Il était une fois ...

« Alice, descends mettre la table. »
« Oui, oui … »
« MAINTENANT ! »

Quel dur métier que d’être la fille ainée d’une mère récemment redevenue célibataire ! Vous ne pouvez pas imaginer, je me fais exploiter à n’en plus finir pour toutes les lettres d’information que le professeur Mcgonnagall a envoyées à ma mère durant l’année. Il y en a eu deux. Pour des retenues. Je vous vois venir : ce n’était pas ma faute. Ce n’est jamais ma faute d’ailleurs. Maintenant ma mère a décidé de me le faire payer. Du moins c’est l’une des raisons. Depuis que je suis rentrée, toutes les corvées de ménage sont pour moi. D’ailleurs ma sale teigne de petite sœur Freddie n’hésite pas à renverser des objets ou à salir le sol. Facile de se moquer quand on est la première de sa classe.

« ALICE ! »
« J’ARRIVE ! »

Je pourrais protester, ce n’est pas comme si je n’en mourrais pas d’envie devant cette injustice, mais la situation est … délicate. Mes parents viennent de se séparer alors j’évite de titiller ma mère. Je descends les escaliers, ma mère est devant le four, à vérifier la cuisson du gratin. C’est la seule chose qu’elle refuse que je fasse : la cuisine. En même temps, si cette famille ne veut pas finir intoxiquée ou à la morgue, vaut mieux éviter de me confier la confection d’un plat. Même casser un œuf est une épreuve. Je me coupe à chaque fois. Et comme je ne suis pas majeure, ce n’est même pas la peine de penser à utiliser la magie.

« Mets la table, on mange dans cinq minutes. »

Elle ne se retourne même pas pour me parler. Je vois juste ces longs cheveux blonds se balancer dans son dos. J’en ai hérité de cette chevelure, tout comme j’ai hérité de ses yeux gris, de sa dentition parfaite et de sa silhouette filiforme. Merci maman ! Par contre les oreilles pointues, les pieds tordus et le caractère de tête de mule, merci papa !
Mon père … mon père ... Vous voyez cette fourchette que je tiens ? Eh bien ca, c’est mon père. Et moi je suis le couteau. Un peu bizarre comme exemple. Prenez plutôt un sorcier et sa baguette. Mon père et moi. Inséparables. Ce qui déplaît fortement à ma mère et à Freddie.

Je suis née il y a seize ans, je suis la première enfant du couple que formaient mes parents Lydie et Fitzgerald Williams. Du coup, mon père a eu cet espèce d’élan protecteur envers moi, qu’il a encore aujourd’hui. Pas que cela me déplaise cette relation fusionnelle, mais ma mère nous a longtemps reproché de nous isoler dans notre bulle et de refuser que d’autres s’y intègrent. C'est-à-dire : elle. En même temps, mon père et moi sommes les seuls sorciers de la famille, c’est une chose de plus qui nous unit. On partage des secrets, on parle de magie et de la société, des sujets qui finalement excluent le reste du monde. Mais j’ai non seulement hérité de ces gènes magiques, mais aussi hérité de son caractère. Je lui dois tellement ! Sans lui, jamais je n’aurais découvert le muffin plongé dans le jus de citrouille, ni les livres de Dickens ou de Conan Doyle. C’est lui qui me surnomme Fitzie, en référence à son prénom, qui est aussi mon deuxième. Il a toujours été fidèle à ses principes et à ses amis. On dirait que je lui voue un culte, c’est peut-être le cas, mais croyez moi, quoique puisse en dire ma mère, pour moi, il y a de bonnes raisons pour cela.

« Maman, quand est-ce que papa passe me chercher ? »
« Tu es si pressée que cela de retourner chez lui ? »

Ton sec, mordant. Outch. Mauvais départ.

« Non, je voulais savoir … Il m’a promis de m’emmener à Londres, alors tu sais … »
« Bien sur. Tout est toujours mieux qu’ici. »
« Maman. »
« Tu sais quoi Alice ? Je ne sais même pas pourquoi tu as accepté de venir passer quelques jours ici. Il est clair que tu préfères être la fille de ton père, avant d’être la fille de tes parents. »
« Ce n’est pas vrai, tu le sais »

Oui, j’ai conscience de faire preuve d’une grande émotivité. N’allez pas croire que je suis totalement insensible, mais … les mots et moi c’est loin d’être ca. En général, je parle trop, en tout cas je déblatère, je parle de choses un peu stupides parce que j’ai horreur de parler des choses importantes. Je n’aime pas dire aux gens que je les aime. Cela a un coté un peu morbide, comme si on se rapprochait de la mort. J’aime rire et découvrir le monde. J’aime vivre. Pas me morfondre et répéter aux gens à quel point je les aime. Je ne l’ai jamais dit à personne. Pas même à mes parents.
Pas même Franck Londubat. Je ne lui ai toujours pas dit que j’étais amoureuse de lui. Ce n’est pas plus mal, cela le ferait fuir encore plus. Depuis le début de l’été, je n’ai reçu aucune lettre. Alors que je lui en ai envoyé plein ! Il m’a dit qu’il m’écrirait. Tu parles ! Il ne l’a pas fait, cela devait trop le fatiguer. Raaah ! Pauvre type ! C’est une preuve qu’il ne faut trop s’attacher aux gens, on finit par être déçu. Ma seule réelle amie est Lily Evans. C’est la seule personne en qui j’ai réellement confiance.
Je me fais l’effet d’une handicapée sociale qui refuse toutes relations un peu trop profondes avec les autres, de peur de souffrir ou de paraître idiote. Au final, c’est surement ce que je suis.

« Tu sais quoi ? Je vais finir de mettre cette table. Monte dans ta chambre. Je vous appellerai. »

Magnifique, j’ai réussi à faire pleurer ma mère. La fuite est la meilleure solution pour apaiser ce sentiment de malaise qui croit et me prend aux tripes peu à peu. Très Gryffondor, j’en ai conscience, mais je ne sais pas m’y prendre avec elle (en fait, avec les gens qui pleurent en général) et je n’aime pas la voir souffrir. Quelle meilleure option ? La séparation a été difficile entre mes parents. C’était inévitable, le fossé qui s’est créée quand papa lui a dit qu’il était sorcier n’a fait que s’accentuer quand on a découvert mes pouvoirs. C’est la partie émergée de l’iceberg, je sais qu’il y a d’autres raisons, mais celle-ci me fait culpabiliser.
Depuis la séparation, je vis pendant les vacances chez mon père. Le reste du temps, c'est-à-dire de septembre à juin, sans interruption, je reste à Poudlard. Papa travaille en Russie comme briseur de sorts durant la majorité de l’année, et l’idée d’être coincée entre ma mère et ma sœur pour Noël est toujours … peu réjouissante. C’est comme en ce moment.

Je m’enferme dans ma chambre, essayant d’oublier le regard de reproches de ma mère et je poste sur le renfoncement de ma fenêtre. La vision sur le jardin me rappelle la vue que l’on a sur le parc depuis la tour de Gryffondor. Poudlard, c’est ma vraie maison au final. La plus confortable, là où je me sens le moins seule, là où je sais que je ne dérange personne. C’est là que j’ai vraiment grandi. C’est là que j’ai commencé à dessiner. Pas grand-chose, juste des arbres, le parc, le terrain de Quidditch. La vie, ce qui m’entoure. Des fois des choses imaginées, des « impressions » … Je ne suis pas une artiste, ca c’est certain, mais je ne m’en sors pas trop mal. Du moins je le crois. Vous me donnez un bloc à dessin et je suis heureuse. Je n’ai pas besoin de beaucoup pour l’être. Je préfère la simplicité.

Je prends un crayon, mon bloc et je finis le dessin du lapin d’Alice aux pays des merveilles.

Tu portes le doux prénom de Marie et tu as vécu presque 18 merveilleux printemps. Tes passes temps favoris sont : la lecture, le hand et la procrastination.
De plus tu as connu le forum grâce à top site RPG.
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