Autour d'un ballon de rugby - Alecia

Lily s'était attardée un instant devant l'une des fenêtres du château. Elle guettait la neige. La jeune Gryffondor aimait l’ambiance de Poudlard sous la neige. Elle aimait participer aux batailles de boule de neige, quand Potter n'était pas de la partie. Et ces derniers temps avec leur petite trêve elle y serait allée, même avec l'enquiquineur de première dans les parages.

Pourtant, elle avait beau chercher, aucun nuage n'était présent dans le ciel. Pour la jeune Evans, un mois de décembre sans neige, n'était pas un vrai mois de décembre. Elle aimerait tellement voir la pelouse devenir blanche et le rester. Bientôt, elle retournerait dans son petit village natal, une ville industrielle où la neige ne restait jamais très longtemps.

Perdue dans ses pensées elle s'engagea dans un autre couloir, ses pas le dirigeant sans qu'elle ne s'en rende compte vers le parc de Poudlard. Plus ils la rapprochaient de la sortie, plus elle prenait de la vitesse.

Elle traversa la grand hall sans faire attention aux quelques élèves qui s'y attardaient, et poussa enfin la grande porte. Elle la referma doucement, et se retourna pour se rendre dans le parc. Avant cela elle se retourna pour observer le château de l’extérieur. Mais il était trop grand pour tenir entièrement dans son champ de vision.

Elle recula de manière précipité, pour pouvoir voir un peu plus du château. Quelques pas plus loin, elle se décida à se retourner pour trouver un endroit où s'assoir et observer. Elle ne pensait pas rester longtemps dehors, mais l'air frais lui faisait du bien. Au loin, à droite de son champ de vision, elle aperçus un groupe d'élèves passer, avant de ressentir un choc.

Lily ne s'en rendit pas compte tout de suite, mais elle venait de rentrer dans quelqu'un et se retrouvait au sol. Pour l'instant tout ce qu'elle pouvait voir de cette personne c'était la couleur de sa maison : bronze et argent, un ou une Poufsouffle.

Elle se releva rapidement, époussetant ses affaires pour chasser l'herbe et la terre qui étaient venu se loger sur ses vêtements.

C'était une fille, blonde. Lily plissa légèrement les yeux. Elle savait qui elle avait en face d'elle, c'était une fille de la même année qu'elle : Alecia, si elle ne se trompait pas.

« Je suis désolé ! C'était idiot de ma part de marcher comme ça ! »

Lily s'en voulait un peu, elle espérait que la poufsouffle n'est pas plus de dégât qu'elle. En ce qui concernait la Gryffondor, elle avait récolté un mal au bas du dos ainsi qu'une longue trace verte sur sa cape. Heureusement, sa cape était noire, ce qui faisait que la tâche était pratiquement imperceptible.

Elle jeta un rapide coup d'oeil au sol.

« Oh ! »

Lily se baissa et ramassa un objet, qui de toute évidence n'était pas sorcier.

« C'est à toi ? »

J'étais sortie depuis pas mal de temps ce jour-là, pour suivre en premier lieu un cours à l'extérieur du château, puis ensuite pour me promener avec quelques personnes de ma classe. Je n'aimais pas particulièrement cette période, où l'on était pas assez avancés dans le froid et la monotonie pour espérer déceler le moindre petit flocon de neige dans le ciel. Or, la neige était ce qui faisait le charme de Poudlard au mois de Décembre et pour les fêtes. Mais rien, mis à part des arbres nus et de la pelouse tuée par le givre des nuits les plus glaciales. Dieu merci, je ne rentrais pas chez moi à cette période de l'année. Malgré le fait que les événements à venir inspiraient chaleur humaine et partage, je savais qu'avec mes parents l'affaire serait peine perdue. Je n'avais pas passé le réveillon ou quelque fête que ce soit avec eux depuis trois ans et ce n'est pas maintenant que ça changerait, de plus le seul courrier que je recevais jamais à cette période de l'année venait de ma grand-mère, c'est donc facile de comprendre que le courrier venant de ma « chère » famille était devenu inexistant.

Bref, je marchais tranquillement parmi les autres Pouffy, regardant à peine devant moi, observant mes pieds qui me poussaient inéluctablement vers l'avant pour suivre mes camarades qui riaient et gloussaient des paroles dont je n'avais que faire, moi-même je n'avais pas vraiment grand chose à dire, le bal occupait la majeure partie de mes pensées, ainsi que les bribes vagabondes d'un visage souriant qui me mettait en confiance. Mais à garder les yeux dans le vide et à ne pas faire attention où je marchais, je heurtai une autre personne qui arrivait en sens inverse. La collision n'était pas si violente, mais elle avait suffit à me déséquilibré -et me surprendre- et à faire tomber la personne en face. Prise dans une panique légère, j'avançai jusqu'à reconnaître cette tête rousse que je côtoyais dans les salles de cours et dont une certaine personne n'arrêtais pas de parler à longueur de temps. C'était Lily Ewans, la fille dont Potter s'était actuellement entiché et qui avait le chic de le remettre efficacement à sa place. Je connaissais son caractère bien trempé mais sa réelle gentillesse, on était bien plus proches de caractère qu'elle ne l'imaginait sans doute et je regrettai pour le coup de ne pas la compter dans mes amies.

Je m'en voulais terriblement de l'avoir faîte tomber par mégarde, mais j'avais à peine eu le temps de tendre la main que la rousse était déjà dressée sur ses deux jambes. J'eus l'impression qu'elle aussi sembla me reconnaître, malgré mon attitude ô combien solitaire et recluse et les sourires polis pour seuls échanges, cela me fit étonnamment plaisir. Je n'eus pas non plus le temps de réellement me présenter -pour la énième fois, chose étrange si elle me connaissais effectivement- qu'elle s'excusa pour une faute que j'avais commise moi-même.

« Non, non, c'est moi, je ne regardais pas où j'allais ! »

J'éclatai de rire de bon cœur. Était-elle aussi étourdie et maladroite que moi ? Je voulais engager la conversation sans trop savoir quel sujet amener quand Lily ramassa quelque chose au sol -Cela me fait bizarre d'ailleurs de l'appeler par ce qui est pourtant son prénom, à vrai dire « Lily » est un surnom qu'on m'a toujours donné, depuis toute petite-. C'était un porte clef avec un ballon de rugby, un sport que j'appréciais vraiment, à croire qu'entre le Quidditch et le Rugby, je trouvais satisfaction dans les sports physiques et violents.

Je souris, et repris mon bien miniature en remerciant Lily. C'était l'un des rares bibelots moldu que je gardais volontiers avec moi à toute heure de la journée, car bon nombre d'autres choses avaient volé à la poubelle sous le coup de la colère, ou suite à la lecture d'une lettre de ma mère dont l'objet ne me plaisait pas, comme par exemple arrêter de jouer les garçons manqués et cogner des garçons sans raison -car se faire insulter de Sang-de-Bourbe n'est pas une raison suffisante, bien sûr...-.

« Tu viens d'une famille de Moldus toi aussi non ? Tu connais sûrement le Rugby alors, à défaut de peut-être apprécier. Ça te dirait de discuter un peu ? J'ai du temps à tuer et je n'ai pas tellement envie de retourner m'enfermer entre quatre murs. »

Et j'avais surtout un besoin non négligeable de me sortir la tête de ce fichu bal.

Lily sourit à la jeune fille en face d’elle. Toutes les deux semblaient s’être auto-proclamées fautive de ce qu’il venait de se passer.
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« C’est idiot, en fait j’essayais de regarder le château dans son ensemble. Comme on passe tellement de temps dedans avec le froid, j’oublie parfois à quel point il est impressionnant. »

La bonne humeur visible d’Alecia faisait plaisir à la Gryffondor. Elle lui rendit son bien légèrement nostalgique. Le monde moldu ne lui manquait pas vraiment. Elle adorait la magie, l’ambiance de Poudlard et des lieux sorciers qu’elle avait pu visiter. En fait c’était de ses parents qu’elle était le plus nostalgique.

« Oui. »

Elle connaissait le rugby, un des sports favoris de son père. Pendant la saison, elle avait le droit à un résumé des matchs lors des repas familiaux. Une fois, ils avaient même regardé un match chez un de leurs voisins qui possédait une télévision. Lily se souvenait qu’à cette époque, elle était autant fascinée par le petit écran que par la magie. Depuis quelques années, son papa s’était même offert le luxe de posséder lui-même son propre téléviseur. Lily aimait bien les soirées familiales passées devant cet écran. Au moins à ces moments-là, Pétunia ne la regardait pas comme un monstre et elles pouvaient passer une soirée sans s’envoyer des menaces voilées. Parfois elle en arrivait à se dire que c’était tout de même pathétique. Les seuls bons moments qu’elle passait avec sa sœur c’était devant une série parlant d’un homme se faisant appeler le docteur et voyageant dans le temps …

« Je veux dire, je connais assez bien le rugby, même si je n’y ai jamais joué. Et oui, j’ai bien deux parents moldus. »

Le ton qu’elle venait d’employer indiquait clairement qu’elle en était fière. Elle passait tellement de temps à se battre contre certains préjugés sorcier qu’elle avait pris l’habitude de défendre ses origines bec et ongle et à s’en montrer fière. La tournure de la phrase d’Alecia indiqua à Lily que la Poufsouffle venait également d’une famille moldue.

« Et c’est aussi oui pour faire un tour toutes les deux. Moi aussi, à force de rester enfermée dans le château, j’ai envie de pouvoir bouger ! »

Et puis elle n’avait pas trop envie de croiser Potter qui devait se trouver dans la salle commune en ce moment. Avec l’incident Severus et après avoir pleuré devant lui, elle se sentait trop mal à l’aise pour l’instant. Alors elle recommença à marcher en direction du lac. Elle avait besoin de bouger, le froid commençait à gagner ses pieds.

« En fait c’est mon père qui en est complètement fan au grand désespoir de ma mère. Alors, tu sais, j’ai un peu grandi, bercée par sa passion. Par contre, on n’a jamais eu le droit d’y jouer. Ma mère a toujours eu peur de nous voir revenir avec un œil violet et elle a classé ce sport dans la catégorie : pour les jeunes garçons qui ont besoin de se dépenser. Et toi ?»

Tout en continuant de marcher elle donna un coup dans un caillou solitaire au milieu de la pelouse.

« Je regrette qu’il n’y ait pas encore de neige, j’aime bien les batailles qui ont lieu dans le parc à cette époque de l’année. Je trouve qu’il est triste comme ça, pas toi ? »

Lily, par le ton qu'elle employait, semblait particulièrement fière de ses origines, et de ses parents, ce qui me fit volontiers sourire. Personnellement, ce n'était pas tant mes parents que mon sang. Oh, même si je n'aime pas ces histoires de sang ceci, sang cela à vrai dire... J'étais vraiment contente que Lily accepte de marcher un peu, ça me changerait les idées, dieu merci. J'avais eu terriblement peur d'inviter Rémus, et j'étais en attente d'une réponse de Sirius à ce moment. Qu'est-ce qui m'avait pris, bon sang ? Sirius Black ! Le manque de sommeil devait vraiment me monter à la tête à ce moment-là...

Bref, on se mit en route avec Lily sous les flocons de neige, et elle sembla se diriger vers le lac qui devait avoir une jolie couche de glace à sa surface. Elle me raconta que c'était son père qui était fan de rugby, que c'était une passion qu'il lui avait fait partager bien malgré elle, mais qu'elle n'avait jamais pu y jouer parce que c'était un sport trop violent et trop... masculin pour elle selon sa mère. Je ne pus m'empêcher de rire.

« J'ai pris l'habitude d'y jouer quand je rentre avec moi, avec certains gamins, oh, pas de mon quartier, bien plus loin... Oh, on va pas appeler ça une fugue... C'était quand ma grand-mère était encore là. »

Je pinçai les lèvres. Il ne m'arrivait pas souvent d'évoquer ma grand-mère comme ça, si spontanément. Il n'y avait qu'avec mon Gryffondor préféré que j'en parlais assez régulièrement, juste histoire de ne pas oublier des détails, des souvenirs qui me paraissaient essentiels.

« C'était un bon moyen pour me défouler, comme je ne tiens pas très bien sur un balais, enfin, je me débrouille, mais pas assez pour jouer au Quidditch, malheureusement. Je me suis fait une entorse du genou il y a deux ans, immobilisée pendant un mois, mauvaises vacances d'été... »

Mauvaises parce que, de ce fait, je n'avais pu bouger, nulle part. J'étais bloquée sous les yeux de mes parents mécontents, qui s'attendaient à ce que je fasse exploser la maison à l'aide d'une quelconque énergie canalisée. De sacrées bêtises.

« Mais, j'ai arrêté depuis. Mes parents... Ne me laissent plus jouer. Ils ont peur que je blesse d'autres personnes, dont des enfants. Pourtant quand je joue, je n'ai pas ma baguette qui va se mettre à tirer des rayons lasers ! »

Je riai jaune. Les dernières vacances avaient été horribles, passées enfermées, et je songeais de plus en plus à ne pas rentrer chez moi l'année suivante. En attendant, je profitais des vacances au cours de l'année scolaire pour rester au château. Honnêtement, mes parents ne me manquaient pas du tout. Plus les mois passaient, plus ils devenaient abjects, si bien que parfois, je me demandais ce qui était le pire ; mes parents ou les Serpentards ? Avec toutes les mauvaises lettres que je recevais de ma mère, je m'étais mise à la détester, petit à petit, si bien que le mot même de « maman » devenait insupportable à inclure dans mes réponses. C'était comme si j'étais obligée d'appeler « mère » une parfaite étrangère. Et je n'étais pas au bout de mes surprises. J'avais bien envie de changer de sujet, heureusement, Lily le fit pour moi.

L'hiver n'était pas ma saison favorite. Je n'aimais pas vraiment le froid à vrai dire, préférant de loin être bien au chaud, de préférence sous la couette -oui, je suis une vraie marmotte-. Mais voir le château, sans manteau de neige, était particulièrement triste et ça influençait beaucoup mon humeur. Or, je n'avais pas besoin d'être taciturne en journée non plus.

« Oui, c'est... Il fait assez gris comme ça pour bien épargner Poudlard. Poudlard à Noël sans neige, c'est comme... Un sorcier sans baguette. Ou un rugbyman sans ballon, haha. »

Un peu d'humour ne ferait certainement pas de mal. On s'approchait du lac, qui, au loin, se détachait à peine de l'horizon. J'aimais cet endroit, tout le château, reclus, au loin, avec ses chemins étonnants et ses surprises, son calme et sa beauté. Je serrai mon écharpe entre mes doigts. Il me restait certes un peu plus qu'un an et demi à vivre ici, mais je ne voulais pas partir. Poudlard était ma maison, et qui aurait envie de quitter une maison où l'on se sent bien ? Pas moi en tout cas.

« Et toi ? Ça va en ce moment ? J'ai entendu dire par tu sais qui j'imagine, que Potter te collait un peu trop, haha. Tu veux que je le cogne ? »

J'éclatai de rire en levant les poings comme un boxeur. Sérieusement, James était un vrai coureur de jupons, et il ne s'arrêtait franchement jamais. Pauvre Lily, à sa place, je n'aurai jamais eu sa patience si j'avais été à sa place.

« Enfin, ça ne me regarde sûrement pas. Et je ne voudrais pas me retrouver en retenue encore une fois. »

Lily regardait Alecia. Elle avait l'air aussi enchanté de parler de ses parents que quand Lily parlait de sa sœur Pétunia. Elle se demanda un instant si c'était par jalousie comme Pétunia, ou par haine de la magie comme le père de Severus. Lily secoua la tête, soit elle se faisait des idées (et tant mieux!), soit il y avait vraiment des tensions et la rouge et or ne connaissait vraiment pas assez Alecia pour en savoir plus.

La jeune Poufsouffle avait enchaîné suite à la remarque de Lily. Un sorcier sans baguette, oui, elle aimait bien cette image. Poudlard sans neige, ce n'était pas Poudlard.

« Je dirais même que c'est comme notre brave Rusard sans son chat ! »

Les deux étaient inséparables. C'était comme si se satané chat était l'ombre et les yeux du concierge. Lily se demandait qui pouvait bien aimer entendre les miaulement de se satané chat, ou les bougonnements peu élogieux sur les élèves qu'avait l'habitude de prononcer Rusard.

« Le pauvre homme serait perdu ! »

Il semblait voué un attachement tellement profond à l'animal que Lily ne doutait pas un seul instant de ses paroles. Alecia se remit à parler et la Gryffondor se dit que Potter ne sortirait décidément jamais de sa vie. Ce qu'elle ne réalisait pas, c'était qu'elle même pensait à Potter quand on ne mettait pas le sujet sur le tapis … Très souvent pour en penser du mal d'ailleurs.

Elle émit un humpf à l'idée d'aller lui en coller une.

« Je m'en suis déjà chargé une ou deux fois, il est tellement agaçant parfois que je n'ai pas pu m'en empêcher. Sauf que maintenant il a compris et je le soupçonne de garder une distance de sécurité entre nous. »

Lily réfléchit un instant et devint toute rouge.

« Enfin, je veux dire que je lui ai donné une baffe, hein ? »

Elle n'était pas du genre à donner un coup de poing à quelqu'un. D'ailleurs, elle n'était pas du genre à donner une gifle à quelqu'un … Mais c'était Potter bon sang de bonsoir ! Ce type ne savait que l'énerver. Et dire qu'elle avait accepté d'aller au bal avec lui !

* Bon sang, j'ai dit oui à Potter ! Je suis complètement folle ! Mon cerveau était où pendant la conversation ?! *

Ah si elle s'en rappelait, il était bel et bien présent. Toute cette panique à cause d'un stupide pacte de paix. Mais Lily n'avait pas trop à s'en faire, bientôt il romprait sa promesse et elle pourrait à nouveau lui hurler dessus.

« Euh … Pas que j'ai l'habitude de donner des gifles à tout le monde ! Mais il est … il est tellement énervant parfois que ça part tout seul ! »

Naturellement elle allait rajouter d'autres critiques, dire à quel point il n'était qu'un arrogant prétentieux. Qu'il se pensait meilleur que tout le monde, alors que ce n'était pas le cas. Qu'il se croyait aussi irrésistible, mais que son petit sourire prétentieux ne faisait qu'énerver Lily. Bref, elle allait continuer sur son habituel laïus anti-Potter, avant de se rendre compte qu'elle allait au bal avec lui. Et elle ne pensait pas qu'il apprécie qu'elle médise sur lui alors qu'ils étaient censés avoir fait la paix. Elle, elle n'aurait vraiment, mais alors vraiment pas aimé.

Lily tenta maladroitement de rattraper tout cela en posant une question :

« Sinon, pour le bal de Noël, tu y vas avec qui ? »

Question stupide. Dès que les mots sortirent de sa bouche, elle se maudit à nouveau. Elle aurait pu dire un milliard de choses, mais il avait fallu qu'elle pose la question qui pourrait ramener le sujet Potter sur le tapis. En plus La question du cavalier pouvait paraître anodine, pour celles qui avaient tendance à commérer (ce qui n'était pas vraiment le cas de Lily), ou bien trop personnelle. Enfin cela dépendait du caractère de la Poufsouffle.

« Tu n'es pas obligée de répondre ! J'ai juste hâte de voir ce qui va se passer. C'est bien la première fois qu'on a un bal à Poudlard et en plus il s'inscrit dans la campagne politique pour le Ministère. Je me demandais juste comment les candidats allaient vouloir nous appâter. Surtout que pour nous les sixième et septième année, nous allons devoir très certainement voter pour les élections. »

Par son flot de paroles elle tenta un peu de noyer le poisson.

Comme j'étais amusée par le franc-parler de Lily ! Et surtout ravie de compter enfin quelqu'un venant du même monde, avec le même caractère ! Bon, le seul point négatif, c'est qu'elle n'aimait vraiment pas la bande à Potter. Je ne pouvais pas dire le contraire, il est vrai que James avait toujours eu cet air arrogant et supérieur, sans compter la liste fictive de ses conquêtes. Mais je ne pouvais pas non plus dire que je ne l'appréciais pas. Combien de fois, après coup et sans demander remerciements ni récompenses, il m'avait vengée de tous ces Serpentards avec ses amis. Fait indéniable, James avait beau être imbu de sa personne, il savait qui défendre, peut-être pas de la meilleure des façons, mais il le faisait quand même. Lily et James, c'était un peu le combat entre l'autorité responsable et le cancre au jeu chevaleresque.

La simple idée de voir James courber l'échine devant la rousse me fit éclater de rire. Si une fille avait vraiment le don de calmer Potter, ce devait bien être la préfète rouge et or. J'étais bien mal placée pour parler d'ailleurs. Combien de fois m'étais-je retrouvée en retenue à cause de l'autorité, alors que ce n'est pas moi qui était la première des fautives. J'étais une proie facile et conciliante pour ce cher Rusard, je ne me sauvais jamais vraiment devant lui et reconnaissais souvent les faits. Il devait autant s'ennuyer que jubiler avec moi. Puis si James l'avait cherché, Lily avait sûrement eu raison de lui en coller une. J'avais fait pareil avec Velrose, il m'avait cherchée, puis trouvée. Lui non plus n'était pas tellement différent de James, mais il m'agaçait vraiment. La seule raison pour laquelle je ne lui en mettais plus tellement dans les dents, c'est qu'il avait arrêté de faire son cinéma dans tout le château.

Dès que Lily évoqua le bal, je perdis un peu en couleurs. J'avais agi en catastrophe, n'avait rien assumé. J'étais prise d'une angoisse. J'avais voulu inviter Rémus, aussi la lettre que j'allais lui envoyer avait filé droit au feu parce que je n'avais jamais eu le courage de lui envoyer. Au lieu de ça, j'avais envoyé une lettre à Sirius, que j'appréciais beaucoup, et il avait dit oui en plus de ça. Vive le pétrin dans lequel je m'étais mise ! Quatre-vingt pour cent de la gente féminine de cette école allait me haïr jusqu'à la fin de ma scolarité. Oh et puis tant pis, j'étais sûre de bien m'amuser avec lui.

Mais que répondre ? Dire que j'y allais avec Sirius, ce serait dire que je l'aimais bien, donc que j'aimais bien James aussi en quelques sortes, or Lily n'aime pas James, donc elle ne doit pas aimer Sirius, de fil en aiguille il vaut mieux ne pas passer pour une de ces filles qui seraient encore tombée dans leurs bras alors que ce n'étais pas le cas. Je fus soulagée en entendant dire la rousse que je n'avais pas à répondre, voilà qui me soulageait. Pour ce qui était des élections...

« A vrai dire, je n'ai jamais réellement songé à toutes ces affaires de politique... Ce sera sûrement à celui qui nous convaincra le plus que nous pouvons être en sécurité... Je ne les aime pas vraiment, ces grandes figures. Ils sont prêts à tout pour avoir le pouvoir, or en ce moment il y a plus grave qu'une fichue place à la tête du minstère. Quand je vois aussi ces aurors qui font tout pour se hisser en haut de l'échelle, je me demande franchement comment ils vont pouvoir nous défendre face à Tu-Sais-Qui. Il faudrait peut-être plus d'Alastor Maugrey chez les Aurors, j'ai d'ailleurs un ami qui je crois, apprend sous sa directive. »

Je pensais évidemment à Frank Londubat qui avait été un sacré pilier parmi mes connaissances, il m'avait longtemps soutenue face à beaucoup de serpents et apprise à prendre confiance, baguette à la main.

« M ince alors ! L'heure tourne ! Je vais être en retard à mon cours de potion si ça continue, déjà que je ne suis pas douée... »

C'était pas faute de vouloir apprendre, mais Slughorn n'avait franchement aucune patience avec moi, allez savoir pourquoi. Ce devait être depuis que j'avais failli mettre le feu à sa classe. Ou quand je m'étais cramée les cheveux. Ou quand j'avais fait sauter mon chaudron. Ou quand une odeur de moisi avait envahi sa salle. Bon d'accord, il avait des raisons de m'en vouloir, mais quand même ! Et puis bon, c'était tout à son honneur, en tant qu'ex-Serpentard, de n'avoir aucun préjugé sur personne. Ce n'était pas tellement un homme mauvais, j'avais juste sa matière en horreur.

Bref, je pressais le pas pour retourner vers le château, assez gênée de devoir couper court à la conversation ainsi.

« V raiment désolée, Lily ! Mais si Slughorn me voit arriver en retard, il va vraiment se dire que je le fais exprès ! Et là c'en est fini de moi. Il me faut vraiment trouver quelqu'un de fort en potion pour m'aider dans cette matière... »

Sujet: Re: Autour d'un ballon de rugby - Alecia

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