En ce vendredi 21 janvier, la jolie Meena ne pensait qu'à une chose : son rendez-vous au Magenmagot qui aurait lieu le lendemain. Elle ne pouvait chasser la crainte et l'appréhension qui avaient prit place dans son esprit.
Assise sur le rebord d'une fenêtre, à la sortie de la bibliothèque, elle semblait contempler la neige épaisse qui flottait dans l'air en dehors, mais en réalité, son regard était plongé dans le vide et son esprit se trouvait à des kilomètres de là. Elle s'imaginait sans cesse les évènements à venir : le soir même, ses parents devaient venir la chercher, afin de la ramener chez eux pour la nuit et la préparer à son rendez-vous Londonnien. Mais il faudrait encore assister à deux cours avant cela et l'heure autorisée à la bibliothèque allait prendre fin sous peu, laissant défiler une horde de Serdaigles en direction de leur tour. C'était presque devenu un rituel.
Ces derniers jours, tétanisée par son invitation à aller témoigner, Meena n'arrivait plus à se concentrer sur ses livres, ni sur les cours d'ailleurs, et passait automatiquement l'heure de bibliothèque assise sur le rebord de cette fenêtre à penser, voire à écrire ses pensées.

Les jambes en tailleur, son coude gauche s'appuyant contre sa cuisse afin de lui permettre de soutenir sa petite tête blonde, elle écrivait de la main droite sur un bout de parchemin posé sur un livre épais, lui-même en équilibre sur sa cuisse droite. Elle écrivait, oui, mais rien n'avait de sens.


Son regard fut attiré par un petit groupe de Serdaigles, des cinquième année, qui se dirigeaient vers les escaliers. C'était donc l'heure.
Avec nonchalance, la sixième année enroula son parchemin et le glissa dans son sac avant de glisser ce dernier sur son épaule après s'être levée. Elle rassembla ses longs cheveux afin de les libérer des bretelles de son sac à dos et les laissa retomber telle une cascade de boucles dorées.
Le regard un peu las, elle se mit derrière ses comparses sans vraiment les voir. Ils longèrent un long et étroit couloir avant d'atteindre les escaliers qui les mèneraient, s'ils le voulaient bien, jusqu'à leur tour.

Elle commençait à avoir mal à la tête. Le stress. C'était toujours la même chose. Depuis toute petite, elle était prise de migraine aiguës au moindre événement stressant. Elle s'arrêta un instant, au milieu des escaliers, afin d'attraper une petite gourde remplie d'eau qu'elle prenait toujours avec elle, dans son sac. Elle avala quelques gorgées et posa la main sur son front. À ce moment-là, une autre élève de Serdaigle, sûrement une septième année, la dépassa. Meena se demanda comment elle pouvait bien savoir où elle posait les pieds, car celle-ci tenait une montagne de livre entre ses mains qui l'empêchait, a priori, de voir devant elle. Avec bienveillance, la petite blonde allait gentiment prévenir sa camarade qu'elle était sur le point de poser le pied sur la treizième marche - celle sur laquelle elle avait eu le loisir de tomber dernièrement aux côtés du beau Sirius - mais la rousse ne lui en laissa pas le temps.

Prise d'adrénaline, et ce en moins de quelques secondes, Meena attrapa sa baguette et murmura d'une voix limpide :

"Aresto Momentum !"

Trois marches séparaient les deux jeunes filles. Le sortilège de Meena venait clairement de ralentir la chute de la jolie rousse et cette dernière allait probablement s'en rendre compte.

*Oh non... tout mais pas ça.*

Meena, loin d'être connue pour son côté sociable, voulu se creuser un terrier et s'enterrer sous terre. Elle repensa furtivement à ce garçon roux de Gryffondor qu'elle avait eu l'occasion de sauver avec le même sortilège un mois ou deux plus tôt.
Elle n'eut pas le temps de ranger sa baguette que déjà le regard de la Serdaigle se posa sur elle.

Prise en flagrant délit.

Pas le temps de disparaître, encore moins au beau milieu des escaliers. Il faudrait donc qu'elle fasse son plus beau sourire et explique son acte de bienveillance, bien qu'elle n'ait pas du tout la tête à cela et ne pourrait certainement pas empêcher ses traditionnels bafouillements.

La rousse rassembla ses livres d'un rapide "Accio" avant de se retourner de nouveau vers Meena en l'invitant à ne pas être gênée. Celle-ci ramassa sa baguette et s'approcha de sa camarade, avec un petit sourire cruellement forcé. Elle leva ses petits yeux gris vers la charmante rouquine et balbutia quelques mots, en guise de réponse :

"Euh oui... je voulais te... te prévenir... mais tu avais déjà posé ton pied sur la marche alors... je n'ai pas eu le choix..."

Devant le grand sourire amical de la jeune fille, Meena se senti forcée d'ajouter :

"Je m'appelle Meena... je suis en sixième année... je ne crois pas que l'on... euh... se soit déjà croisées."

Et en effet, bien qu'elle avait l'habitude d'observer avec attention la plupart des gens qui passaient près d'elle, Meena ne se souvenait pas avoir déjà vu cette jolie jeune fille. Et à vrai dire, elle n'était pas d'humeur aujourd'hui pour faire connaissance...