Tu n'étais pas un individu matinal. Bien que tu sois né dans un environnement où il fallait se lever assez tôt, tu ne t'étais jamais habitué aux rayons du soleil à l'aube. Lorsque tes paupières, lourdes et tremblantes, s'ouvrent pour découvrir comme chaque matin l'image du dortoir masculin de serdaigle, tu grognes. Tu t'enfonces dans ton lit chaud et tu pourrais presque regretter le fait de ne pas pouvoir échapper à tes heures de cours. Mais comme il faut se lever pour être présent durant l'appel, tu te forces à t'étirer et à te lever. Tu prends quelques minutes pour t'habiller et te préparer, sachant pertinemment que tu aurais tout juste le temps de descendre. Pour preuve, les dortoirs étaient déjà vides et tes camarades n'avaient pas trouvé utile de te prévenir. Tu attrapas un de tes livres de cours, d'ailleurs tu ne savais même pas lequel, et courus descendre les escaliers. Une fois arrivé en bas, tu vis que la salle était déjà bondée et l'appel des cinquièmes années avait débuté. Discrètement, tu te glissas derrière quelqu'un pour éviter de te faire remarquer.

Si il y avait un seul désavantage à être en septième année ces temps-ci, c'était la longue litanie de noms qui défilait avant le sien, et il devait donc se forcer à rester attentif malgré sa fatigue. Tu tentais tant bien que mal de te tenir réveillé en lisant, et cela fonctionnait plutôt bien. Lentement, très lentement, tu sortis de ta torpeur et les silhouettes floues autour de toi se définirent. Tu reconnus quelques connaissances sympathiques, d'autres que tu évitais clairement, mais en tout cas, rien d'exceptionnel. Dommage. En même temps, vu le monde qui se trouvait ici, tu ne pouvais pas voir tout le monde. Ta main vint ébouriffer tes cheveux alors que tu saluais discrètement quelques amis. Tu étais l'un de ceux qui n'accordais pas d'importance à ce temps pris pour votre « sécurité », bien que tu n'étais pas trompé par les déclarations supposées rassurantes du ministère. Tu savais, quelque part, malgré toute l'agitation des élèves de ta maison, que les plus apeurés n'étaient pas les premières et deuxièmes années. Beaucoup de camarades de ton année pensaient d'ailleurs sérieusement à se défendre par eux-mêmes. Tu chassas ces pensées sombres et repris ta lecture.

Certes, tu connaissais déjà la majorité de ces sortilèges, mais tu avais bien besoin de ça pour te réveiller. Et tu ne supportais pas de rester sans activité. Pas hyperactif, non, mais plutôt facilement lassé. Tu sursautas brièvement lorsqu'une petite voix s'éleva devant toit. Oh, rien de surprenant, juste une élève. Il lui semblait l'avoir vu de temps en temps, mais il n'arrivait pas à accrocher un quelconque souvenir à son visage. Ce qui était étrange, car il connaissait la majorité des élèves de sa maison (en tout cas, tous ceux qui étaient au moins en deuxième année). Constatant qu'il ne s'agissait pas d'une chose assez importante pour te sortir de ton ouvrage, tu replongeas ton regard océan dans la longue liste de sorts que tu connaissais depuis bien longtemps. Après tout, tu avais commencé à les découvrir quand ton propre frère était en septième année, ce qui remontait à... Tu fis un rapide calcul dans ta tête. Neuf ans, plus ou moins. A cet âge, tu n'avais pas encore de baguette et n'avais pas posé les pieds à Poudlard, mais tu dévorais déjà les livres de cours, attendant impatiemment ton heure. Ce qui t'avais donné une relative avance au niveau des connaissances sur tes camarades, mais ta maladresse t'avais considérablement freiné.

Les élèves se dispersèrent et tu n'y payas pas attention. Un léger courant d'air te fit frissonner. Toujours aucune réaction. Puis une petite voix te tira de ton repos.

"Hum... De quoi parle ton livre ?"

Interpellé, tu souris et refermas ton livre, l'incitant à lire la couverture. Peut-être était-ce la fatigue qui faisais que tu ne parlas pas directement. Qui sait ; ton cerveau marchait d'une bien étrange façon.

"Tu révises tes sortilèges alors ? J'aime beaucoup apprendre de nouveaux sorts. J'aimerais avoir l'occasion d'en essayer davantage, mais j'ai toujours peur de blesser quelqu'un, car je suis un peu maladroite. Oh et, moi c'est Meena. Je suis en sixième année. "

Tu hochas la tête. Tu ne connaissais pas son nom, et Alex t'avais toujours rabâché d'apprendre à te souvenir du moindre prénom pour pouvoir être sûr de t'intégrer lorsque tu étais plus jeune. Si, certes, le timide garçonnet était devenu un jeune homme sûr de lui et réfléchi, les vieilles habitudes restaient toujours et le prénom de la jeune fille fut vite gravé dans son esprit avec celui d'une centaine d’autres élèves. Tu n'avais cours que dans une heure approximativement, et bien que les soins aux créatures magiques te passionnait, forcer les élèves à se lever aussi tôt aurais du être considéré comme un crime, selon ton avis (légèrement) biaisé par ton manque de sommeil. Constatant qu'il valait mieux répondre pour éviter une ambiance maladroite, tu te mis enfin à discuter.

« Miles. Miles Wilson. Septième année, mais je suppose que tu dois le savoir. »

En effet, ta réputation de gaffeur te précédait. Tu jetas un coup d’œil au vieux livre, qui étais déjà âgé de neuf ans, puis répondis à la première question.

« En fait, je ne révise pas. Du moins, pas exactement. Ça fait un petit bout de temps que je connais ces sorts, mais j'ai pris ce bouquin-là parce que j'ai besoin de lire quelque chose pour me réveiller. »

Après avoir dit cela, tu t'étiras et constatas que la grand majorité des élèves étaient déjà partis. Rien de bien étonnants, une bonne partie des cours avaient lieu à huit heures, et personnellement, il s'agissait de la seule journée où tu pouvais rester une heure de plus ici. Alors autant, malgré le fait que l'appel te faisais te lever une heure plus tôt, en profiter pour faire connaissance avec d'autres personnes.

« Mais c'est bizarre, je ne t'ai jamais parlé avant. Pourtant, je dois connaître les trois quarts des élèves de serdaigle... Enfin. Tu n'as pas cours ? »

Tu ne cherchais pas à ce qu'elle s'en aille, non, mais il s'agissait d'une simple question destinée à poursuivre la conversation dans une relative bonne ambiance.