Cela faisait bien trop longtemps... Trop longtemps à errer au sein d'une époque qui n'était pas notre. Passer noël sans revoir les miens, ne pas être reconnu par Mc Gonagall, être à Poudlard sans être à mon Poudlard. Oui, je n'allais guère bien et mon optimisme s'effritait au même rythme que celui d'Hermione. Dans ce tableau noir, passé la curiosité de toute une époque à découvrir, il y-avait l'angoisse, l'ombre de Celui dont il ne faut pas prononcer le nom. Heureusement je n'étais pas seul, je pouvais compter sur mes amis. Eux aussi, doivent certainement regretter d'avoir franchit les portes du passé. Même Dumbledore était ignorant des questions temporelles, notre voyage était une première. Exploit peu engageant, quand on imaginait ne plus pouvoir rentrer... Une réalité qui prenait sens, mais dont notre petit groupe voulait réduire au silence.

Hermione voulait agir, du moins c'était ce que je pensais. Pourquoi me donner rendez vous si tard, si ce n'était pour m'avertir d'un plan, d'une quelconque idée. Nous devions constamment nous cacher des oreilles indiscrètes, bien souvent nos discussions portaient sur le futur. D'ailleurs, petite idée qui me venait à l'esprit. Si nous devions nous préparer à demeurer en ce temps, une carrière dans la divination pouvait s'avérer intéressante. Une belle revanche à prendre sur mes aptitudes à voir dans une boule de cristal.

A pas d'elfe de maison, je me rapprochais du lieu convenu. Vêtu d'un simple T-Shirt et d'un bas de pyjama, j'avais cru vaincre de ma marche le froid de la nuit. Pourtant je n'étais pas à ma première excursion improvisée... Oui j'étais frigorifié et si Peeves n'était pas la pour me dénoncer, les claquements de mes mâchoires suffisaient à me mettre en danger. Pressant le pas, les bras croisés autour de ma taille, enfin je rejoignis Hermione. Un duo pour ce soir, Hermione me raconta ce qui lui passait par la tête. J'essayais ensuite de réagir, mais avec une mâchoire rebelle, la chose était difficile.

"Ha... Harry dort. Mai... Oh ! Foutu froid !"

J'avais parlé un peu trop fort, vivement je mis ma main sur la bouche. Un réflexe bien inutile, le mal était déjà fait. Chuchotant de nouveau...

" Je pensais que tu avais une piste, on aurait pu en parler demain. Comment savoir pour James, peut être qu'il a réellement eu des problèmes. On ne peut pas le vérifier malheureusement. Il existe des théories... Comment cela ?"

Puis me vient une idée, peut être était elle idiote...

"Quand on a des théories, le meilleur moyen de savoir quelle est la bonne. C'est de faire des expériences non ? Nous avions réussis à modifier le temps grâce au retourneur de temps en troisième année."

Le bond temporel était bien plus important en notre cas. Mais s'il s'agissait du même mécanisme...

Un peu de chaleur, enfin, je commençais véritablement à souffrir du froid glacial. J'appréciais le dévouement spontané d'Hermione, une amie, elle était une véritable amie. On se serrait les coudes, elle était celle qui apportait les réponses. Nous avions besoin de ces réponses, un besoin vital. A ses cotés, sous le plaid, je ressentis la chaleur du partage, mais aussi un moment de répit offert. Un instant rare, où enfin nous pouvions cesser de jouer la comédie. Je n'étais plus Ron Weas, j'étais Ron Weasley. La différence n'était pas que de quelques lettres, nous étions nous.

J'étais prêt à l'écouter et quelle surprise d'entendre ces quelques mots. Moi, avoir une bonne idée ? Oui cela devait bien m'arriver quelques fois par semaine, il ne fallait pas être trop dur avec soi-même. La chose me fit sourire, car j'avais fait bien plus que d'avoir une bonne idée. L'espoir était quelque peu ravivé, le sourire d'Hermione était si agréable à voir.

Alors que des maraudeurs auraient profité de la réunion pour commettre farce, nous, nous dissertions sur le temps. J'avais beau être intéressé sur le sujet, normal en quelque sorte, néanmoins, il était tard et me demander de suivre un tel raisonnement à cette heure, c'était comme demander a Fred et Georges de devenir des élèves modèles durant tout un mois. Bref, mission quasi impossible, je me demandais même si j'arriverais à bien mener une partie d'échec dans ce genre de condition.

Mais tout devait être possible, il fallait y croire. Je compris les thèses, les enjeux, enfin dans la globalité. Il ne fallait pas pousser mémé dans les mandragores non plus. Ce que je comprenais, c'est qu'Hermione avait besoin de moi. Grelotant toujours un peu, je lui pris la main, j'avais envie qu'elle sache que j'étais là avec elle. Hermione avait émi des possibilités, de tristes possibilités. Peut-être bientôt, n'aurais-je plus de souvenir concernant mes parents, ma famille. Peut-être qu'on ne pourra plus jamais rentrer... Des pensées qui devaient être considérées. Mais à aucun moment, nous devions céder.

"Hermione, on doit y croire jusqu'au bout. Pour l'instant ce qui parait le plus probable c'est que le temps apparait comme une ligne. En troisième année on suivait une ligne lors du sauvetage de Buck. Il est possible de savoir pour nos souvenirs. Il y-a les pensines, mais plus à notre portée, nous pouvons toujours coucher sur le papier le récit de nos années, le nom de nos amis, le nom de nos ennemis, bref notre passé, notre présent. Le futur que l'on connait..."

C'était dangereux, le document ne devait pas être porté à la connaissance de qui que ce soit. Il s'agissait du récit de cinq années à Poudlard, de cinq années mouvementés.

"Ce doit être un travail secret, imagine si Voldemort mettait la main sur ce texte. Mais cela aiderait à vérifier, chaque mois il nous suffirait de le lire, pour s'assurer que tout va bien."

J'espérais que cela pouvait la rassurer, nous pouvions encore agir. Et concernant son idée, oui elle était brillante. Là, je reconnaissais mon Hermione.

"Nous pourrions faire cette marque à la salle d'entrainement de la salle sur demande. Vu le temps qu'on y-a passé et je doute que Drago ai pensé à s'entrainer là-bas. Qu'est ce que tu en penses ? On pourrait écrire : Vive l'armée de Dumbledore, ce serait amusant non ?"

Je voulais encore la voir sourire encore un peu.

Je n'avais pas penser à la pertinence de ma proposition. Évidemment écrire "Vive l'armée de Dumbledore" à la salle d'entrainement impliquait forcement des changements. On pouvait percevoir cela de manière bénéfique tout d'abord, mais qui pouvait réellement calculer et prévoir ce genre de changement temporel. Un battement d'aile de papillon pouvait tout changer, la mort de Sirius, la tyrannie d'Ombrage, la menace de Voldemort. Nous avions alors la possibilité de tout changer, mais à quel prix...

J'étais sombre soudainement, car même si nous avions une idée pour éclaircir notre chemin. Sa finalité demeurait toujours aussi confuse et cruelle. Nos chances de continuer nos vies s'approchaient du néant. Déjà nous avions perdues pratiquement une année dans le passé... Combien d'années allaient suivre celle-ci. Je gardais pour moi ces pensées amères, mais inutile car Hermione avait déjà réalisée la triste réalité. Nous étions piégés...

En ne s'impliquant pas dans l'histoire nous prenions un risque. Celui de commettre par imprudence un bouleversement allant à l'encontre de nos voeux. Peut-être la chose avait été déjà commise. En agissant, on s'engageait à modeler l'histoire, à permettre la victoire totale de l'Ordre, à éliminer Voldemort, Sirius ne sera pas prisonnier d'Azkaban, James et Lilly Potter pourront élever Harry... Mais... Et nous ? Serions nous amis ? Avons nous une place au sein de ce futur rêvé ?

Le courage nous appelait à agir et à nous sacrifier. Néanmoins, nous étions encore ensembles. Il fallait se raccrocher à ces éléments, nous supporter les uns des autres. Pour ne pas sombrer, plus que jamais nous devions être ensemble. Je pris dans mes bras alors Hermione, je serrais tendrement mon amie. Son chagrin, je le partageais, je le comprenais... Le mot sacrifice correspondait cruellement à notre situation. Comme je comprenais désormais le silence de Dumbledore... Je devais être fort pour Hermione, mais des larmes pressaient pas. Dans un effort de conscience j'arrivais finalement à les contenir. Revenir sur le visage d'Hermione fut difficile, soutenir sa tristesse, c'était se confronter à ses propres souffrances.

Je ne connaissais pas vraiment la famille moldu d'Hermione. Nous savions seulement qu'il n'existait peu de chance de retrouver un jour notre présent. Finalement je me devais de prendre la parole. Etre fort pensais-je, la chose était difficile. Cela faisait des mois que dans le silence nous pensions à cette éventualité. Sans la nommer, elle était la...

Je pris la main d'Hermione, délicatement, comme si je tenais l'objet le plus fragile au monde. Je prononçais les mots de réconfort, si la voix était douce ce n'était pas à cause du soucis de discrétion. Je voulais toucher le cœur, lui dire que je serais toujours la, un loyal soutien.

"Hermione quelque soit le chemin on ne pourra reprendre là où nous avons laissés notre présent. Ma famille me manque aussi, énormément. Je donnerais cher pour être victime d'une blague de mes frères. Je sais... On risque de tout perdre et même si on arrive à nos fins. Dans le passé et dans le présent, nous n'aurions plus notre véritable place. Des étrangers donc... Mais pas entre nous, tu seras toujours Hermione à mes yeux. Intelligente et dévouée envers les autres. Le mot sacrifice fait peur, mais c'est ce qu'il faut faire... Sinon à quoi signifieraient nos combats, nos blessures, nos peines. Il faut agir Hermione, tant que nous sommes ensembles l'espoir est toujours la."

Nous acceptions le sacrifice... S'il était possible d’arrêter le mal maintenant, nous devions saisir cette chance. En acceptant de perdre ceux que l'on n'aimait. Quelle pensée douloureuse, une pensée qui me rapprochait d'Hermione... A ses cotés il me semblait pouvoir apaiser mon esprit. Et dans un acte inconscient, rapprochés à cause des sentiments et du froid je déposa un baiser sur la joue d'Hermione. Geste de pure tendresse, sa signification me fit peur... Des questions affluèrent et je demeurai ainsi interdit pendant quelques secondes. Me demandant d'ailleurs si le baiser avait bien été donné... Je bredouillais ensuite un semblant de phrase, j'étais perdu.

"Un signe neutre donc... Tu as une idée ?"