Qui sème le vent... | PV Cassiopée & Regulus

Lundi 10 Janvier 1977

Abigaël était seul dans son dortoir, en fin de journée, et profitait d'un instant de calme et de paix pour jouer de la guitare en des morceaux doux et mélancoliques. Il pensait à Cassiopée comme à chaque seconde d'éveil ou de rêverie, elle qui hantait jours comme nuits. Il repensait à elle suite à quelques pulsions, s'arrêtant de gratter les cordes en relevant la tête, s'imaginant les cuisses, les hanches, le ventre, la poitrine, la gorge, le visage et les merveilleux yeux émeraude de la belle. Tout en elle éveillait la passion et le désir du jeune homme sans qu'il ne puisse y faire grand chose, elle était son soleil, son petit bonheur, son amour, la femme de sa vie. Abigaël fondait pour la princesse des Serpentards comme neige au soleil et se disait être capable de tout pour la rendre heureuse.

Trouvant à présent le calme du dortoir et de la salle commune quelque peu déprimant, il posa sa gratte sur son lit, en prenant soin comme si c'était la prunelle de ses yeux. Il était encore un peu fatigué et retourné de l'anniversaire de la veille, qui s'était très bien déroulé, sans trop d'accrochage, fête avec laquelle il avait pu passer un moment agréable auprès de tous ses amis, même si l'absence de Cassiopée lui manquait entre tous ces couples ou ces personnes qui se tournaient autour sans tellement l'avouer. Il avait assez attendu, assez peiné d'arriver à mettre des mots sur une lettre à la belle pour finalement échouer. Il brûlait de la voir, elle, l'objet de tous ses fantasmes.

Il enfila une veste et quitta sa salle commune en faisant signe d'un sourire les personnes qui discutaient là tranquillement ou finissaient un devoir. Mais une fois dehors, il se rendit compte qu'aller demander Cassie auprès des autres serpents étaient une très mauvaise idée. Le succès de son entrevue avec James lui était monté à la tête, si bien qu'il s'imaginait pouvoir défier le monde entier et défiler sous le regard de tous avec la vert et argent sous le bras. Ce doux euphémisme se révéla être un sacré poison, et il resta paralysé quelques instants à la sortie de sa salle qui se révélait plus comme une prison dorée en cette fin de journée.

Le cœur plein de désir et d'espoir, il fila consulter le panneaux d'entraînement des équipes de Quidditch en priant d'y trouver quelques renseignements sur l'endroit qu'occupait actuellement Cassie. Sans succès une fois de plus. Il soupira de plus belle, les mains dans les poches. Peut-être était-elle avec Maewan ? Non, ce dernier était pas mal collé par Nielsen ces temps-ci. Abigaël n'avait pas peur de se risquer à demander à quelques Serpentards où était leur capitaine, après tout, il pouvait faire passer ça pour un entretien quelconque entre capitaines. Il demanda à quelques jeunes filles mal à l'aise de voir un Poufsouffle leur parler où était donc la brune. Il n'eut pour renseignement qu'un vague mirage. Elle était sortie, c'est sûr. Elle ne faisait on ne sait quoi mais elle n'était pas entre quatre murs.

Le Japonais se mit donc en route pour l'extérieur, pour le parc, en espérant que s'il restait non loin de la porte d'entrée de Poudlard, il finirait par tomber inévitablement sur elle. Il marmonna dans son coin quelques instants, de désagréables rumeurs couraient sur lui et Kasey, chose qui lui déplaisait fortement. Il ne tenait pas à ce que quelqu'un aille dire maladroitement à Cassiopée que son blaireau avait fait le gamin dans les gradins avec une de ses camarades, ou déformer toute l'histoire en laissant prétendre qu'il sortait avec la blairelle. Il pinça les lèvres, comment réagir si c'était le cas ? Il n'avait rien à se reprocher, il était là pour voir la seule femme qu'il aimait et qu'il voulait pour lui tout seul.

Il repensa évidemment à la scène entre Ron et Sirius qu'on lui avait soufflé à l'oreille la veille, ce qui le fit davantage grincer des dents. Il était clair que dans cette histoire, Abigaël soutiendrait ses amis les Maraudeurs, et il prenait d'autant plus l'histoire à cœur qu'il s'était aussi senti visé par les propos de Ron avec le recul. Il faisait lui aussi l'idiot et n'avait jamais été tout blanc dans la chasse aveugle des vert et argent. Mais Cassiopée lui avait ouvert les yeux en lui prouvant que tous les Serpentards n'étaient pas mauvais. Velrose le bourreau, c'était de l'histoire ancienne.

S'agitant un peu pour ne pas finir congelé sur place, Abigaël releva au loin pour apercevoir son aimée, à qui il adressa son plus beau sourire. Il brûlait de la serrer dans ses bras, de l'embrasser, mais elle ne comprendrait pas, lui dirait de calmer ses ardeurs à cause des élèves les entourant. Il se contenta de quitter le mur sur lequel il s'appuyait depuis de longues minutes pour approcher de la vipère et effleurer son épaule du bout des doigts pour apprécier une once de contact. Pourtant, elle, n'avait pas l'air aussi ravie, et il ne comprit pas trop. Elle était peut-être malade ? Ou quelqu'un l'avait attaquée ? Le Japonais montra les dents à cette dernière idée, et il ne put s'empêcher de lui sourire pour espérer voir naître la même expression sur les doux traits de la brune.

« Ça va, ma belle ? Tu es toute pâle, tu devrais peut-être te mettre au chaud. On pourrait aller où-tu-sais, je meurs d'envie de... enfin, te serrer dans mes bras, être simplement avec toi princesse... Tu m'as manquée, horriblement. »

La journée avait été très bonne. Même si je me demandais parfois s'il ne fallait pas être un peu masochiste pour accepter de sortir dans le froid après les cours, mais c'était pour le quidditch, je le faisais donc avec joie. De plus, l’entraînement s'était fort bien passé, le tout sous un temps clair à l'air vif, parfait pour la visibilité. Mon seul regret était de ne pas avoir emporté mes gants et, en sortant du terrain de quiddtich, accompagné de Cassiopée, mes doigts semblaient avoir perdu la capacité de se fléchir. Pour le moment, je ne sentais rien, aussi ça me faisait plus rire qu'autre chose.

-Mes doigts gardent la forme du manche de mon balai. Constatais-je d'ailleurs, amusé, tout en essayant avec mon autre main de les dépliés.

Je savais bien qu'une fois au chaud à l’intérieur, mes mains allaient décongeler d'un seul coup et pendant une bonne demi-heure j'allais avoir la sensation d'avoir tous les nerfs en feu, mais en attendant, je m'amusais de mes doigts tout raides. Enfin bref, j'étais de très bonne humeur, la journée se finissais bien et j'avais encore le temps d'aller prendre une bonne douche chaude, d'aller manger un bon souper bien chaud et d'aller ensuite passer le reste de la soirée au chaud sous ma couette à finir mon devoir de sortilège.

Mais manifestement quelque puissance dans l'univers ne voulait pas que je garde cette bonne humeur. Je le compris quand je vis avancer dans notre direction ce boulet de Velrose. C'était un Poufsouffle, ça encore, je pouvais le lui pardonner. Ce que je n’appréciais pas en revanche, c'était qu'il tourne autour de Cassie, comme si un vers de terre comme lui était digne d'elle, il était à peine digne de pouvoir poser les yeux sur elle. Le problème est que mon amie s'en contentait bien, malgré les disputes qui les secouaient parfois. J'avais bien évidement essayer plus d'une fois de la mettre en garde, au moins, elle savait que je désapprouvais. Je ne voulais pas en faire plus, l'amitié de Cassiopée était plus important pour moi que ces chamailleries. Je n'avais donc rien tenter de concret pour les séparer, de toute façon ils s'étaient très bien débrouillés eux-même. Enfin, généralement donc quand il l'approchait, je me contentais de tirer la tronche et lui parler avec tout mon potentiel de froideur. Mais ce soir-là, j'étais particulièrement mécontent de le voir, surtout après ce que j'avais vu, non seulement je l'avais vu un peu trop proche de Kasey, une gourde de sa maison, mais en plus toute l'école s'accordait à dire qu'il se passait quelque chose entre eux. Il y avait tout de même un minimum de temps à laisser entre deux relations, question de bienséance et de respect.

-Tiens donc, il s'est déjà lassé de sa cruche celui la...

Je grognais entre mes dents, il venait réellement dans notre direction. Je n'avais pas du tout envie de le voir adresser la parole à Cassiopée, il avait déjà eu le manque d'élégance d'aller tourner autour d'une autre, à peine leur « histoire » terminée, mais en plus s'il osait faire l'affront d'essayer de la reconquérir maintenant, je me devais de réagir fermement. Je croisais le regard surpris de mon amie.

-Tu n'es pas au courant ?

Oups, la boulette ! Manifestement elle ne voyait pas de quoi je voulais parler, je n'avais pas trop envie d'être celui qui lui annoncerait qu'elle avait été replacée en un tour de main. Surtout par Kasey, ce modèle de Poufsouffle pas très maligne et visiblement fière de l'être, qui se crois jolie en plus. Et qui plus est, une sang-de-bourbe, vraiment tout pour plaire. Je pouvais par exemple faire abstraction du fait que Evans était née moldue par exemple, étant donnée qu'elle au moins était une sorcière de talent, elle se montrait digne des dons qu'elle avait reçu. Mais cette gourde, c'était vraiment donner la magie à des cochons.

-Hum... C'est un peu embarrassant. Je l'ai vu traîner de très près avec Kasey Deyn... Et je ne suis pas le seul à l'avoir constaté. Je suis désolé de devoir te l'apprendre comme ça Cassiopée, mais je crains qu'il n'ait pas mis très longtemps avant de t'oublier, ce Don Juan de bac à sable.

Au moins elle était au courant, elle avait le droit de savoir en tout cas. J'étais d'ailleurs sincèrement désolé, même si je n'aimais pas du tout Velrose et que je voyais d'un très mauvais œil leur relation, je détestais par-dessus tout voir mon amie souffrir à cause de lui. Ce crétin de blaireau arriva à notre hauteur, et son comportement me fit serrer les poings, comme je l'avais senti, il lui faisait en plus l'affront de retourner vers elle ! ... Tiens, mes doigts bougent à nouveau.

Le Quidditch, il n'y a que ça de vrai !

J'adorais passer des heures sur mon balai, même si je savais très bien qu'après je risquais de ne plus pouvoir marcher. Ça m'était égale, rien ne pouvais égaler la sensation que je pouvais ressentir lorsque j'étais dans les airs. Puis le Quidditch c'était vraiment un sport remarquable. Cette année, j'étais la capitaine de mon équipe, je devais donc être à la hauteur. Car déjà être capitaine d'une équipe ce n'était pas facile, alors quand cette équipe était celle des Serpentard, la pression était à son comble. Ça ne me dérangeait pas tant que ça, parce que je faisais partie de ce qu'on pouvait appeler les gagnantes, les ambitieuses. Je n'avais pas l'intention de faire perdre mon équipe, non, en réalité l'échec n'était pas permis, c'était bien le seul moyen de gagner et que l'on ne vienne pas me dire que le principal était de participer. Il n'y avait que les perdants capables de sortir une chose pareille, pour se rassurer. Pour ne pas que cela arrive, je m'arrangeais pour que mon équipe et moi puissions s'entraîner régulièrement, ce n'était pas du luxe puisque j'avais prévue de changer toutes les anciennes tactiques, bien trop basé à mon goût sur les coups bas et les attaques irrégulières. Je voulais certes gagner, mais parce que j'avais choisi de bons joueurs et non pas parce qu'on était les meilleurs tricheurs. Et aujourd'hui encore, les Serpentard avaient eu le droit à un entraînement intensif.

C'était donc épuisées que nous reprenions la route du château, Regulus & moi. Nous discutions de tout et de rien, joyeusement, parce que même fatigués nous étions contents de nous. C'était le plus important. Regulus était plus jeune que moi, mais ce n'était pas pour autant que l'on ne s'entendait pas bien, au contraire. J'adorais passer du temps avec lui, même si avec mes études ce n'était pas vraiment facile de le faire. Il était bien plus agréable que son frère aîné qui était vraiment idiot. Puis, au moins lui comprenait que trop bien ce que pouvait engendrer la pression familiale, ce qui faisait me sentir moins seule. Sur la route, il s'amusa de ses doigts totalement gelés par le froid qui n'arrivaient plus à se déplier. Il fallait dire que le vent souffler mauvais lorsqu'on prenait un peu d'altitude. Je m'en amusai avec lui, alors que j'observais ses doigts meurtris.

« J'en connais un qui va souffrir tout à l'heure. Quelle idée de ne pas prendre de gants aussi. Ta mère va me tuer si tu perds un doigt. Je tiens à la vie tu sais. » lui dis-je en riant.

L'ambiance était plutôt bon enfant. On s'amusait bien, jusqu'à ce que j'aperçoive au loin une silhouette connue. Rien de bien étonnant, en sept ans j'avais eu le temps de reconnaître des gens, mais là c''était différent. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Cette silhouette appartenait à Abigaël, j'en étais sûre et apparemment il se dirigeait vers nous. Intérieurement, je sautais de joie, bien contente de pouvoir revoir mon japonais. Depuis le bal, on avait rarement l'occasion de se croiser, malgré ce que l'on avait prévu. Il fallait dire qu'avec tout le travail que l'on avait, ce n'était pas une simple affaire que de réussir à trouver du temps pour nos retrouvailles, surtout que l'on devait rester discret, car tout le château était censé nous croire en froid. Voilà pourquoi je ne montrai rien de ma joie devant Regulus, j'avais beau l'adorait, il n'en restait pas moins un Serpentard et je ne devais pas lui dire que je m'étais dangereusement rapproché du Poufsouffle. Il n'aurait pas compris, je savais déjà qu'il désapprouvait notre relation, pas besoin d'en rajouter. Je fis donc mine de ne pas l'avoir vu, au moins ainsi je ne risquais pas de me trahir.

Cependant, Regulus, lui, l'avait bien vu et ça pouvait se lire sur son visage qui perdit un peu de sa bonne humeur. Il lança une phrase qui m'intrigua. Abigaël lassait d'une « cruche » ? De qui parlait-il ? C'était plutôt bizarre, je n'avais eu vent d'aucune « cruche », du moins le blaireau ne m'avait rien dit. Je regardai donc mon ami avec un regard plein d'incompréhension. J'avais bien envie d'en savoir plus, je gardais pourtant un air détaché, il ne fallait pas que le vert et argent voit que ce genre d'information pouvait me toucher. Bien sûr que non je n'étais pas au courant, sinon je ne ferais pas cette tête, c'était pourtant évident. Le visage du jeune Black perdit de ses couleurs, ce n'était pas bon. Qu'avait-il pu bien faire ? Finalement, Regulus se décida à me dire ce qui se passait et ça ne me plaisait pas vraiment. Alors, comme cela, Abigaël fricotait avec une autre fille, Kasey en plus. Il aurait pu trouver mieux, ce n'était pas très flatteur pour moi. Le jeune homme paru désolé, ce n'était sûrement pas le genre de choses qu'il avait envie de me dire et je pouvais le comprendre. La nouvelle n'était pas vraiment agréable à entendre. Cependant, je serrais les dents. Je ne pouvais pas montrer qu'il venait de me blesser, quoiqu'il aurait sûrement pris ça pour de l'orgueil et il n'aurait pas eu totalement tort. Je venais de me prendre une baffe et mon ego aussi. Ce n'était jamais bon de bafouer mon ego. Abigaël allait bientôt en faire l'expérience. Pour ne rien laisser paraître, mes habitudes de sang-purs reprirent le dessus et mon visage se para d'un masque d'impassibilité. Plus aucune émotion ne pouvait se lire sur mon visage. Seul mes yeux luisait d'une flamme qui n'était pas celle de l'amour.

« Oh, je vois... Il aurait pu trouver mieux quand même, tu ne crois pas ? »

Le blaireau s'approcha de moi et sans attendre, je me raidis à son contact, si on avait été seuls, il se serait prit une gifle. Seulement, nous ne l'étions pas et Regulus était bien à côté de moi, je ne pouvais pas me permettre de faire quoique ce soit qui puisse révéler notre imposture. Inconsciemment, je passai ma langue sur l'une de mes canines, mouvement qui ne se vit pas, puisque j'avais la bouche bien fermé, cependant, ça ne signifiait rien de bon. Pour le Poufsouffle en tout cas. Le Serpentard, lui, risquait d'apprécier le spectacle, Cassie allait lui montrer qu'elle n'avait pas atterrit dans les cachots pour rien. Comment Abigaël osait-il venir vers elle comme si de rien était et faire semblant de se soucier de sa santé en plus. Et puis quoi encore ? Je lui avais manqué ? Alors, comme ça, Kasey ne lui suffisait pas. Je n'avais pas l'habitude de passer pour le lot de consolation. Non, très peu pour moi. Je me reculais donc de blaireau, sans trop m'éloigner, je ne tenais pas à crier, non, je ne voulais pas qu'il pense que tout ça me touchait. À cet instant, plus rien ne comptait, je voulais juste qu'il se sente aussi mal que moi et tant pis si j'allais devoir bafouer certaines règles pour se faire, de toute manière je passais déjà pour la méchante devant une bonne partie de Poudlard, alors autant continuait à leur donner raison.

« Je n'ai pas besoin de toi pour te soucier de ma santé, je vais très, beaucoup mieux depuis quelques instants. Et je n'irais nulle part avec toi Velrose, plus jamais. Enfin, je crois que tu ne risques pas de te retrouver seul. »

Mes mots claquèrent dans l'air, comme un fouet que l'on aurait lancé à la poursuite du japonais. Je ne me reconnaissais pas vraiment dans ce discours, enfin, si en quelque sorte, mais je n'avais jamais voulu être cette personne. Je n'avais pas parlé particulièrement fort, non, même pas, juste assez pour qu'Abigaël entende, mais surtout qu'il comprenne, Regulus avait lui aussi dû entendre, il n'était pas si loin de moi.

Comment imaginer qu'une simple après-midi entre amis dans les gradins du stade de Quidditch engendrerait un tel drame amoureux ? Enfin... Amoureux si les deux partis en arrivent là... Voir ce poison de Regulus Black n'était franchement pas bon et c'était à ses mots que Cassie avait changé du tout au tout. Qu'est-ce que cet idiot de Black avait encore été cracher, quel venin ? Dans l'ordre des pourritures, il se dressait aisément au niveau de ses petits camarades, les irrécupérables Rogue, Findell, Adamovitch, tous mauvais, perfides, lâches, prêts à alimenter la moindre rumeur pour la rendre nauséabonde et faire le mal autour d'eux. Oui, ça c'était les fiers Serpentards dans toute leur splendeur et on avait beau faire tous les efforts du monde pour les supporter, ça ne changeait rien au fait qu'ils n'étaient franchement pas ratés. Les exceptions comme Cassie ou Moses se faisaient rares, elles étaient fortes oui, sans aucun doute, mais aux côtés de telles personnes...

Voir Cassie se masquer avec tant de froideur alors qu'il avait senti sa peau brûler contre la sienne raidit le corps d'Abigaël, pourtant il avait essayer de détendre la brune à voix basse, pour que Regulus n'entende rien, mais lui, son visage dégoûté était pire qu'agaçant, et s'il n'avait pas été le petit frère de Sirius, il se serait déjà fait envoler depuis longtemps, de plus tous savaient que Velrose n'y allait pas de main morte quand il était vraiment enragé. Le pire vint après quand il se prit les mots de Goldstein à la figure. Il fut d'abord paralysé, cerné par l'incompréhension, puis ensuite profondément en colère car il avait compris que les mauvaises langues avaient encore frappé. Tous ces élèves, quelqu'ils soient, Serpentards, Serdaigle, Poufsouffle et même Gryffondors, ces sales ados en avaient sacrément profité, ah ça ! C'était facile de regarder de loin les gens, de murmurer et chuchoter dans leur dos, d'inventer tout et n'importe quoi et de profiter de la réputation de dragueur de l'un deux. Il n'y avait rien eu ! Abigaël n'avait même pas embrassé Kasey, ne l'avait pas laissé faire et n'avait en rien cherché à aller faire n'importe quelle bêtise avec elle. Velrose était rongé par l'envie d'en coller une à Black.

Il releva la lèvre supérieure sans s'en rendre compte, montrant les dents. Rare étaient les jours où il s'énervait autant et aussi vite, mais là c'en était trop. Aller dire à Cassiopée qu'il avait batifolé avec Kasey si ce n'est plus, c'était la cerise sur le gâteau, et il regrettait presque d'avoir convaincu James de laisser les Serpentards tranquilles pour ne pas alimenter l'animosité qui régnait depuis toujours. Il avança d'un seul pas, menaçant, près à attraper Regulus par le col et lui montrer de quoi un Velrose était fait même sans baguette, mais il se ravisa. Inutile de lui donner plus raison ni de se montrer violent devant Cassiopée. Pourtant il aurait aimé se faire respecter.

« T'es content de toi, hein ? Le petit Regulus monte sur ses grands chevaux de Black. Ta maman doit être ravie de voir que tu suis sa morale sans rechigner. Ça t'éclate ? C'est facile de détourner une rumeur débile, mais t'en fais pas, ça vaut pas que pour toi. »

Le ton monta assez pour qu'il se fasse bien entendre, et il jeta un rapide coup d'oeil à ceux qui restaient non loin, à regarder, tels des corbeaux qui se nourrissaient de l'apparente querelle.

« Ça vaut pour tout le monde, tout ce putain de château ! Y'a rien entre moi et Deyn, et il n'y aura jamais rien ! Elle n'est rien ! Alors arrêtez de tous combler vos vies avec des « on dit » ! »

Il se retourna vers Cassie. Plonger les yeux dans les siens le rendit d'un coup plus doux. Elle était là, juste devant lui, et pourtant elle semblait plus éloignée que jamais. Elle lui filait entre les doigts comme le vent. Son cœur venait de se fissurer une première fois. Il prit ses cheveux entre ses doigts, serrant les dents, ne sachant plus comment réagir, ni où donner de la tête. Comment lui faire comprendre ? Il était fou amoureux d'elle !

« Cassie... Tu vas quand même pas croire ce qui se dit ? Tu vas pas croire que je... Tss ! »

Il ne pouvait rien dire, il ne pouvait s'exprimer librement sans risquer de la mettre en danger. Pourtant il brûlait de lui dire, pas simplement comme la dernière fois qu'il lui avait dit, mais cette fois il voulait qu'elle saisisse le fait qu'il était vraiment amoureux et pour de bon. Mais sa langue était nouée par le besoin plus important de la protéger.

« Ecoute... Kasey n'est qu'une camarade, il n'y a rien entre elle et moi. Tu... T'es la plus merveilleuse fille... Femme, que j'ai jamais connu, t'as du caractère, tu es belle, intelligente et drôle, tu défends tes idées... Je... Je peux pas te laisser écouter ces gens me pourrir de la sorte ! Je tiens beaucoup à toi, trop peut-être, mais je m'en fiche... J'ai peut-être rien de plus à t'apporter que l'un de ces héritiers de grandes familles, pas une fortune inépuisable, ni même des intérêts grandioses dorés par un nom très célèbre, mais... Je veux juste... Te rendre heureuse... »

Il s'était enlisé, et ça n'avait pas l'air d'avoir porté ses fruits. Il sembla comme baisser les bras d'un coup. Il était seul. Son cœur se brisa complètement, il avait l'impression d'avoir perdu la seule femme qu'il avait jamais vraiment aimé, pour toujours. Il pinça les lèvres en regardant le jeune Black qui devait se régaler. Par son discours, Abigaël obligeait Cassie à se murer dans un silence peut-être encore plus difficile à supporter. Et elle n'allait pas lui pardonner.

« Pardonne moi, Cassiopée. C'est évident... Que je ne suis pas à la hauteur d'une Goldstein. »

Je me sentais réellement désolé pour Cassie, cependant, elle réagit avec calme et noblesse, sa seule réaction apparenta fut sa mâchoire qui se crispa quand je lui appris la sombre nouvelle. Je posais ma main sur son bras, il fallait qu'elle sache que j'étais là pour elle. Et puis après tout, je l'avais mise en garde contre ce garçon. Elle parvint même à retrouver son impassibilité et annoncer tranquillement qu'il aurait pu trouver mieux. Je répondis d'un sourire sans joie, elle avait tout à fait raison. Après, ils n'étaient peut-être pas ensemble, en tout cas ils était trop proche pour de simples amis à ce que j'avais vu.

Ignorant que Cassie savait à présent à quoi s’attendre, Velrose arriva devant nous et se lança dans une phrase terriblement mielleuse. Si je ne m'étais pas senti si mal pour mon amie, j'aurais sans doute jubiler en la voyant l'envoyer sous les roses avec tous les honneurs. Elle réagissait avec dignité, là ou n'importe quelle autre fille aurait fondu en larme, aurait giflé le malotru avant de partir en courant, elle se tenait droite et calme. Je l'admirais pour ça, elle faisait partie de ces filles d’exception et j'étais fier de l'avoir pour amie.

Par contre, c'est sur moi que tout allait retomber étant donné que Velrose ne se montra pas stupide en comprenant que si Cassie était au courant, c'était manifestement grâce à moi. Et le voilà qui se mit à insulter ma famille et parler de ma mère. Pff, même pas inventif ce pauvre garçon. Il ne m'arracha même pas un rictus.

-Je n'ai fait que dire les faits, je t'ai vu très proche de Deyn, plus que des simples amis, je n'ai rien affirmé d'autre. J'ai aussi informer Cassiopée de ce qui se dit à ton propos, même si je n'en tire aucun plaisir étant donné qu'elle est avant tout mon amie et qu'elle a le droit de connaître la vérité, même quand celle-ci n'est pas agréable.

Je croisais les bras, calmement, alors que Velrose s'égosillait contre moi, mon ton n'avait pas monter d'un décibel. Il hurla également à l'adresse des curieux qui s'approchaient qu'il n'y avait rien entre lui et Deyn, et, quel mufle, qu'elle n'était rien. Je n'avais que peu d'estime pour cette fille qui n'avait pas grand-chose pour elle, mais de là à dire qu'elle n'était rien. C'était une fille pas très maligne, superficielle et de faible naissance, mais elle restait une jeune fille.

-Tu n'as vraiment aucune galanterie. Même si tu n’éprouves rien pour Deyn, il est évident que elle t’apprécie beaucoup, et toi, indélicat que tu es, tu cries à toute l'école qu'elle n'est rien. Cette pauvre fille mérite sûrement mieux que d'être traitée ainsi.

Et ne parlons même pas de Cassiopée qui valait bien mieux que cette fille. Si Velrose ne méritait même pas cette Deyn, comment osait-il même poser les yeux sur une fille telle que Cassie ? Et étant donné que moi j'étais quelqu'un de bien élève et de galant, je m'éloignais de quelques pas pour les laisser s'expliquer ensemble. Je devais avoir confiance au jugement de Cassie, elle était intelligente, s'il lui mentait, elle ne tomberait pas dans son piège. Elle était assez grande pour prendre ses propres décisions, moi, j'avais remplis mon rôle en lui disant ce que je savais.

Abigaël n’arrangea pas son cas en ouvrant une nouvelle fois la bouche. Cette fois-ci il s’en prenait à Regulus, il devait certainement avoir pris une potion de confusion, il n’y avait pas d’autres explications. Il osait insulter un ami à moi. Le bougre. Il s’en prenait à Regulus, alors que c’était clairement lui le fautif, il ne manquait pas de culot. Je laissais mon ami répondre, après tout c’était son droit, puisqu’il était directement visé, puis je me permis de rajouter, gardant toujours mon calme, je n’avais pas l’intention de me donner en spectacle devant toute l’école.

« Comment oses-tu t’en prendre à lui ? Il n’y est pour rien dans cette histoire, ce n’est pas de sa faute si tu ne sais même pas être discret. Si au moins tu savais faire tes coups en douce, mais même pas. Tu es obligé de le montrer à tout le monde alors, après ne t’étonne pas si tout Poudlard est au courant. Heureusement qu’il était là pour m’ouvrir les yeux, sinon jamais je n’aurais été au courant. »

Ça c’était dit, il ne fallait pas abuser, déjà qu’il se jouait de moi, ça ne me plaisait pas plus que ça, mais si en plus il s’en prenait à mes amis, ça n’allait pas bien se passer, ça c’était clair. Il y avait des limites à ne pas dépasser, surtout que vraiment, sur ce coup, Regulus n’avait rien fait, il s’était contenté de me tenir au courant des dernières frasques de celui qui pensait n’ être que mon cavalier d’un soir.

Je grinçais des dents lorsqu’il mentionna le nom de Deyn, puis je n’étais pas vraiment fan des effusions en publique, qu’elles soient de joies ou de peine, j’étais plutôt adepte de la discrétion. En plus de ça, même si je ne supportais pas cette fichue Poufsouffle, Regulus n’avait pas tort, c’était horrible la façon dont il avait de parler d’elle. Cependant, j’eus un pincement au cœur lorsque j’entendis la fin de sa tirade. J’aurais tellement aimé que ce soit vrai, mais comment pouvais-je le croire après ce qu’on venait de me dire ? C’était impossible, s’il s’était déjà joué de moi une fois, qu’est-ce qui me disait qu’il n’allait pas s’empresser de recommencer une fois que je lui aurais laissé la chance de le refaire. C’était trop risqué.

Je ne savais pas quoi faire, tout se bousculait dans mon esprit, j'avais eu confiance en Abigaël, je l'avais laissé s'approcher de moi, j'étais même prête à l'aimer, je n'arrivais pas à croire qu'il avait pu faire ça, mais d'un autre côté, Regulus était mon ami, il n'avait aucune raison de me mentir. À la rigueur, si ça avait été Rosalya, j'aurais eu des raisons de douter du bon fondé de ses déclarations, elle était prête à tout pour agrandir son tableau de chasses et je me doutais bien qu'elle n'aurait pas dit non si elle avait eu la possibilité d'attraper le blaireau. Sauf que là, c'était de Regulus dont on parlait, il était certes embrigadé par sa mère, mais il n'était pas méchant au fond, je le savais bien, il était juste un peu trop influençable. Je savais que je pouvais le croire s'il m'avait dit avoir vu Abigaël un peu trop proche de Deyn, c'était vraiment le cas, surtout qu'il avait eu l'air désolé de me l'apprendre. Il n'était pas aussi mesquin que les autres serpentards, jamais il ne se serait joué de moi. Je n'arrivais pas à accorder plus de poids aux mots d'Abigaël qu'à ceux de Regulus. Le mal était fait, ma confiance était perdue. Mon masque se renforça un peu et Regulus se recula un peu, pour que l'on puisse s'expliquer Velrose et moi. Je lui en fut reconnaissant. Il savait que je n'aimais pas me donner en spectacle – même si je l'avais fait aubal, mais c'était pour la bonne cause, enfin c'était ce que je croyais – j'avais horreur d'exposer mes sentiments aux yeux de tout le monde. Vieux réflexe d'une éducation surannée.

Mon regard était froid, plus rien ne pouvait se lire à travers les yeux que je posais sur mon interlocuteur. Une chose s'était détruite en moi lorsque j'avais appris la liaison qu'entretenait Abi avec Deyn. Comment avait-il pu oser.

« Tu n'es qu'un beau parleur Velrose, mais je ne suis pas l'un de ses gamines sans cervelles que tu peux avoir avec une jolie phrase ou deux. Tu as sous-estimé ta proie cette fois-ci. »

Abigaël avait l'air d'être perdu, il ne devait pas s'attendre à ce que je découvre son manège, pourtant c'était le cas. Je l'avais appris et il m'avait trahi. Il me regarda dans les yeux et me demanda si j'allais vraiment croire ce que Regulus disait. Je ne baissais pas les yeux, je ne voulais pas lui montrer qu'il avait eu un impact sur moi. Il en était hors de questions. J'étais bien trop fière pour ça.

« Pourquoi je ne le ferais pas ? » lui demandais-je simplement.

Puis là, il se mit à disserter sur à quel point j'étais merveilleuse, blablabla. Il pensait vraiment que c'était comme ça qu'il allait me convaincre, avec des belles paroles. Le pire dans l'histoire, c'était que j'aurais pu lui donner une chance de s'expliquer s'il s'était arrêté à ses belles paroles. Parce que malgré tout ce que je pouvais dire ou même montrer je tenais à lui. Abigaël, c'était tout un programme, ce n'était pas simplement un beau parleur, c'était autre chose. Mais il avait continué à parler et il m'avait déçu une nouvelle fois. Une fois de trop. Ces mots m'avaient blessé, croire que j'étais assez superficielle pour m'arrêter à un titre, à un coffre chez Gringott, ou quoique ce soit d'autres. Je pensais qu'il me connaissait assez pour savoir que je m'en fichais bien de tout ça, que s'il n'avait pas fait n'importe quoi, j'aurais été capable de rester avec lui, malgré tout ce que l'on pouvait me dire. Mais il avait tout gâché. Absolument tout.

Velrose venait de brisser les derniers lambeaux de ce que je pouvais ressentir pour lui, il avait passé la ligne de non retour. Tant pis pour lui. Je fis un pas en arrière, pour lui signifier qu'il avait perdu, en réalité, on avait perdu tout les deux d'une certaine façon.

« Tu me connais vraiment mal Velrose. »

Il ne s'attendait franchement pas à ce retournement de situation, comment la rumeur avait-elle pu tourner au vinaigre à ce point ? Pire encore, il avait aggravé son cas en s'en prenant au cadet des Black, qui devait compter dans le cœur de la brune sûrement autant que Maewan, ce qu'il ne comprenait définitivement pas, mais question de point de vue. Abigaël était plus pour Sirius, Cassie pour Regulus, ils marchaient sur deux chemins différents qui s'étaient pourtant croisés à un éphémère moment de leur voyage dans la vie. A vouloir se défendre et s'expliquer, à essayer de mettre des mots sur ses sentiments brumeux, chose qui n'était pas évidente pour lui, c'était allé de mal en pis. Poudlard au courant d'une chose qui n'avait pas eu lieu, de faits dont Abigaël n'avait pris l'exacte connaissance qu'il y a peu encore -Car à défaut d'avoir vu Kasey se rapprocher, il l'avait gentiment repoussé- fut une nouvelle qui l'agaça encore plus, mais comment pouvait-il s'énerver sur Cassiopée ? Il n'en avait ni l'envie ni la prédisposition.

Il sentit un poids dans ses épaules s'écraser jusque dans ses chevilles quand Cassie lui fit comprendre qu'elle n'allait pas être une de ses proie. Abigaël n'était pas le genre de garçon à collectionner des filles pour les mettre sur un tableau de chasse, ni à être infidèle, il était chez les Poufsouffles bon sang ! Honnêteté, fidélité, ça lui parlait ? La trahison était certainement ce qu'il y avait de pire, en effet. Si la vipère avait été trahie, même pour un mensonge qui n'en était pas un pour elle, Abigaël l'avait été tout autant. Pourquoi est-ce qu'elle ne l'écoutait pas, pourquoi ne le laissait-elle pas s'expliquer ou ne cherchait à comprendre plus que ça ? Ainsi donc, la parole de Black comptait plus que la sienne ? Ses mots et sa franchise ne valaient rien ? Il avait l'impression d'être entouré d'un ramassis d'hypocrites qui préféraient aller raconter des salades à qui voulait bien écouter, pour envenimer une situation et faire que ceux qui n'avaient rien à se reprocher en premier lieu finissent par se dire que le réel problème de tout le monde, c'est eux.

Il se raidit davantage en songeant à la façon dont cette femme, qu'il aimait et voulait protéger plus que quiconque, ne lui faisait pas confiance. Peut-être qu'en réalité elle ne lui avait jamais confiance, peut-être que ce n'était qu'un jeu, peut-être qu'au final, la rumeur était bienvenue pour qu'on se débarrasse d'Abi. On avait toujours essayé de se débarrasser de lui au fond. Il n'avait auparavant jamais ressenti assez d'affection pour se sentir bien dans sa peau, et maintenant que c'était tout trouvé, on lui arrachait des mains. Il cumulait bourdes sur bourdes, maintenant tout le monde irait dire qu'il avait pris Kasey pour une idiote, et elle aussi lui en mettrait sûrement plein les dents. Il allait passer pour le gougeât de service, et plus aucune fille ne daignerait lui adresser la parole. Voilà qui était réglé, la bonne réputation du Japonais dans cette école était cuite.

Voilà que ce pauvre Maewan se retrouverait à son tour entre deux feux, James n'aurait plus aucune bonne raison de ne plus attaquer Cassiopée, Blondie lui lancerait une remarque dans le genre « Tu vois, j'avais raison, on ne peut pas leur faire confiance » et ce serait encore guerre ouverte. Non, l'idéal était qu'Abigaël se mure dans le plus grand des silences, les commères rapporteraient les faits, comme bon leur semble. Sauf qu'il n'aurait pas la force de démentir ou approuver. Puis s'il n'était bon qu'à la faire souffrir et la mettre en danger, il n'avait en effet rien à faire avec elle. En s'éloignant d'elle, elle ne risquait pas d'être sortie de Poudlard par la force de ses parents, et elle n'aurait plus à supporter son caractère de gamin impossible et incapable de se montrer sérieux.

Il se prit un dernier coup de poignard quand la brune lui dit qu'il ne la connaissait que très mal. Oui, elle venait de lui prouver que l'image qu'il s'était fait d'elle n'était que poudre aux yeux. Elle venait de se montrer plus serpente que jamais. Il pinça les lèvres, se demandant s'il était bon d'ouvrir la bouche encore une fois. Ses pieds voulaient le porter ailleurs, l'emporter loin d'elle, pour la première fois de sa vie, il voulait la fuir. Il ne fuyait jamais, et pourtant là, c'était sa seule idée.

« En effet, je croyais te connaître mais je ne te connais pas plus que tu ne me connais moi. Mes mots ne valent rien pour toi. Tu ne me verras plus, je vais disparaître de ta vie et tu seras enfin en paix. J'ai payé cher en te perdant, et je vais encore le payer plus cher plus tard. Oublie moi si ça te soulage, maudit moi si tu veux me punir. »

Il regrettait déjà ses mots, il savait qu'il s'en mordrait les doigts et c'était déjà le cas. Après tout, pourquoi se leurrer ? Elle ne voudra plus de lui, d'aucune façon, alors autant se retirer, de suite. Il ne doutait pas qu'en tournant les talons, il la mettrait encore plus en colère et passerait pour un lâche. Il venait de tout perdre et n'aurait rien à gagner à rester là. Il préféra en effet s'en aller. La boule au ventre, pris de vertiges, il sentit ses yeux s'embuer. Comme il détestait être dans cet état, comme il se détestait en cet instant. Il n'aimait pas pleurer, il prenait sa pour une faiblesse. Son père n'avait jamais pleuré, ah, lui était un homme, un vrai. Pas un idiot, pas un lâche. Il aurait peut-être mieux valu que ce soit Gabriel qui reste en vie à ma place, pensa-t-il, au moins je n'aurais pas fait que du mal autour de moi.

J'étais furieuse et encore, c'était un euphémisme, je n'arrivais pas à comprendre Abigaël. Je me demandais pourquoi il avait ainsi joué avec moi. Je pensais le connaître et pourtant c'était tout le contraire. Ce n'était pas la personne avec qui j'avais joué qui se trouvait en face de moi. Non, c'était un goujat qui profitait de la vulnérabilité de certaines jeunes femmes. Sauf que, dommage pour lui, j'étais loin d'être vulnérable et j'avais bien l'intention de le lui prouver. Cependant, malgré moi, je me sentais très mal, même si je ne voulais pas le montrer. J'étais déçue par le comportement du poufsouffle et j'étais aussi en colère contre moi, comment avais-je pu me laisser avoir aussi facilement. Pour une fois, j'avais été bien trop naïve, j'allais m'en mordre les doigts.

Et lui qui ne bougeait pas, restant là sans rien dire. J'aurais eu envie de lui sauter à la gorge, de le maudire. De lui dire tout ce qui me passait par l'esprit à cet instant, mais mon éducation m'en empêchait, je n'avais aucunement l'intention de me montrer en spectacle comme ça. J'avais déjà suffisamment attiré l'attention sur moi pour le reste de ma scolarité.

Le japonais se décida à ouvrir la bouche. Je ne le connaissais pas, ça c'était sûr, sinon jamais je me serais aventurée dans ce genre de relation avec lui. Je n'étais pas folle tout de même. Je l'écoutais sans rien dire. Ne plus le voir. C'était bien plus facile à dire qu'à faire. Nous étions de la même année et donc nous partagions la majorité de nos cours, à part peut-être nos options, mais encore, j'avais acceptée de m'inscrire dans beaucoup de ses options, comme ce stupide cours d'étude des moldus. Il était clair qu'après ça, j'allais demandé à changer d'option. Il était hors de questions de continuer ce cours qui ne m'était d'aucune réelle utilité. Oh puis j'étais presque à le plaindre. Pauvre petit Abigaël qui s'en voulait. Je lui aurais bien lancé que Kasey était prête à le consoler, mais je n'étais pas le genre de fille à être jalouse, même si j'aurais pu.

« Oh s'il te plaît... » je me mordis la lèvre « Tu es un être abject Abigaël Velrose, tu ne me fera pas culpabiliser, pas cette fois. »

Sur ces mots, je fis signe à Regulus, après avoir adresser un dernier regard glacial au blaireau. C'en était fini, je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui, il m'avait dégoutté. Sans plus rien dire je partis en direction des cachots pour retrouver mon dortoir, le cœur toujours amplis de rage, mais aussi de tristesse. Une page devait se tourner.

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