui avait été tracé, et ce malgré ses envies indéniables d’être sa propre personne, d’avoir ses propres goûts et ses propres désirs masqués d’une froideur indéchiffrable. Narcissa, hautaine et insaisissable, semblait bien différente de ses deux aînées – Plus logique, moins impulsive, vivant dans une bulle que les nés-moldus n’arrivaient pas à percer. Le commun des sorciers la décrivait donc à tord de moins passionnée, mais ils ignoraient que Narcissa était observatrice et connaissait tout une flopée de secrets qu’elle aurait protéger coûte que coûte.
Elle ne prit réellement conscience qu’elle et ses sœurs avaient cessé de n’être que simplement Bella, Andy et Cissy, pour devenir Bellatrix, Andromeda, et Narcissa, que lorsqu’il fût trop tard. La situation était bien trop compliquée, bien trop houleuse, en comparaison de son enfance. Andy ne l’aurait jamais abandonné là où Andromeda parti sans se retourner pour quelque chose d’aussi ridicule et moldu que l’amour. Elle s’était perdue – Ou peut-être était-ce Narcissa qui était égarée ? La blonde ne savait plus, ne voulait plus savoir. Il y eut une violente dispute entre ses parents et son aînée et puis, la porte claqua et Andy disparu à tout jamais. C’était une nuit durant les vacances de Noël, il faisait froid et les Blacks étaient invités à une réception le soir suivant. Narcissa avait tout suivit de l’escalier, avait entendu parler d’un secret qu’elle n’avait jamais voulu voir ou comprendre, et avait violemment fermé les yeux dans l’espoir que tout ceci n’était qu’un cauchemar et que sa sœur ne les avait pas trahis, mais était bien au chaud dans sa chambre, dans le cocon familial.
« Bella ? » Sa voix était toute petite, tremblante, et exprimer ainsi de la fragilité lui déplaisait grandement.
« Bella, pourquoi est-ce que… » Les mots se bousculaient dans son esprit et mourraient dans le nœud de sa gorge, incapable de rouler sur sa langue et d’échapper de ses lèvres. Tout était bien trop impossible, bien trop irréel, bien trop douloureux.
Pourquoi est-ce que Andy nous a abandonné ? N’était-on pas assez bien pour elle ? Mère ne voulait-elle pas la marier à un Avery ? Qu’est-ce qu’Avery va faire, maintenant ? Dis, Bella, tu crois qu’Andromeda va revenir ? Peut-on aller la chercher ? Bella, est-ce que c’est de ma faute ? Toutes les questions lui semblaient idiotes, et Narcissa ne voulait pas être idiote. Tout était clair, précis, simple – Noir ou blanc, bon ou mauvais, juste ou incorrect… Andromeda avait trahis son éducation et toutes les valeurs qu’on lui avait apprises et, lorsqu’on porte un nom de famille aussi illustre que Black, ce déshonneur ne peut pas rester impunis. Alors, en un dernier acte de lâcheté, Andy part pour ne pas avoir à supporter les conséquences de ses piètres actions. C’était de sa faute à elle. Elle ne reviendrait pas. Ces certitudes n’étaient probablement pas supposée faire autant de mal à la blonde, et pourtant…
Narcissa ne finit donc pas sa phrase – Elle connaissait les réponses à toutes ses questions -, mais éclata en une crise de sanglots lents et étouffés sous les yeux de sa sœur.
« Ce n’est qu’une ingrate, voilà ce qu’elle est. » cracha-t-elle au milieu de ses larmes.
« Une ingrate et une lâche. » Elles étaient supposées être toujours ensembles. La famille se devait de se protéger les uns les autres, de ne laisser tomber personne, non ? Et pourtant, malgré tout l’espoir et l’affection que Narcissa avait eu pour Andy, elle était partie un soir des vacances de Noël de la sixième année de la blonde. C’était bien pire que si elle avait été morte – Bien moins supportable. Comment faisait-on le deuil de quelqu’un de vivant ? A présent, tout partait en cendre.
Le lendemain, presque tout ce qui avait été lié à Andromeda s’était subitement volatilisé, vestige d’un passé que Narcissa ne retrouverait jamais et qu’on lui avait sauvagement arraché. Elle aurait voulu blâmer ses parents, leur dire que tout ceci était affreusement injuste et qu’Andy était juste dans une phase, qu’elle se rendrait compte de ses erreurs, pourtant la blonde en était incapable – Tout était à la fois bien trop logique et bien trop ancré dans la passion et les sentiments pour qu’elle n’ait la force de s’élever contre cet ordre préétablis et qui lui avait tant donner. Narcissa n’était pas une ingrate – Ambitieuse, certes, recherchant sans cesse la perfection et le meilleur de toute chose, mais rien que l’on ne puisse réellement définir d’ingrate. Elle avait trop besoin d’être aimée jusqu’à l’aveuglement pour être ingrate, trop besoin que l’on fasse taire sa logique et ses instincts en l’achetant avec de belles promesses et tout ce qui brillait. Le processus était parfaitement conscient – Et peut-être cela la rendait-elle immonde aux yeux de certains, mais la jeune femme ne s’excuserait jamais de choisir la facilité, la tradition, et le chemin tracé s’ils lui assuraient que tout ceux en qui elle tenait seraient sains et saufs au final. La désintégration lente et douloureuse de la famille Black est son plus terrible échec, et la plaie la plus vive. Et pourtant, à cette époque, il fallait oublier – Oublier Andromeda, et Narcissa se demandait parfois comment était-il possible d’oublier alors que l’on était aussi supposé ressentir tant de haine envers elle. Elle ne pausa jamais la question, laissant sa propre rage se consumer jusqu’à être enfermée dans une vieille boîte à chaussures, au milieu de babioles hors de prix, d’une vieille poupée, et de quelques photos d’une époque ou la simplicité était encore une chose acquise – Leur enfance. Voir sa sœur aînée effacée aussi rapidement en devenait alors presque tolérable et, au fil des jours, Narcissa finit par s’habituer à passer devant cette spacieux chambre orientée vers l’ouest, à présent n’étant qu’une vulgaire chambre d’amis pour des visiteurs que les Black n’auraient probablement pas avant longtemps. Et cela, Narcissa apprit, était une autre vérité universelle : Tout finissait par s’estomper, avec du recul.
Le scandal avait été arrêté, minimalisé – Il fallait tout faire pour que la famille ne tombe pas en disgrâce à cause de la monstrueuse erreur d’une pauvre idiote et de son sang-de-bourbe de petit-ami – ou mari, peu importait à présent-. Et, vraiment, tout aurait pu aller bien mieux si Narcissa avait parler lorsqu’elle avait indéniablement vu sa sœur s’éloigner, mais sa mère n’avait de cesse de lui dire que ce n’était pas de sa faute.
« Contentes-toi d’être parfaite, Narcissa. » Alors, Narcissa avait coller un sourire froid, gelé sur ses lèvres, et avait trouver mille-et-une manières de dire
« Bien sûr, je vais bien » ou
« Je ne vois vraiment pas de qui vous voulez parler. Une telle traître à son rang est indigne du nom de Black. » C’était vrai, après tout, et Andy devait le savoir, car Andy semblait s’appeler Tonks à présent – Narcissa l’avait lu, dans la rubrique mariage d’un journal moldu qu’elle avait réduit en cendre la second suivante pour éteindre toute émotion qu’elle aurait pu ressentir. Dans le fond, il était plus simple ainsi d’oublier son existence et de jouer à faire semblant. Et comme Narcissa faisait bien semblant – Elle riait, souriait, s’extasiait de la moindre trouvaille un tant soit peu huppé qui lui était présentée, et dansait jusqu’à l’épuisement dans tout les galas auxquels ses parents la traînaient. C’est durant cette sixième année qu’elle reçu enfin une invitation au Club de Slug, durant cette sixième année qu’elle brillait de mille feux. Ceux qui ne la craignaient pas la respectaient, et la vermine prétendait la croire idiote et facile – Mais la vermine ne sait jamais rien. Narcissa était plus forte, plus déterminée et plus farouche qu’eux tous réunis- Elle savait juste qu’il lui serait d’un très mauvais service de le montrer. Les sangs-purs respectables préféraient leurs femmes élégantes, raffinées et silencieuses en publique – C’était les mots de Druella, non les siens.
Ce fût lors de sa septième année qu’elle apprit être promise à Lucius Malefoy, en un savant arrangement entre leur deux familles, et la nouvelle la laissa de marbre. Après dix-sept ans à se préparer pour une annonce du genre, la blonde aurait presque affirmé que ses espérances n’avaient pas du tout été réalisées, et que ce n’était pas la fatalité que tout le monde affirmait. Après tout, l’amour n’avait pas réussit à Andy, et la passion menait Bellatrix dans ses retranchements – La sécurité conviendrait donc parfaitement à Narcissa, et l’héritier Malefoy possédait cela en très grande et très onéreuse quantité. S’en était presque un travail comme un autre – Mettre un masque chaque matin, pour vivre avec un inconnu. C’était aussi, indéniablement, une sortie de secours hors de la mourante famille Black. Si mourante que Sirius avait eu le culot d’être envoyé à Griffondor et d’apprécier cela. Sans même s’en rendre compte, ce petit détail crucial sera suffisant à Narcissa pour être redevable de Lucius, pour qu’elle fasse des efforts autre que le nécessaire pour qu’ils puissent être une famille, qu’elle puisse lui arracher ce que les Black n’avaient jamais vraiment pu lui donner, malgré leur noblesse et leur pureté.
« Bien sûr que faire une formation pour obtenir un poste au Ministère serait un avantage non-négligeable, mais ce n’est pas pour cela que je travaille si consciencieusement et si bien à ce que mes notes soient hautes. Je fais cela pour passer le temps, pour la grandeur de l’arithmancie, pour pouvoir déchiffrer chaque instant, pour les liens que peuvent tisser un sort informulé bien construit, pour cette seconde où l’on retient sa respiration entre chaque sortilège. C’est cela, et tout le reste, la perfection dans son intégralité. » « J’ai bien peur que cela ne réponde pas à ma question, Miss Black. Vous avez un très grand potentiel, et ce rendez-vous est supposé vous aider à savoir comment l’exploiter. »« Je vais devenir Mrs. Malefoy, Professeur Slugorn - J’aurais tout le temps du monde pour l’exploiter. » Et à cela d’ajouter un sourire froid, entêté, montrant clairement que tout dialogue était impossible. Après tout, c’était ce que Narcissa se devait d’être, n’est-ce pas ? Elle pourrait être sa propre personne en parallèle – Toujours être sa propre personne, avec ses propres désirs et ses propres passions. Il était tout simplement plus simple, moins douloureux pour tout le monde, si elle omettait ce détail la plupart du temps tout comme elle omettait ses talents d’Occulmens – Ce n’était pas vraiment des mensonges, et vivre en marge de la légalité lui procurait cet arrière-goût de folie dont toute son enfance et adolescence avaient été en apparence dépourvues, au profit d’être populaire et hautaine.
Comme espéré, Narcissa termina Poudlard avec des notes exceptionnelles (et parsemées d’un nombre non-négligeable d’Optimal en Sors et Enchantements, Botanique, et Astronomie). Et puis, tout s’enchaîna – La vie adulte, faire ses propres expériences durant le bref temps qu’il lui restait avant son mariage. L’affreuse réalisation qu’elle manquait de temps l’accompagnait jour et nuit, la narguant insensiblement lorsqu’elle se conformait aux traditions – C’était la voix de Bellatrix, et celle d’Andromeda, qui résonnaient dans son esprit. C’était elles, les non-conformistes – Bella, en fier soldat de plomb, et Andromeda en quoi que ce soit qu’elle était. Toutes deux s’illustraient par une rage de vivre que Narcissa n’avait pu qu’effleurer du bout de ses doigts fins de pianiste, mais qu’elle chérissait discrètement. Et puis, vînt la veille de son mariage, et l’irrépressible envie d’écrire, de sauver ce qui pouvait encore être sauver…
- Citation :
- Andy,
Je crois que je suis entrain de me perdre. Tout bien réfléchis, je ne suis même plus certaine de m’être un jour trouvé, encore moins d’avoir trouvé la perfection, mais je cherche toujours.
Les mots furent vite effacés, barrés, brûlés à tout jamais. Ce serait un grand mariage, et c’est exactement ce que ce fût – Pleins de personnes importantes venu l’admirer, la féliciter, la choyer, la famille Black aussi complète qu’elle l’était depuis les erreurs passées… Il semblait alors facile de vivre ce genre de vie sous les projecteurs, aux côtés de Lucius – La blonde n’était pas certaine qu’il pourrait, au final, lui donner ce qu’elle désirait, mais il pouvait lui donner ce dont elle avait besoin, et cela suffirait. Cela suffirait amplement, se décida-t-elle. Après tout, elle avait une dette envers lui dont il n’avait même pas conscience, et il était indéniablement séduisant.
- Citation :
- Andy,
Si je peux encore me permettre de t’avouer un secret, à l’image de ce que nous faisions si souvent lorsque nous n’étions pas encore à Poudlard, je te dirais que je n’aime pas la danse. Je ne supporte pas l’idée de devoir être d’une politesse hypocrite avec moins raffiné que soi sous prétexte qu’il est de la haute société, porter des talons haut toute la journée me laisse les pieds engourdis et meurtris, je ne comprends toujours pas l’intérêt de devoir se montrer à un match de Quiditch et je ne ressent plus aucun accomplissement à être couverte de compliments. Je ne peux pas me regarder dans un miroir sans maquillage par peur de ne pas pouvoir supporter l’image que j’ai de moi, et je fais toujours allumer un feu dans les grands manoirs glacer en sachant pourtant que cela ne changera rien. Et parfois, parfois, j’ai un noeud si grand au cœur que j’ai l’envie presque irrépressible de hurler jusqu’à ce que mes poumons n’en souffrent et que je sois privée d’air. Je vis dans une bulle, Andromeda, tellement que tu me détesterais et me prendrait presque pour une femme-objet. Seulement, je suis heureuse – Je n’ai pas le choix. Ou peut-être bien que je l’ai, mais choisis de ne pas laisser cela en mon propre pouvoir. La différence entre nous, vois-tu, c’est que tu t’érige en victime sans avoir aucun droit de faire cela. Ta vie n’est pas une tragédie. La mienne non plus. J’espère que tu as d’amers regrets.
Narcissa Malefoy.
Une autre lettre jamais envoyée, mais conservée précieusement dans sa boite à chaussure alors que les jours passaient et que les activités de Lucius et Bellatrix en tant que mangemorts s’intensifiaient, Narcissa se retrouva à brûler d’inquiétude pour eux deux – La seule sœur qui ne l’avait jamais abandonné, et l’homme qui l’avait sorti de sa cage dorée quand bien même c’était pour lui en offrir une autre. Peut-être ne pouvait-elle pas se contenter de cela, de cette inquiétude qui la rongeait, peut-être les choses étaient-elles si compliquées que la blonde ne pouvait plus l’ignorer. Seulement, Narcissa Malefoy pouvait faire l’idiote en lisant le nombre de morts dans le journal, et prétendre qu’elle ne savait pas de quoi il en retournait et que son cœur ne se serait pas à chaque nuit qu’elle savait ses proches se mettant en danger. Prétendre était ce que la jeune femme avait toujours fait de mieux, en dépits de et grâce à son intelligence, son ambition et son esprit observateur et manipulateur, mais aussi parce que Narcissa savait garder des secrets et protéger ceux qui comptaient. Ce n’était pas suffisant, mais Narcissa était assez forte pour prétendre le contraire.