Confortablement installée dans un fauteuil de la salle commune de Serpentard, Aëlys ouvrait fébrilement le paquet que Prospère, son hibou, venait de lui amener. Le paquet était accompagné d'une lettre de ses grands-parents. Elle le savait, la famille Canahan était fière qu'elle soit allée à Serpentard et ils le montraient bien. Ils avaient demandé à leur petite-fille de les tenir informés de ses notes, ce qu'elle faisait religieusement tous les vendredis. Comme ses notes étaient excellentes, elle se pliait de bonne grâce à cette lubie. Et puis, elle recevait de temps à autres des récompenses. Ce paquet devait très certainement en être une.
Avec un sourire suffisant, elle déchira le papier kraft. A l'intérieur, protégé par une couche de papier de soie, elle trouva un grimoire en cuir noir à l'aspect ancien. Elle inspecta l'ouvrage et déchiffra le titre, dont les lettres autrefois argentés s'estompaient.
L'Art de la Magie.
Aëlys sentait que la Magie dont parlait ce livre n'était pas celle que les professeurs enseignait à Poudlard. Un frisson de plaisir lui parcouru le dos. Elle ouvrit le grimoire avec précaution. Sur la première page, une main avait écrit
Au premier de la lignée, toujours plus loin. L'encre passé indiquait que ce mot devait dater de plusieurs génération. Une liste de nom conforta cette impression. Elle commençait par des prénoms inconnus et se terminait par celui de son grand-père. Tous des Canahan. La main sur, un peu émue, Aëlys ajouta le sien à la liste des propriétaires, remarquant au passage que son père n'avait jamais eu le livre entre ses mains. L'auteur du livre possédait le même nom de famille qu'elle. Ses grands-parents venaient de lui offrir une pièce de l'héritage familial.
Avec impatience, elle commença à lire.
Voilà plus d'une heure qu'elle était plongée dans le livre. Il était absolument passionnant! Au début, elle l'avait pris pour un simple livre de sortilèges mais il était bien plus. Il expliquait le long processus de création d'un sort. Du nom à la gestuelle en passant par la liaison, tout était expliqué. Les membres de la famille avaient rajouté leur propres créations à la suite, laissant ainsi une trace de leur sort. Si certains étaient inoffensifs, comme celui permettant d'effacer les ratures sur un parchemin ou encore celui servant à nouer une cravate, d'autres étaient bien plus fascinant et difficiles. L'un d'entre eux permettait de supprimer toute sensation à l'ennemi lors d'un duel pour ensuite lui lancer un sort de taillade pour le vider de son sang. Un autre ressemblait fort à une malédiction de sang. Mais il semblait affreusement difficile.
Aëlys avait les yeux fatiguée et du se résoudre à interrompre sa lecture. Elle referma l'ouvrage avec précaution et une certaine vénération. Quand elle releva la tête, elle tomba sur un de ses camarade, plus âgé, qui l'observait curieusement.
Elle planta ses yeux dans les siens et demanda, sans agressivité:
«Oui? Un problème?»