L'heure accordée aux Serdaigles pour fréquenter la bibliothèque prenait déjà fin. Tous rassemblaient leurs affaires et se dirigeaient vers la sortie pour rejoindre la tour de Serdaigle, accompagnés des préfets de la maison. Tous, sauf Meena. La jolie blonde n'avait pas entendu l'appel des préfets et, concentrée sur son manuel de sortilèges, elle ne se doutait pas une seule seconde qu'il était déjà l'heure de rejoindre la tour. Les Serdaigles se mettaient déjà en route, la laissant seule parmi des élèves d'autres maisons.

De longues minutes passèrent avant que Meena n'ait terminé la lecture de son manuel et noté tous les sortilèges qui lui paraissaient indispensables. Elle se mis à relire ses notes, d'une voix à peine audible :

"Episkey, pour soigner une blessure mineure comme... réparer un nez cassé. Ferula, pour enrouler une attelle et des bandages autour d'un membre blessé..."

Elle leva le regard de son parchemin pour vérifier l'heure sur l'une des pendules de la bibliothèque et, surprise, regarda autour d'elle. Les autres Serdaigles avaient disparu ! D'un mouvement hâtif, elle rassembla toutes ses affaires et les ramassa dans son sac avant de se diriger vers la sortie d'un pas décidé.
Comment se pouvait-il qu'elle n'ait pas entendu l'appel des préfets demandant aux élèves de se rassembler ? Qu'allait-elle bien pouvoir leur dire quand elle arriverait seule dans la salle commune ? La jeune fille n'était pas du genre à trépasser hors des murs de sa maison quand cela lui était interdit, bien que, de temps en temps, lorsque les préfets étaient concentrés sur des livres à la bibliothèque, elle s'autorisait un détour par la volière, histoire d'envoyer un petit résumé de ses ennuyantes aventures à ses parents. Mais elle s'arrangeait toujours pour que cela passe inaperçu, arrivant la première dans la tour de Serdaigle pour que les préfets ne se rendent compte de rien, sa légendaire invisibilité l'aidant toujours.
Mais arriver après eux, cela était bien plus délicat. Ils allaient forcément la voir pénétrer dans la salle commune et se jetteraient sur elle pour savoir où elle était et ce qu'elle faisait. À cette idée, la jeune fille se mit sérieusement à paniquer. Certes, elle pourrait simplement leur expliquer qu'elle ne s'était pas rendu compte que l'heure autorisée à la bibliothèque s'était déjà écoulée, mais cela serait malheureusement bien peu crédible à leurs yeux.

En sortant de la bibliothèque, Meena aperçut une jeune Serpentard qu'elle reconnu immédiatement comme étant la cinquième année que James Potter avait malicieusement ridiculisé en lui glissant des boules puantes dans le sac. Elle s'arrêta alors de marcher, serrant son manuel de sortilèges contre sa poitrine et son sac jeté sur l'épaule gauche, pour l'observer. Elle était comme tétanisée par la pensée que cette pauvre jeune fille avait dû subir une telle humiliation. Bien qu'elle appréciait beaucoup le Gryffondor, elle ne lui pardonnait pas ses blagues ridicules.

La jeune Serpentard n'était pas beaucoup plus grande que Meena et était elle aussi plutôt mince. Son visage, d'un pâle parfait, était entouré d'une jolie chevelure blonde aux reflets roux, ondulés jusqu'au milieu de son dos. L'ensemble lui donnait un air un peu sage, voire angélique, que Meena appréciait et ce peu importe le fait qu'elle fasse partie des serpents. Cette jeune fille avait en effet l'air d'être gentille et Meena ne comprenait définitivement pas les intentions de James.
Elle était appuyée contre un mur, tout près de l'entrée de la bibliothèque, et lisait un livre que Meena reconnut comme étant un livre d'astronomie. Elle ne l'avait cependant pas lu elle-même et ne connaissait d'ailleurs pas grand-chose à ce sujet, mais elle avait déjà vu sa propre mère en sa possession.

Reprenant conscience de la réalité et de son retard, elle était sur le point de continuer son chemin, quand la cinquième année posa son regard sur elle, réalisant sans doute qu'elle l'avait fixé pendant une bonne minute. Meena, gênée, lui adressa un sourire sincère alors qu'elle passait devant elle et se hâtait en direction des escaliers pour rejoindre la tour de Serdaigle. Mais une voix douce et hésitante la poussa à s'arrêter : la Serpentard connaissait son prénom, puisqu'elle venait de l'appeler.

Ne sachant pas si elle devait oui ou non se retourner, elle se contenta de rester immobile tout en fermant les yeux, paniquée. Comment cette fille pouvait-elle connaître son prénom ? Meena n'avait aucun ami ici et encore moins chez les Serpentards ! Elle pensa alors immédiatement à Pandora, peut-être que la professeur de Défense contre les Forces du Mal avait eu l'occasion de parler d'elle à cette jeune fille ? Mais si c'était le cas, pour quelle raison l'aurait-elle fait ?
Oubliant son retard et ne s'en souciant plus vraiment, elle se retourna, affichant une expression mi-curieuse, mi-gênée.

Les deux jolies blondes se retrouvèrent alors face à face et il sembla à Meena que la personne qui se trouvait en face d'elle était au moins aussi réservée qu'elle.
À son tour, d'une voix timide et souriant maladroitement, elle demanda :

"Comment est-ce que tu connais mon prénom ?"

Aujourd'hui j'avais encore reçu un livre de la part de ma mère. Encore un d'astronomie, ce qui n'était pas étonnant venant d'elle. Et comme d'habitude, ce n'était pas un petit... Un jour il faudra que j'avoue à ma mère que je ne partage pas sa passion pour l'astronomie, sinon ma bibliothèque va littéralement exploser... Quoi que, je pourrais toujours les refiler à Alice, elle qui adore ça. Lorsque j'ai ouvert le livre, un morceau de papier est tombé par terre. Je l'ai ramassé avant de le lire. Il s'agissait d'une note de mon père. Il me conseillait de lire ce livre au plus vite, disant que connaissant ma mère elle m'en parlerais sans arrêt dés qu'elle me verrait, elle qu'elle le saurait si je ne l'avais pas lu. Je riais doucement en lisant cette note. Mon père était vraiment incroyable ! De là à me prévenir, il faisait fort. Surtout que si mam mère l'avait vu, il allait passer un sale quart d'heure ! Enfin... Il fallait bien que je le lise, ce livre. Je l'avais alors rangé dans mon sac, avant de partir en direction des couloirs. Sans raison particulière, j'avais envie de lire là-bas, pour une fois. Je n'avais pas envie d'aller à la bibliothèque, ni de rester enfermée dans ma salle commune.

Cependant, je m'étais dirigée vers la bibliothèque sans trop réfléchir. Du coup, je m'étais juste appuyée contre un mur près de la bibliothèque. Je ne lisais qu'à moitié, pensant à des choses et d'autres. A mon père, d'abord, qui devait surement rire en ce moment en m'imaginant, forcée à lire un livre qui m'a été offert. A Alice aussi, qui serait surement ravie d'apprendre qu'un nouvel ouvrage allait prendre place dans ma collection. Je me doutais bien qu'elle allait vouloir le lire le plus vite possible. En bref, je n'étais vraiment pas concentrée dans ma lecture et je devais relire plusieurs fois la même phrase tellement j'étais distraite.

Poussant un soupir, je fermais mon livre. Je n'étais pas du tout concentrée et ce n'était pas la peine de me forcer à lire. Après l'avoir fermé, je me rendis compte qu'il y avait quelqu'un non loin de moi qui semblait vouloir partir. Je la regardais fixement, voulant savoir de qui il s'agissait. Il ne me fallut pas longtemps pour le découvrir, je reconnu presque immédiatement le visage de Meena Virtanen, une élève de Serdaigle en 6ème année. Je ne la connaissais pas vraiment, mais je savais bien qu'elle était vraiment timide. J'essayais d'adopter un sourire rassurant, avant de l’interpeller.

- Salut Meena ! Tu avais besoin de quelque chose ?

Elle continua à me tourner le dos quelques secondes. Est-ce que je lui avais fais peur ? Elle ne m'avait peut-être pas vue en fait. Si ça se trouvait, je l'avais peut-être même dérangée alors qu'elle rentrait juste vers sa salle commune. Gênée, je voulais m'excuser de l'avoir ainsi interpellée, mais elle ne m'en laissa pas le temps. Elle se retourna avec un sourire maladroit. Elle était étonnée que je connaisse son nom, et me demande des explications. C'était donc ça qui la dérangeait ?

- Je ne vois pas pourquoi je ne le connaîtrais pas ! dis-je en souriant. Tu es élève ici, non ? C'est normal que je te connaisse. Enfin, pas que je connaisse tout le monde, mais... Tu n'es jamais qu'une année au dessus de la mienne, c'est normal que je te connaisse, tu ne crois pas ?

J'essayais de paraître le plus à l'aise possible, même si cela était assez difficile. Est-ce que c'était étrange de connaitre quelqu'un qui ne vous connaissait pas ? Je commençais à le croire, au fur et à mesure que je lui parlais. Je n'avais pas vraiment réfléchit quand je l'avais appelé, je ne m'étais même pas rendu compte que je la connaissais, sans savoir d'ou. Peut-être était-ce parce qu'elle était à Serdaigle ? Etant donné que je trouve cette maison absolument incroyable, j'ai lui ai peut-être porté plus d'attention qu'à une autre élève.

- Enfin je veux dire... D'accord, je sais que ça sonne un peu bizarre, mais je n'ai pas vraiment réfléchi quand je t'ai appelé. Un peu hésitante, j'ajoutais, j'espère que tu ne me trouves pas bizarre...

Je devais surement avoir l'air ridicule, plantée dans un couloir, le visage rougi par la gêne, entrain d'expliquer à une fille que je la connaissais sans savoir comment. Heureusement pour moi, personne n'était autour pour pouvoir en témoigner. C'est alors que je pensais à quelque chose. Est-ce qu'elle me connaissait ? J'en doutais, sinon elle n'aurait pas eu l'air si étonnée lorsque je l'ai appelé. J'essayais alors une nouvelle fois de paraître un peu plus rassurante, pour ne pas la mettre mal à l'aise, si ce n'était pas déjà le cas.

- Je m'appelle Elisabeth Moses au fait.

La jeune Serpentard balbutia une explication qui ne tenait pas vraiment la route. Meena ne connaissait pas tous les noms des élèves de sa maison et ne voyait pas comment il lui serait possible de connaître les noms d'élèves appartenant à d'autres enseignes. La Serdaigle était pour le moins intriguée. Personne ne la connaissait, personne ne lui adressait jamais la parole ; comment quelqu'un pourrait-il connaître son nom et pour quelle raison cette jeune fille lui adressait-elle la parole ? Elle n'avait aucun a priori envers les Serpentards, mais une once de méfiance tapissa son estomac. Il y avait quelque chose de bizarre, voire même de mystérieux dans le discours de cette jeune fille.

Mais quand la jeune fille lui annonça son nom, Meena se sentit mal à l'aise : elle aussi le connaissait déjà, par le biais de James. Le rouge lui monta aux joues. Elle ne voulait pas dire à cette pauvre Elisabeth qu'elle avait sympathisé avec le garçon qui l'avait ridiculisée quelques jours auparavant. Elle se sentit ridicule d'avoir douté de la sincérité de cette inconnue. Pourquoi voyait-elle le mal partout ces derniers temps ? Après tout, c'était quelque chose de normal de parler entre élèves et il n'y avait rien de surprenant dans le fait de connaître le nom de quelqu'un d'autre.
Décidément, sa solitude lui jouait bien des tours...

Affichant un sourire timide, elle prit la parole :

"Enchantée. Ne t'inquiètes pas, c'est juste que... peu de gens connaissent mon prénom alors, j'ai été surprise, voilà tout."

Ne voyant pas ce qu'elle pourrait ajouter, et voulant absolument éviter de parler de James, elle posa son regard sur le visage de la jeune blonde et ajouta :

"Je suis en retard, je dois vite remonter ! Je n'ai pas entendu les préfets de ma maison annoncer la fin de notre heure de bibliothèque et tout le monde est déjà là-haut."

Se sentant obligée d'ajouter quelque chose de poli pour clôturer ce court échange, elle balbutia :

"C'était un plaisir. J'espère que nous aurons plus de temps la prochaine fois !"

Elle avait prononcé cette dernière phrase avec un semblant de ricanement, voulant certainement dissimuler le fait qu'elle fuyait, en quelque sorte, une conversation qu'elle craignait quelques peu.
Elle se retourna alors et se remit en route vers la tour de Serdaigle.

Mais quelque chose la tracassait. Elle se sentait coupable de quelque chose qu'elle n'avait pourtant pas commis. Une dizaine d'émotions différentes s'emparaient de son estomac et elle ne savait plus que penser. D'un côté, elle ressentait encore un peu de méfiance envers cette jeune fille, et de l'autre, elle avait terriblement honte d'avoir sympathisé avec cet incongru de James. Pourtant, cette blague des boules puantes n'était pas si terrible, après tout, mais Meena était terriblement choquée par ce genre d'attitude ; elle qui n'avait jamais réellement goûté à la sociabilité et qui avait le coeur sur la main ne pouvait s'imaginer vivre ce genre de situation. Pour sûr, si cela lui était arrivé, elle se serait mise à pleurer comme une petite fille et tout son monde se serait écroulé. À cette pensée, elle ressenti même de la tristesse pour cette pauvre Serpentard qui lui avait paru, malgré son côté mystérieux, être très sympathique. La méfiance s'en alla alors de son estomac et la jeune Serdaigle se fit la promesse qu'elle prendrait le temps de resaluer cette jolie Elisabeth quand les circonstances le permettraient.

En attendant, il se faisait tard et elle devait trouver un moyen d'entrer dans la salle commune des Serdaigles sans trop se faire remarquer. Il allait être l'heure du dîner, qui se prenait justement dans la salle commune, et il fallait qu'elle évite de rentrer à ce moment précis, sans quoi tout le monde la prendrait en flagrant délit.
Arrivée face au grand aigle, ce dernier formula l'énigme qui permettrait à Meena de rentrer :

"Combien y a-t-il de nombres contenant le chiffre sept entre un et mille ?"

La jeune fille, littéralement stressée et presque tremblante se mit à réfléchir un instant. L'esprit vif et mathématique, elle comptait rapidement et affirma, la voix tremblante :

"Deux cent.... soixante... et-onze... deux cent soixante-et-onze !"

La réponse était exacte... il ne lui restait plus qu'à affronter les regards de ses comparses en entrant dans la salle commune, seule et tremblante.